Pourquoi retoucher ses profils virtuels à son avantage ? Comment être vrai·e tout en protégeant son image ? Voilà le genre de questionnements que soulève Bluff, une pièce de théâtre hybride où les technologies de communication actuelles servent autant le propos que la forme. Avec son concept inusité et intrigant, la production était attendue depuis plusieurs mois. À la suite de deux reports dus aux conditions pandémiques, elle se déploie enfin, et ce, dans plusieurs salles de spectacle en même temps.
Trois interprètes jouent sur trois scènes de trois villes différentes. Malgré les centaines de kilomètres qui séparent ces événements, un dispositif de téléprésence permet de montrer un seul et même spectacle à trois auditoires. Après de courtes explications sur la procédure, les comédiennes Véronique Pascal et Sarianne Cormier ainsi que le comédien Étienne Jacques évoluent dans cet espace virtuel en simultané. Plusieurs caméras, dont certaines manipulées par les artistes, captent l’action aussitôt retransmise afin qu’aucun des publics ne manque quoi que ce soit de l’œuvre. Derrière les interprètes, deux grandes toiles placées tel un livre ouvert servent à projeter les images de leurs collègues. On les voit sous des angles et des éclairages variés, certains peu flatteurs ou trop sombres et d’autres hyperréalistes qui prennent l’apparence d’hologrammes.
La plateforme web utilisée pour la diffusion synchrone de Bluff a été développée par La Société des arts technologiques, collaborant ici avec Les Productions Quitte ou Double et Le Petit Théâtre du Vieux Noranda, qui assurent, de leur côté, le volet artistique de cette création.
L’image comme carapace
Sarianne, Véronique et Étienne s’interrogent sur l’identité idéalisée que l’on se crée en ligne, par opposition à une réalité plus simple, parfois fruste, mais plus pure et authentique. Départager le vrai du faux leur semble de plus en plus complexe. Véronique se demande comment elle peut avoir une relation saine et satisfaisante avec sa copine qui vient d’obtenir un important poste en Europe. Étienne, qui se qualifie de « turbo-menteur », cherche à sauver son couple alors que Sariane remet en question sa quête de perfection. Les auteur·es Sophie Gemme et Jean-François Boisvenue ont puisé leur inspiration dans la vie des interprètes afin de présenter ces tourments fictifs, illustrant par le fait même la limite floue entre le réel et l’imaginaire. Bluff, œuvre de réflexion, s’intéresse à l’apparence, à la véracité et aux mensonges triviaux de notre époque où, plus que jamais, le virtuel prend de l’espace.
Afin d’aborder ce pertinent sujet, quelle idée judicieuse que celle de proposer un environnement où la technologie règne et devient, à la limite, un des personnages principaux. Les comédiennes et le comédien s’échangent des répliques, s’adressent au public, mais interagissent aussi à l’aide de leurs téléphones portables, changent l’emplacement des caméras et manient les projecteurs. Cette mise en scène dynamique de Mireille Camier fait appel autant aux éléments tangibles que potentiels. Et c’est l’intérêt majeur de ce projet qui, sur papier, s’avérait prometteur d’un rendu brillant et galvanisant. Or, le résultat n’offre pas d’étincelles ni d’embrasements. Malheureusement, le texte nous laisse sur notre faim. Le langage réaliste colle parfaitement au sujet, il va de soi, mais manque d’envergure, de poésie et de profondeur. Les préoccupations dont on fait état restent aussi froides que le système informatique qui les transporte. Il s’agit peut-être d’un choix, mais des dialogues plus sanguins et des propos davantage soutenus sauraient mieux capter et maintenir l’attention des spectateurs et spectatrices.
À l’instar du vrai visage derrière une photo de profil trompeuse, Bluff comporte des aspects décevants lorsqu’on découvre l’œuvre. Cet événement théâtral révolutionne peut-être la façon de présenter les arts vivants par sa technique, mais n’apporte que trop peu au niveau esthétique. L’attrait de cette proposition ne va hélas pas au-delà que d’être la première pièce de théâtre originale diffusée simultanément en trois lieux.
Écriture dramatique : Jean-François Boisvenue et Sophie Gemme. Mise en scène : Mireille Camier. Conception vidéo : Frédéric Saint-Hilaire. Conception sonore : Arthur Champagne. Scénographie : Marie-Ève Fortier. Conception d’éclairages : Lyne Rioux. Conception numérique et direction technique : Valentin Foch. Assistance de production : Luca Mancone. Régie : Laura-Rose R. Grenier. Avec Sarianne Cormier à Montréal, Étienne Jacques à Rouyn-Noranda et Véronique Pascal en tournée. Une coproduction des Productions Quitte ou Double et du Petit Théâtre du Vieux Noranda, en collaboration avec La Société des arts technologiques, présentée le 15 septembre à Rouyn-Noranda (Petit Théâtre du Vieux Noranda), Montréal (Maison de la culture Claude-Léveillé) et Alma (salle Michel-Côté) et le 19 septembre à Rouyn-Noranda (Petit Théâtre du Vieux Noranda), Gaspé (Centre de Création Diffusion) et Sherbrooke (Le Centre Culturel de Sherbrooke).
Pourquoi retoucher ses profils virtuels à son avantage ? Comment être vrai·e tout en protégeant son image ? Voilà le genre de questionnements que soulève Bluff, une pièce de théâtre hybride où les technologies de communication actuelles servent autant le propos que la forme. Avec son concept inusité et intrigant, la production était attendue depuis plusieurs mois. À la suite de deux reports dus aux conditions pandémiques, elle se déploie enfin, et ce, dans plusieurs salles de spectacle en même temps.
Trois interprètes jouent sur trois scènes de trois villes différentes. Malgré les centaines de kilomètres qui séparent ces événements, un dispositif de téléprésence permet de montrer un seul et même spectacle à trois auditoires. Après de courtes explications sur la procédure, les comédiennes Véronique Pascal et Sarianne Cormier ainsi que le comédien Étienne Jacques évoluent dans cet espace virtuel en simultané. Plusieurs caméras, dont certaines manipulées par les artistes, captent l’action aussitôt retransmise afin qu’aucun des publics ne manque quoi que ce soit de l’œuvre. Derrière les interprètes, deux grandes toiles placées tel un livre ouvert servent à projeter les images de leurs collègues. On les voit sous des angles et des éclairages variés, certains peu flatteurs ou trop sombres et d’autres hyperréalistes qui prennent l’apparence d’hologrammes.
La plateforme web utilisée pour la diffusion synchrone de Bluff a été développée par La Société des arts technologiques, collaborant ici avec Les Productions Quitte ou Double et Le Petit Théâtre du Vieux Noranda, qui assurent, de leur côté, le volet artistique de cette création.
L’image comme carapace
Sarianne, Véronique et Étienne s’interrogent sur l’identité idéalisée que l’on se crée en ligne, par opposition à une réalité plus simple, parfois fruste, mais plus pure et authentique. Départager le vrai du faux leur semble de plus en plus complexe. Véronique se demande comment elle peut avoir une relation saine et satisfaisante avec sa copine qui vient d’obtenir un important poste en Europe. Étienne, qui se qualifie de « turbo-menteur », cherche à sauver son couple alors que Sariane remet en question sa quête de perfection. Les auteur·es Sophie Gemme et Jean-François Boisvenue ont puisé leur inspiration dans la vie des interprètes afin de présenter ces tourments fictifs, illustrant par le fait même la limite floue entre le réel et l’imaginaire. