Parfois utiles, souvent futiles, les réseaux sociaux, omniprésents dans notre quotidien, nous exposent à tout et à rien. Fausses nouvelles, propositions frauduleuses et propos haineux côtoient avec une désarmante légèreté pétitions concernant les droits humains et réflexions profondes. Forum démagogique pour certain·es, hyper symbole démocratique pour d’autres, ces nouveaux canaux de communication ne laissent personne indifférent. Sur une note plus intime, tout un chacun y affiche son quotidien en toute impunité, nourrissant autant exhibitionnisme que voyeurisme. Et c’est particulièrement cette facette pernicieuse des plateformes virtuelles qui semble avoir inspiré Catherine Léger pour créer son nouvel opus, que le Petit Théâtre du Nord présente en ce moment au Centre de création de Boisbriand.
L’autrice de Baby-sitter et de Filles en liberté, comédies caustiques à souhait, nous propose ici une quête existentielle alors que Jasmine, dépressive et accroc aux réseaux sociaux, renoue avec Nathalie, une ancienne connaissance. Jasmine, figure pivot, va faire basculer, involontairement, la vie des trois autres personnages : Nathalie, banquière accomplie, Christian, son mari, producteur de films raté, et Ricardo, tombeur et vendeur de MDMA.
Jasmine, constamment rivée à son téléphone cellulaire, est obnubilée par l’image qu’elle projette d’elle-même et donc prisonnière du regard des autres. Éternelle insatisfaite, elle a des idées suicidaires, mais hésite à passer à l’acte, frustrée qu’elle serait de ne pouvoir lire et ressentir les réactions d’autrui à sa propre mort. La rencontre inopinée avec son « amie » va provoquer une succession de rebondissements plus incongrus les uns que les autres, dont principalement le retour abracadabrant de Ricardo, l’amant sulfureux et, subséquemment, celui du fantasme de Nathalie : transformer sa destinée.
Ciel mon mari ! 2.0
Cette comédie annoncée sur la recherche du bonheur miraculeux avec en toile de fond les effets pervers des réseaux sociaux était en soi une belle promesse. Toutefois, venant d’une autrice qui nous avait habitué·es à des critiques sociales cinglantes, le résultat manque cruellement de mordant. On ne fait qu’effleurer la douleur psychologique de Jasmine tandis que le changement de vie de Nathalie est totalement improbable. Quant aux aspirations loufoques de Christian et au nihilisme post-hippie de Ricardo, on frise le grotesque. Si un absurde assumé jumelé à un humour décalé avait pris le dessus, nous nous serions peut-être rallié·es à la proposition. Mais tel n’est pas le cas. Nous avons plutôt droit à un vaudeville maladroit.
Certes, le décor ingénieux de Loïc Lacroix Hoy et les éclairages astucieux de Robin Kittel Ouimet permettent aux protagonistes de passer de la salle à manger du couple bien nanti à l’appartement modeste de Jasmine en un clin d’œil, ce qui assure une fluidité à la trame narrative. Cela constitue toutefois le seul aspect positif à retenir d’une production qui se fera surtout remarquer par son récit bancal, ses personnages caricaturaux, sa mise en scène convenue et une interprétation énergique, mais tellement lourde que Changer de vie n’est qu’une pièce de théâtre d’été parmi tant d’autres. Dommage !
Texte : Catherine Léger. Mise en scène : Sébastien Gauthier. Assistance à la mise en scène et régie : Martine Richard. Décors : Loïc Lacroix Hoy. Accessoires : Marisol Vachon. Costumes : Rosemarie Levasseur. Éclairages : Robin Kittel Ouimet. Son et musique : Pierre Tripard. Direction technique : Ghislain Dufour. Avec Ariel Ifergan, Marilou Morin, Étienne Pilon et Mélanie St-Laurent. Une création du Petit Théâtre du Nord, présentée au Centre de création de Boisbriand jusqu’au 27 août 2022.
