La compagnie Le Théâtre des Confettis compte 30 productions à son actif. Depuis 1977, l’enfance se retrouve au cœur de ses réalisations, et Lou dans la nuit, proposée aux jeunes de 4 à 8 ans, en constitue un bel exemple. Créée en 2020 à Québec, l’œuvre est maintenant présentée à Montréal, à la Maison Théâtre.
En pleine nuit, Lou, une grande (et parfois petite) fille de 7 ans, entend des bruits aussi intrigants qu’effrayants. Sa curiosité l’emporte sur sa frayeur et elle décide de parcourir sa vieille demeure afin de mieux comprendre ce qui se passe. Elle ira de surprise en découverte et s’apercevra que si ce n’est pas sa maison qui lui joue des tours, c’est sans doute son imagination.
De l’inquiétude à l’amusement
Un orage se prépare, le vent siffle, la tuyauterie se lamente alors que le cou de Lou se crispe, que sa respiration s’accélère et qu’un frisson s’empare d’elle. Tout semble en place pour une vraie bonne frousse ! Après un trop long mais tout de même captivant préambule, l’histoire se divise en autant de chapitres que Lou parcourt de pièces : sa chambre à coucher, l’interminable couloir, le « terrible salon », l’escalier et le mystérieux sous-sol.
La narration préenregistrée d’Éric Leblanc, qui possède une voix remarquable, demeure présente pendant tout le spectacle. Ce texte de Maxime Robin traite des thématiques du courage, du dépassement de soi, de la peur et de la subjectivité des perceptions. On rit autant qu’on sursaute en regardant Lou vivre son aventure nocturne.
Malheureusement, on passe trop de temps sur des explications et des contextualisations. Le rythme en souffre, et l’on trépigne d’assister à la suite, de voir encore de l’action sur la scène. À deux reprises, on nous avertit : « si vous avez trop peur, rappelez-vous que ce n’est que du théâtre ». Pourtant, l’ambiance cauchemardesque et les tressaillements qu’on nous réserve demeurent inoffensifs et, même en bas âge, on saurait se rétablir vite des émotions provoquées. À croire que cette bienveillance ne s’adresse pas tant aux petit·es qu’aux adultes qui craignent pour elles et eux.
Malgré ces longueurs, lorsque le récit avance, il nous fait vivre de réels ravissements. La mise en scène, assurée par l’auteur, semble dialoguer avec l’ingénieuse scénographie d’Erica Schmitz. En ajoutant les éclairages et les vidéos de Keven Dubois ainsi que l’habillage sonore de Josué Beaucage, on obtient des moments de grâce, comme on en vit trop rarement au théâtre, tous publics confondus. La scène de la tempête dans le salon ou celle où Lou se métamorphose en animal en sont de bons exemples.
Il faut dire que le personnage n’est pas seul sur les planches puisqu’un spectre la suit dans la l’obscurité. Son ombre, son reflet et le côté sombre de son imagination ne sont jamais loin, offrant diverses perspectives sur un même événement. La descente de l’escalier est un passage particulièrement réussi. On y voit Lou de face, de profil, d’en haut et d’en bas se démener avec les drôles de craquements des marches. Les bruits, les lumières, l’interprétation de la très efficace Marianne Marceau (qui campe le rôle principal ou son pendant, en alternance avec Maude Boutin St-Pierre), tout concourt à mettre en place une parfaite montée dramatique, suivie d’une chute admirable. Les techniques utilisées, dans cette scène comme dans les autres, sont aussi vieilles que le théâtre même. Or cela ne fait que démontrer à quel point les créatrices et les créateurs du Théâtre des Confettis comprennent cet art et savent le rendre attrayant.
Lou dans la nuit explore le sujet des peurs nocturnes, ouvrant ainsi la porte à des discussions à ce propos. Mais au-delà de cette intéressante facette éducative, et malgré certains écueils, l’œuvre est belle, intelligente et expose les enfants à un théâtre de grande qualité.
Texte et mise en scène : Maxime Robin. Scénographie : Erica Schmitz. Lumières et vidéo : Keven Dubois. Musique et environnement sonore : Josué Beaucage. Direction artistique : Hélène Blanchard et Judith Savard. Avec Marianne Marceau ou Maude Boutin St-Pierre, Marie Tan et Éric Leblanc. Une production du Théâtre des Confettis présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 20 mars 2022.
