À première vue, on voit assez mal comment la nouvelle « Le Nez » de l’écrivain russe Nicolas Gogol puisse être transposée en pièce pour jeune public. Un barbier saint-pétersbourgeois qui, au lendemain d’une soirée trop arrosée, tombe sur un nez bien enfoui dans le petit déjeuner qu’il s’apprête à déguster : voilà une amorce fort scabreuse qui précède une suite d’événements sordides et empreints de malchance… Bref, une fable cauchemardesque qui a de quoi provoquer des terreurs nocturnes chez les enfants ! Mais si l’adaptation (très) libre du metteur en scène Philippe Robert conserve l’essence des principaux personnages et le thème central du récit de Gogol, la candeur et l’espièglerie sont mises de l’avant, portées par de jeunes comédien·nes vifs, vives et volontaires.
Lors de la première escale de la troupe, au parc Laurier, les familles s’étaient réunies en grand nombre sur la pelouse pour s’abreuver d’un peu d’art vivant estival et vivifiant. À lire les visages des petits spectateurs et des petites spectatrices, La Roulotte a gagné son pari de faire vivre une œuvre qui nourrit l’imaginaire et initie les jeunes à un théâtre classique dans sa forme, tout en étant amusant, intelligent et très dynamique.
La Roulotte, qui promène sa production colorée pour donner 50 représentations dans 39 parcs montréalais, célèbre les 70 ans de cette compagnie fondée par Claude Robillard et Paul Buissonneau. On se dit d’ailleurs que ces derniers auraient bien apprécié cette production dont le jeu et la mise en scène sont fortement inspirés de la commedia dell’arte. De plus, le décor teinté de couleurs primaires, sorte de croisement entre un chapiteau et une structure de jeu gonflable, est un attrait visuel absolument irrésistible pour les yeux des tout petits.
À la recherche d’un nez perdu
Au cœur de l’intrigue, il y a un professeur nommé monsieur Pierre, qui mène une quête effrénée pour retrouver son nez perdu. La pièce propose une pléthore de situations cocasses qui ont de quoi solliciter les réactions du jeune public. À travers une foule de jeux de mots autour du mot « nez », quelques détails romantiques et poétiques (comme l’espoir d’obtenir un « chapeau de confiture ») et des rebondissements rocambolesques, ce Nez s’avère un tableau vivant un peu clownesque, qui suscite l’attention de l’auditoire avec un jeu très physique. En filigrane, des considérations existentielles et une certaine critique sociale teintent la pièce d’une profondeur qui rejoint la sensibilité du public adulte.
L’absurde et le loufoque, qualités intrinsèques de la version originale, restent des éléments bien présents, probablement au détriment d’une certaine continuité dans la trame narrative. De sorte que ce Nez, qui se décline sur une petite heure pendant laquelle les jeunes recrues défilent de part et d’autre de la scène, se construit plutôt comme une série de saynètes à interpréter. Bref : le résultat ressemble davantage à un joli casse-tête multicolore qu’à une histoire rigoureusement suivie. Hélas, quelques problèmes de son, lors de la première, ont interrompu la cadence du spectacle, tout en permettant le plein déploiement de l’agilité des acteurs et actrices qui ont très bien composé avec la situation. Des retrouvailles avec une Roulotte qui, encore une fois, révèle le talent et l’engagement d’une cohorte d’interprètes fraîchement diplômé·es de l’École nationale de théâtre et du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, qui font perdurer l’esprit du théâtre ambulant.
