L’à-propos des pièces présentées en cette réouverture des théâtres ne tient pas du hasard. Sensibles au moindre tressaillement dans l’air du temps, les artistes ont commencé à préparer ces spectacles avant la crise sanitaire, mais celle-ci s’immisce, notamment, dans la réflexion sur le vieillissement et la solitude (Les Étés souterrains), dans notre besoin accentué de poésie (Gros gars, prise de parole analogique) ou dans nos fantasmes amoureux (L’Amour est un dumpling).
Avant la pandémie, la co-metteuse en scène et interprète de Comment épouser un milliardaire, Michelle Parent, planchait déjà sur trois spectacles abordant le sujet de « l’effondrement du vivant ». La pièce de la Française Audrey Vernon, qu’elle a coadaptée et qu’elle présente en ce moment au Théâtre Aux Écuries, s’attaque aux racines du capitalisme sauvage.
Mission réussie, d’abord, en ce qui concerne l’adaptation, qui s’inscrit dans le parler et les réalités québécoises en y mettant juste assez de langue vernaculaire et de références aux Guy Laliberté, Pierre Karl Péladeau ainsi qu’aux frères Desmarais de ce monde.
Michelle Parent joue une actrice « engagée », ce qu’elle est en réalité, qui veut fêter son enterrement de vie de jeune fille avec le public présent à son ultime spectacle. La dame a déniché et épousera bientôt la perle rare, un milliardaire qui figure au 33e rang du palmarès des plus riches au monde selon le magazine Forbes.
Pendant 1h 40, elle déconstruira par l’absurde le système qui a fait en sorte que 2 000 milliardaires possèdent ensemble sept fois le capital qui permettrait de mettre fin à la pauvreté sur la Terre. Les millionnaires, à leurs côtés, sont des indigent·es. Les spectatrices et spectateurs, auxquel·les le personnage s’adresse parfois, encore pire.
Le confort et l’indifférence
Les richissimes ne s’affichent pas comme tel·les, explique-t-elle. Il faut donc beaucoup d’astuce pour les dénicher et les marier. Cette femme aliénée par l’idée du confort et de l’indifférence a fait sien l’adage qui veut qu’il s’agisse, pour faire fortune, de prendre l’argent chez les pauvres. Même si ils et elles n’en ont pas beaucoup, ils et elles sont très nombreux et nombreuses !
Ce n’est donc pas parce qu’on s’amuse ferme par moments que c’est drôle. Avec cet humour caustique, le rire passe d’ailleurs du jaune au très noir assez vite. Le personnage de Michelle Parent se présente comme une comique de stand up, mais ses gags tombent souvent à plat devant l’énormité de ses affirmations. Le malaise surgit.
Les qualités de cette démonstration contre les abus des plus aisé·es de la planète souffrent cependant d’un rythme en dents de scie. La pièce s’étire quelque peu en raison de la répétition des noms des milliardaires et des problèmes humains qu’ils et elles causent, de certaines blagues inutiles et d’une mise en scène trop épurée.
Le message passe, toutefois, comme une tonne de briques. L’exploitation éhontée des masses dépasse l’entendement. Ce coup de poing à la face du capitalisme mondialisé nous ramène à notre réalité pandémique où les habitant·es des pays riches profitent en premier de la vaccination, alors que les plus démuni·es attendent.
Les expert·es scientifiques lancent déjà des cris d’alarme : insensibles à l’argent, la COVID-19 et ses variants continueront de se propager du Sud au Nord et d’Est en Ouest. Et les milliards n’y pourront rien.
Texte : Audrey Vernon. Adaptation et mise en scène : Michelle Parent et Véronique Pascal. Assistance mise en scène et projections : Marie-Eve Archambault. Conception artistique : Michelle Parent, Véronique Pascal et Marie-Eve Archambault. Direction technique : Samuel Thériault. Éclairages : Andréanne Deschênes. Scénographie et accessoires : Julie-Ange Breton. Régie : Marie-Frédérique Gravel et Pamela Dumas. Avec Michelle Parent. Une production du Pirata Théâtre, présentée au Théâtre Aux Écuries jusqu’au 21 avril 2021.