La compagnie Le Théâtre des Confettis compte 30 productions à son actif. Depuis 1977, l’enfance se retrouve au cœur de ses réalisations, et Lou dans la nuit, proposée aux jeunes de 4 à 8 ans, en constitue un bel exemple. Créée en 2020 à Québec, l’œuvre est maintenant présentée à Montréal, à la Maison Théâtre.
En pleine nuit, Lou, une grande (et parfois petite) fille de 7 ans, entend des bruits aussi intrigants qu’effrayants. Sa curiosité l’emporte sur sa frayeur et elle décide de parcourir sa vieille demeure afin de mieux comprendre ce qui se passe. Elle ira de surprise en découverte et s’apercevra que si ce n’est pas sa maison qui lui joue des tours, c’est sans doute son imagination.
De l’inquiétude à l’amusement
Un orage se prépare, le vent siffle, la tuyauterie se lamente alors que le cou de Lou se crispe, que sa respiration s’accélère et qu’un frisson s’empare d’elle. Tout semble en place pour une vraie bonne frousse ! Après un trop long mais tout de même captivant préambule, l’histoire se divise en autant de chapitres que Lou parcourt de pièces : sa chambre à coucher, l’interminable couloir, le « terrible salon », l’escalier et le mystérieux sous-sol.
La narration préenregistrée d’Éric Leblanc, qui possède une voix remarquable, demeure présente pendant tout le spectacle. Ce texte de Maxime Robin traite des thématiques du courage, du dépassement de soi, de la peur et de la subjectivité des perceptions. On rit autant qu’on sursaute en regardant Lou vivre son aventure nocturne.
Malheureusement, on passe trop de temps sur des explications et des contextualisations. Le rythme en souffre, et l’on trépigne d’assister à la suite, de voir encore de l’action sur la scène. À deux reprises, on nous avertit : « si vous avez trop peur, rappelez-vous que ce n’est que du théâtre ». Pourtant, l’ambiance cauchemardesque et les tressaillements qu’on nous réserve demeurent inoffensifs et, même en bas âge, on saurait se rétablir vite des émotions provoquées. À croire que cette bienveillance ne s’adresse pas tant aux petit·es qu’aux adultes qui craignent pour elles et eux.
Malgré ces longueurs, lorsque le récit avance, il nous fait vivre de réels ravissements. La mise en scène, assurée par l’auteur, semble dialoguer avec l’ingénieuse scénographie d’Erica Schmitz. En ajoutant les éclairages et les vidéos de Keven Dubois ainsi que l’habillage sonore de Josué Beaucage, on obtient des moments de grâce, comme on en vit trop rarement au théâtre, tous publics confondus. La scène de la tempête dans le salon ou celle où Lou se métamorphose en animal en sont de bons exemples.
Il faut dire que le personnage n’est pas seul sur les planches puisqu’un spectre la suit dans la l’obscurité. Son ombre, son reflet et le côté sombre de son imagination ne sont jamais loin, offrant diverses perspectives sur un même événement. La descente de l’escalier est un passage particulièrement réussi. On y voit Lou de face, de profil, d’en haut et d’en bas se démener avec les drôles de craquements des marches. Les bruits, les lumières, l’interprétation de la très efficace Marianne Marceau (qui campe le rôle principal ou son pendant, en alternance avec Maude Boutin St-Pierre), tout concourt à mettre en place une parfaite montée dramatique, suivie d’une chute admirable. Les techniques utilisées, dans cette scène comme dans les autres, sont aussi vieilles que le théâtre même. Or cela ne fait que démontrer à quel point les créatrices et les créateurs du Théâtre des Confettis comprennent cet art et savent le rendre attrayant.
Lou dans la nuit explore le sujet des peurs nocturnes, ouvrant ainsi la porte à des discussions à ce propos. Mais au-delà de cette intéressante facette éducative, et malgré certains écueils, l’œuvre est belle, intelligente et expose les enfants à un théâtre de grande qualité.
Lou dans la nuit
Texte et mise en scène : Maxime Robin. Scénographie : Erica Schmitz. Lumières et vidéo : Keven Dubois. Musique et environnement sonore : Josué Beaucage. Direction artistique : Hélène Blanchard et Judith Savard. Avec Marianne Marceau ou Maude Boutin St-Pierre, Marie Tan et Éric Leblanc. Une production du Théâtre des Confettis présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 20 mars 2022.