Tendre, complice, plein de charme, le duo formé par Daphnée Laurendeau et Danny Morissette, couple dans la vie comme sur le plateau, incarne le désir amoureux selon quatre visions chorégraphiques différentes introduites par la toute première, d’une beauté magnétique.
Comme un orchestre qui s’accorderait dans la fosse avant de jouer, La Question des fleurs s’ouvre sur une même note martelée au piano pendant que les deux interprètes, dans l’ombre d’un clair-obscur, ajustent leur présence l’un en face de l’autre. Dénudé·es, il et elle s’apprivoisent dans un jeu d’évitement et d’effleurement avec les mains, puis les jambes, et leurs ébats s’intensifient sur la musique en crescendo de Laurier Rajotte. Dans une chorégraphie éminemment sculpturale, la gestuelle du désir enroule les corps, les fait coulisser et tourbillonner pour ne faire plus qu’un. Séduction assurée…
Les notes de piano et de violoncelle lentement égrenées laissent ensuite place à une décharge de sons analogiques. Plus raide, la passion se hisse sur la pointe des pieds. Daphnée Laurendeau, le ventre arrondi par un heureux événement que l’on devine, tend son front vers les baisers de son partenaire. L’échange amoureux est suggéré dans des portés d’acrobatie érotique à l’horizontalité bien calculée.
Chorégraphiquement, les deux premiers tableaux conçus respectivement par Ismaël Mouaraki et Christophe Garcia arriment leur style autour d’une solide ossature classique. Diagonale et torsadée pour le premier, planante et aqueuse dans le deuxième. Tout en muscles saillants, Danny Morissette se transforme en algue vivante avec une facilité déconcertante. Sur le plateau, les amant·es danseur et danseuse créent un irrésistible cocon de douceur où les angles sont estompés (une main enroule un coude), où les baisers glissent le long d’un bras qui évitera par la suite une chute. Dans l’extase poétique de l’instant présent – « Ô temps, suspends ton vol ! » se surprend-on à rêver – l’idée d’un avenir s’immisce fugitivement quand leurs mains caressent le ventre arrondi.
Trop parfait pour durer ? Quelques notes dissonantes, discrètes mais tranchantes, se distinguent curieusement dans la partition musicale pour qui tend l’oreille. Elles tireront le spectacle vers des tableaux aveuglants et assourdissants, en pleine rupture stylistique avec la douce complicité initiale du duo.
Fleurs fanées
L’évocation et la retenue, subterfuges de la technique pour exprimer le vertige de l’amour, semblent alors s’évanouir. Danny Morissette se lance dans une course éperdue autour de sa partenaire comme un cheval fou dans un manège. L’apparition d’accessoires hétéroclites (fausses plantes, baudriers, ampoules multicolores) convoque sans transition un ton ludique, voire absurde. Finie la douce torpeur initiale. Dès lors, quand elle le lâche, il tombe… et se prend l’eau des fleurs sur la tête.
L’arrivée sur le plateau de l’interprète Mickaël Spinnhirny instaure, là encore, une rupture dans la dernière chorégraphie proposée par Andrea Peña. Sans qu’on l’ait vu venir, La Question des fleurs devient surtout celle d’un rapport de force masculin sans issue où chacun est enchaîné à l’autre. En cela, le programme ne nous ment pas quand il promet « une occasion inattendue, atypique et stimulante ».
Chorégraphies : Christophe Garcia, Ismaël Mouaraki, Andrea Peña et Dominique Porte. Assistance à la chorégraphie pour Christophe Garcia : Marie-Eve Carrière. Musique : Laurier Rajotte. Éclairages : Thomas Kiffer. Direction technique : Roxanne Bédard. Direction photo : Bobby León. Avec Daphnée Laurendeau, Danny Morissette et Mickaël Spinnhirny. Une initiative de l’Agence Mickaël Spinnhirny en coproduction avec les compagnies Andrea Peña & Artists, Destins Croisés, la [parenthèse] / Christophe Garcia et Système D/Dominique Porte, présentée à l’Agora de la danse jusqu’au 8 mai 2021 et en webdiffusion du 14 au 21 mai 2021.
