Dans la petite salle du Théâtre La Licorne, une poignée de spectateurs et spectatrices sont pris en otage, chaque soir, par le thriller psychologique de la dramaturge américaine Johnna Adams, Le Nœud. C’est sous la forme d’un huis clos, mis en scène par Guillermina Kerwin, que les comédiennes Marie-Joanne Boucher et Édith Paquet, interprétant respectivement une mère et une enseignante, performent, à la lueur des néons d’une salle de classe, un suspense emporté et chaotique.
Assis sur des chaises d’école primaire, le public est avec elles, dans cette pièce chargée de bricolages d’enfants et des interrogations flottantes, pesantes. La raison de leur rencontre est posée dès les premières minutes : Gregory, jeune garçon de 11 ans, s’est suicidé quelques heures après avoir été suspendu par sa professeure. Deux jours plus tard, sa mère est dans la classe avec une seule question en bouche : « Qu’est-ce qui est arrivé pour que mon fils soit suspendu ? ». Les deux femmes se font face, le souffle court devant tant d’émotion, n’ayant pas la même perception de l’enfant, elles confrontent leurs visions, tournant autour des mots sans jamais oser plonger sincèrement dans les causes de sa mort.
Jeu en tension
Sur une table, en arrière-scène, se trouve un amoncellement de nœuds gordiens, imaginés et fabriqués par les élèves. Comme Alexandre le Grand, Gregory faisait face à des obstacles insurmontables à ses yeux, il ne saisissait pas comment être dans le monde, alors il a résolu le problème de manière brutale. Mais quels étaient les enjeux et les tourments auxquels était confronté le jeune garçon ? Les pistes de réponses sont multiples, vont dans plusieurs sens, et les révélations morbides, voire sensationnalistes, se succèdent à une telle vitesse qu’après une heure de spectacle, le noir se fait sans réelle conclusion. L’intrigue n’aboutit pas, la vérité se démêlant difficilement du faux et des suppositions émises par les deux femmes. Si l’attention des spectateurs et spectatrices est maintenue, les réflexions sur la mort, la douleur et la création, elles, tombent à plat, comme s’il manquait des parties importantes à la partition. Il est d’ailleurs ardu de cerner si ces lacunes viennent de la pièce originale, si des morceaux du casse-tête se sont peut-être perdus dans la traduction de Maryse Warda ou si ce n’est pas plutôt dans l’interprétation inégale du texte que les failles se créent.
D’un côté de la scène, l’enseignante de Gregory, tout en retenue et incarnée avec justesse par Paquet, en veut à son élève d’avoir nui au climat de la classe. D’un autre côté, la mère du jeune garçon est froide, arrogante et en colère. Son humeur est difficile à lire, étant donné le jeu irrégulier de Boucher, ce qui rend les tensions entre les deux personnages encore plus hermétiques. Les raisons du silence de l’une et de l’obstination de l’autre sont floues. Toutes deux se parlant parfois à mots couverts, et parfois non, démontrant du respect à certains moments et, à d’autres, se criant des horreurs, leur dynamique reste cryptique. C’est évidemment cette relation et ce récit impénétrables qui gardent le public sur le bout de sa chaise, mais le chaos est assourdissant. C’est donc à bout de souffle que l’on sort de cette pièce, avec des questions en têtes, mais peu de pistes de réflexion.
Texte : Johnna Adams. Traduction : Maryse Warda. Mise en scène : Guillermina Kerwin. Assistance à la mise en scène, régie, direction de production et technique : Emmanuelle Nappert. Musique : Ludovic Bonnier. Costumes : Marie-Chantale Vaillancourt. Décor et accessoires : Guillaume Lord. Assistance aux décors et aux accessoires : Julie Measroch. Éclairages : Étienne Boucher. Maquillages : Amélie Bertrand. Avec Marie-Joanne Boucher et Édith Paquet. Une production d’Écoumène, en codiffusion avec La Manufacture, présentée au Théâtre La Licorne jusqu’au 12 mars 2022.