Parfois utiles, souvent futiles, les réseaux sociaux, omniprésents dans notre quotidien, nous exposent à tout et à rien. Fausses nouvelles, propositions frauduleuses et propos haineux côtoient avec une désarmante légèreté pétitions concernant les droits humains et réflexions profondes. Forum démagogique pour certain·es, hyper symbole démocratique pour d’autres, ces nouveaux canaux de communication ne laissent personne indifférent. Sur une note plus intime, tout un chacun y affiche son quotidien en toute impunité, nourrissant autant exhibitionnisme que voyeurisme. Et c’est particulièrement cette facette pernicieuse des plateformes virtuelles qui semble avoir inspiré Catherine Léger pour créer son nouvel opus, que le Petit Théâtre du Nord présente en ce moment au Centre de création de Boisbriand.
L’autrice de Baby-sitter et de Filles en liberté, comédies caustiques à souhait, nous propose ici une quête existentielle alors que Jasmine, dépressive et accroc aux réseaux sociaux, renoue avec Nathalie, une ancienne connaissance. Jasmine, figure pivot, va faire basculer, involontairement, la vie des trois autres personnages : Nathalie, banquière accomplie, Christian, son mari, producteur de films raté, et Ricardo, tombeur et vendeur de MDMA.
Jasmine, constamment rivée à son téléphone cellulaire, est obnubilée par l’image qu’elle projette d’elle-même et donc prisonnière du regard des autres. Éternelle insatisfaite, elle a des idées suicidaires, mais hésite à passer à l’acte, frustrée qu’elle serait de ne pouvoir lire et ressentir les réactions d’autrui à sa propre mort. La rencontre inopinée avec son « amie » va provoquer une succession de rebondissements plus incongrus les uns que les autres, dont principalement le retour abracadabrant de Ricardo, l’amant sulfureux et, subséquemment, celui du fantasme de Nathalie : transformer sa destinée.
Ciel mon mari ! 2.0
Cette comédie annoncée sur la recherche du bonheur miraculeux avec en toile de fond les effets pervers des réseaux sociaux était en soi une belle promesse. Toutefois, venant d’une autrice qui nous avait habitué·es à des critiques sociales cinglantes, le résultat manque cruellement de mordant. On ne fait qu’effleurer la douleur psychologique de Jasmine tandis que le changement de vie de Nathalie est totalement improbable. Quant aux aspirations loufoques de Christian et au nihilisme post-hippie de Ricardo, on frise le grotesque. Si un absurde assumé jumelé à un humour décalé avait pris le dessus, nous nous serions peut-être rallié·es à la proposition. Mais tel n’est pas le cas. Nous avons plutôt droit à un vaudeville maladroit.
Certes, le décor ingénieux de Loïc Lacroix Hoy et les éclairages astucieux de Robin Kittel Ouimet permettent aux protagonistes de passer de la salle à manger du couple bien nanti à l’appartement modeste de Jasmine en un clin d’œil, ce qui assure une fluidité à la trame narrative. Cela constitue toutefois le seul aspect positif à retenir d’une production qui se fera surtout remarquer par son récit bancal, ses personnages caricaturaux, sa mise en scène convenue et une interprétation énergique, mais tellement lourde que Changer de vie n’est qu’une pièce de théâtre d’été parmi tant d’autres. Dommage !
Changer de vie
Texte : Catherine Léger. Mise en scène : Sébastien Gauthier. Assistance à la mise en scène et régie : Martine Richard. Décors : Loïc Lacroix Hoy. Accessoires : Marisol Vachon. Costumes : Rosemarie Levasseur. Éclairages : Robin Kittel Ouimet. Son et musique : Pierre Tripard. Direction technique : Ghislain Dufour. Avec Ariel Ifergan, Marilou Morin, Étienne Pilon et Mélanie St-Laurent. Une création du Petit Théâtre du Nord, présentée au Centre de création de Boisbriand jusqu’au 27 août 2022.