Tendre, complice, plein de charme, le duo formé par Daphnée Laurendeau et Danny Morissette, couple dans la vie comme sur le plateau, incarne le désir amoureux selon quatre visions chorégraphiques différentes introduites par la toute première, d’une beauté magnétique.
Comme un orchestre qui s’accorderait dans la fosse avant de jouer, La Question des fleurs s’ouvre sur une même note martelée au piano pendant que les deux interprètes, dans l’ombre d’un clair-obscur, ajustent leur présence l’un en face de l’autre. Dénudé·es, il et elle s’apprivoisent dans un jeu d’évitement et d’effleurement avec les mains, puis les jambes, et leurs ébats s’intensifient sur la musique en crescendo de Laurier Rajotte. Dans une chorégraphie éminemment sculpturale, la gestuelle du désir enroule les corps, les fait coulisser et tourbillonner pour ne faire plus qu’un. Séduction assurée…
Les notes de piano et de violoncelle lentement égrenées laissent ensuite place à une décharge de sons analogiques. Plus raide, la passion se hisse sur la pointe des pieds. Daphnée Laurendeau, le ventre arrondi par un heureux événement que l’on devine, tend son front vers les baisers de son partenaire. L’échange amoureux est suggéré dans des portés d’acrobatie érotique à l’horizontalité bien calculée.
Chorégraphiquement, les deux premiers tableaux conçus respectivement par Ismaël Mouaraki et Christophe Garcia arriment leur style autour d’une solide ossature classique. Diagonale et torsadée pour le premier, planante et aqueuse dans le deuxième. Tout en muscles saillants, Danny Morissette se transforme en algue vivante avec une facilité déconcertante. Sur le plateau, les amant·es danseur et danseuse créent un irrésistible cocon de douceur où les angles sont estompés (une main enroule un coude), où les baisers glissent le long d’un bras qui évitera par la suite une chute. Dans l’extase poétique de l’instant présent – « Ô temps, suspends ton vol ! » se surprend-on à rêver – l’idée d’un avenir s’immisce fugitivement quand leurs mains caressent le ventre arrondi.
Trop parfait pour durer ? Quelques notes dissonantes, discrètes mais tranchantes, se distinguent curieusement dans la partition musicale pour qui tend l’oreille. Elles tireront le spectacle vers des tableaux aveuglants et assourdissants, en pleine rupture stylistique avec la douce complicité initiale du duo.
Fleurs fanées
L’évocation et la retenue, subterfuges de la technique pour exprimer le vertige de l’amour, semblent alors s’évanouir. Danny Morissette se lance dans une course éperdue autour de sa partenaire comme un cheval fou dans un manège. L’apparition d’accessoires hétéroclites (fausses plantes, baudriers, ampoules multicolores) convoque sans transition un ton ludique, voire absurde. Finie la douce torpeur initiale. Dès lors, quand elle le lâche, il tombe… et se prend l’eau des fleurs sur la tête.
L’arrivée sur le plateau de l’interprète Mickaël Spinnhirny instaure, là encore, une rupture dans la dernière chorégraphie proposée par Andrea Peña. Sans qu’on l’ait vu venir, La Question des fleurs devient surtout celle d’un rapport de force masculin sans issue où chacun est enchaîné à l’autre. En cela, le programme ne nous ment pas quand il promet « une occasion inattendue, atypique et stimulante ».
La Question des fleurs
Chorégraphies : Christophe Garcia, Ismaël Mouaraki, Andrea Peña et Dominique Porte. Assistance à la chorégraphie pour Christophe Garcia : Marie-Eve Carrière. Musique : Laurier Rajotte. Éclairages : Thomas Kiffer. Direction technique : Roxanne Bédard. Direction photo : Bobby León. Avec Daphnée Laurendeau, Danny Morissette et Mickaël Spinnhirny. Une initiative de l’Agence Mickaël Spinnhirny en coproduction avec les compagnies Andrea Peña & Artists, Destins Croisés, la [parenthèse] / Christophe Garcia et Système D/Dominique Porte, présentée à l’Agora de la danse jusqu’au 8 mai 2021 et en webdiffusion du 14 au 21 mai 2021.