Dans la petite salle du Théâtre La Licorne, une poignée de spectateurs et spectatrices sont pris en otage, chaque soir, par le thriller psychologique de la dramaturge américaine Johnna Adams, Le Nœud. C’est sous la forme d’un huis clos, mis en scène par Guillermina Kerwin, que les comédiennes Marie-Joanne Boucher et Édith Paquet, interprétant respectivement une mère et une enseignante, performent, à la lueur des néons d’une salle de classe, un suspense emporté et chaotique.
Assis sur des chaises d’école primaire, le public est avec elles, dans cette pièce chargée de bricolages d’enfants et des interrogations flottantes, pesantes. La raison de leur rencontre est posée dès les premières minutes : Gregory, jeune garçon de 11 ans, s’est suicidé quelques heures après avoir été suspendu par sa professeure. Deux jours plus tard, sa mère est dans la classe avec une seule question en bouche : « Qu’est-ce qui est arrivé pour que mon fils soit suspendu ? ». Les deux femmes se font face, le souffle court devant tant d’émotion, n’ayant pas la même perception de l’enfant, elles confrontent leurs visions, tournant autour des mots sans jamais oser plonger sincèrement dans les causes de sa mort.
Jeu en tension
Sur une table, en arrière-scène, se trouve un amoncellement de nœuds gordiens, imaginés et fabriqués par les élèves. Comme Alexandre le Grand, Gregory faisait face à des obstacles insurmontables à ses yeux, il ne saisissait pas comment être dans le monde, alors il a résolu le problème de manière brutale. Mais quels étaient les enjeux et les tourments auxquels était confronté le jeune garçon ? Les pistes de réponses sont multiples, vont dans plusieurs sens, et les révélations morbides, voire sensationnalistes, se succèdent à une telle vitesse qu’après une heure de spectacle, le noir se fait sans réelle conclusion. L’intrigue n’aboutit pas, la vérité se démêlant difficilement du faux et des suppositions émises par les deux femmes. Si l’attention des spectateurs et spectatrices est maintenue, les réflexions sur la mort, la douleur et la création, elles, tombent à plat, comme s’il manquait des parties importantes à la partition. Il est d’ailleurs ardu de cerner si ces lacunes viennent de la pièce originale, si des morceaux du casse-tête se sont peut-être perdus dans la traduction de Maryse Warda ou si ce n’est pas plutôt dans l’interprétation inégale du texte que les failles se créent.
D’un côté de la scène, l’enseignante de Gregory, tout en retenue et incarnée avec justesse par Paquet, en veut à son élève d’avoir nui au climat de la classe. D’un autre côté, la mère du jeune garçon est froide, arrogante et en colère. Son humeur est difficile à lire, étant donné le jeu irrégulier de Boucher, ce qui rend les tensions entre les deux personnages encore plus hermétiques. Les raisons du silence de l’une et de l’obstination de l’autre sont floues. Toutes deux se parlant parfois à mots couverts, et parfois non, démontrant du respect à certains moments et, à d’autres, se criant des horreurs, leur dynamique reste cryptique. C’est évidemment cette relation et ce récit impénétrables qui gardent le public sur le bout de sa chaise, mais le chaos est assourdissant. C’est donc à bout de souffle que l’on sort de cette pièce, avec des questions en têtes, mais peu de pistes de réflexion.
Le Nœud
Texte : Johnna Adams. Traduction : Maryse Warda. Mise en scène : Guillermina Kerwin. Assistance à la mise en scène, régie, direction de production et technique : Emmanuelle Nappert. Musique : Ludovic Bonnier. Costumes : Marie-Chantale Vaillancourt. Décor et accessoires : Guillaume Lord. Assistance aux décors et aux accessoires : Julie Measroch. Éclairages : Étienne Boucher. Maquillages : Amélie Bertrand. Avec Marie-Joanne Boucher et Édith Paquet. Une production d’Écoumène, en codiffusion avec La Manufacture, présentée au Théâtre La Licorne jusqu’au 12 mars 2022.