Texte : Nicolas Gogol, dans une adaptation libre de Philippe Robert. Mise en scène : Philippe Robert. Assistance à la mise en scène : Erika Maheu-Chapman. Scénographie et accessoires : Anne-Sophie Gaudet. Costumes, maquillages et coiffures : Erika Parra Bernal. Musique et conception sonore : Ludovic Bonnier. Direction de production : Félix-Antoine Gauthier. Avec Pierre-Luc Giroux, Doriane Lens-Pitt, Charlie Monty, Caroline Tosti, Ismaïl Zourhlal. Une production de La Roulotte, présentée en tournée dans les parcs montréalais jusqu’au 19 août 2022
À première vue, on voit assez mal comment la nouvelle « Le Nez » de l’écrivain russe Nicolas Gogol puisse être transposée en pièce pour jeune public. Un barbier saint-pétersbourgeois qui, au lendemain d’une soirée trop arrosée, tombe sur un nez bien enfoui dans le petit déjeuner qu’il s’apprête à déguster : voilà une amorce fort scabreuse qui précède une suite d’événements sordides et empreints de malchance… Bref, une fable cauchemardesque qui a de quoi provoquer des terreurs nocturnes chez les enfants ! Mais si l’adaptation (très) libre du metteur en scène Philippe Robert conserve l’essence des principaux personnages et le thème central du récit de Gogol, la candeur et l’espièglerie sont mises de l’avant, portées par de jeunes comédien·nes vifs, vives et volontaires.
Lors de la première escale de la troupe, au parc Laurier, les familles s’étaient réunies en grand nombre sur la pelouse pour s’abreuver d’un peu d’art vivant estival et vivifiant. À lire les visages des petits spectateurs et des petites spectatrices, La Roulotte a gagné son pari de faire vivre une œuvre qui nourrit l’imaginaire et initie les jeunes à un théâtre classique dans sa forme, tout en étant amusant, intelligent et très dynamique.
La Roulotte, qui promène sa production colorée pour donner 50 représentations dans 39 parcs montréalais, célèbre les 70 ans de cette compagnie fondée par Claude Robillard et Paul Buissonneau. On se dit d’ailleurs que ces derniers auraient bien apprécié cette production dont le jeu et la mise en scène sont fortement inspirés de la commedia dell’arte. De plus, le décor teinté de couleurs primaires, sorte de croisement entre un chapiteau et une structure de jeu gonflable, est un attrait visuel absolument irrésistible pour les yeux des tout petits.
À la recherche d’un nez perdu
Au cœur de l’intrigue, il y a un professeur nommé monsieur Pierre, qui mène une quête effrénée pour retrouver son nez perdu. La pièce propose une pléthore de situations cocasses qui ont de quoi solliciter les réactions du jeune public. À travers une foule de jeux de mots autour du mot « nez », quelques détails romantiques et poétiques (comme l’espoir d’obtenir un « chapeau de confiture ») et des rebondissements rocambolesques, ce Nez s’avère un tableau vivant un peu clownesque, qui suscite l’attention de l’auditoire avec un jeu très physique. En filigrane, des considérations existentielles et une certaine critique sociale teintent la pièce d’une profondeur qui rejoint la sensibilité du public adulte.
L’absurde et le loufoque, qualités intrinsèques de la version originale, restent des éléments bien présents, probablement au détriment d’une certaine continuité dans la trame narrative. De sorte que ce Nez, qui se décline sur une petite heure pendant laquelle les jeunes recrues défilent de part et d’autre de la scène, se construit plutôt comme une série de saynètes à interpréter. Bref : le résultat ressemble davantage à un joli casse-tête multicolore qu’à une histoire rigoureusement suivie. Hélas, quelques problèmes de son, lors de la première, ont interrompu la cadence du spectacle, tout en permettant le plein déploiement de l’agilité des acteurs et actrices qui ont très bien composé avec la situation. Des retrouvailles avec une Roulotte qui, encore une fois, révèle le talent et l’engagement d’une cohorte d’interprètes fraîchement diplômé·es de l’École nationale de théâtre et du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, qui font perdurer l’esprit du théâtre ambulant.
Le Nez
Texte : Nicolas Gogol, dans une adaptation libre de Philippe Robert. Mise en scène : Philippe Robert. Assistance à la mise en scène : Erika Maheu-Chapman. Scénographie et accessoires : Anne-Sophie Gaudet. Costumes, maquillages et coiffures : Erika Parra Bernal. Musique et conception sonore : Ludovic Bonnier. Direction de production : Félix-Antoine Gauthier. Avec Pierre-Luc Giroux, Doriane Lens-Pitt, Charlie Monty, Caroline Tosti, Ismaïl Zourhlal. Une production de La Roulotte, présentée en tournée dans les parcs montréalais jusqu’au 19 août 2022