L’à-propos des pièces présentées en cette réouverture des théâtres ne tient pas du hasard. Sensibles au moindre tressaillement dans l’air du temps, les artistes ont commencé à préparer ces spectacles avant la crise sanitaire, mais celle-ci s’immisce, notamment, dans la réflexion sur le vieillissement et la solitude (Les Étés souterrains), dans notre besoin accentué de poésie (Gros gars, prise de parole analogique) ou dans nos fantasmes amoureux (L’Amour est un dumpling).
Avant la pandémie, la co-metteuse en scène et interprète de Comment épouser un milliardaire, Michelle Parent, planchait déjà sur trois spectacles abordant le sujet de « l’effondrement du vivant ». La pièce de la Française Audrey Vernon, qu’elle a coadaptée et qu’elle présente en ce moment au Théâtre Aux Écuries, s’attaque aux racines du capitalisme sauvage.
Mission réussie, d’abord, en ce qui concerne l’adaptation, qui s’inscrit dans le parler et les réalités québécoises en y mettant juste assez de langue vernaculaire et de références aux Guy Laliberté, Pierre Karl Péladeau ainsi qu’aux frères Desmarais de ce monde.
Michelle Parent joue une actrice « engagée », ce qu’elle est en réalité, qui veut fêter son enterrement de vie de jeune fille avec le public présent à son ultime spectacle. La dame a déniché et épousera bientôt la perle rare, un milliardaire qui figure au 33e rang du palmarès des plus riches au monde selon le magazine Forbes.
Pendant 1h 40, elle déconstruira par l’absurde le système qui a fait en sorte que 2 000 milliardaires possèdent ensemble sept fois le capital qui permettrait de mettre fin à la pauvreté sur la Terre. Les millionnaires, à leurs côtés, sont des indigent·es. Les spectatrices et spectateurs, auxquel·les le personnage s’adresse parfois, encore pire.
Le confort et l’indifférence
Les richissimes ne s’affichent pas comme tel·les, explique-t-elle. Il faut donc beaucoup d’astuce pour les dénicher et les marier. Cette femme aliénée par l’idée du confort et de l’indifférence a fait sien l’adage qui veut qu’il s’agisse, pour faire fortune, de prendre l’argent chez les pauvres. Même si ils et elles n’en ont pas beaucoup, ils et elles sont très nombreux et nombreuses !
Ce n’est donc pas parce qu’on s’amuse ferme par moments que c’est drôle. Avec cet humour caustique, le rire passe d’ailleurs du jaune au très noir assez vite. Le personnage de Michelle Parent se présente comme une comique de stand up, mais ses gags tombent souvent à plat devant l’énormité de ses affirmations. Le malaise surgit.
Les qualités de cette démonstration contre les abus des plus aisé·es de la planète souffrent cependant d’un rythme en dents de scie. La pièce s’étire quelque peu en raison de la répétition des noms des milliardaires et des problèmes humains qu’ils et elles causent, de certaines blagues inutiles et d’une mise en scène trop épurée.
Le message passe, toutefois, comme une tonne de briques. L’exploitation éhontée des masses dépasse l’entendement. Ce coup de poing à la face du capitalisme mondialisé nous ramène à notre réalité pandémique où les habitant·es des pays riches profitent en premier de la vaccination, alors que les plus démuni·es attendent.
Les expert·es scientifiques lancent déjà des cris d’alarme : insensibles à l’argent, la COVID-19 et ses variants continueront de se propager du Sud au Nord et d’Est en Ouest. Et les milliards n’y pourront rien.
Comment épouser un milliardaire
Texte : Audrey Vernon. Adaptation et mise en scène : Michelle Parent et Véronique Pascal. Assistance mise en scène et projections : Marie-Eve Archambault. Conception artistique : Michelle Parent, Véronique Pascal et Marie-Eve Archambault. Direction technique : Samuel Thériault. Éclairages : Andréanne Deschênes. Scénographie et accessoires : Julie-Ange Breton. Régie : Marie-Frédérique Gravel et Pamela Dumas. Avec Michelle Parent. Une production du Pirata Théâtre, présentée au Théâtre Aux Écuries jusqu’au 21 avril 2021.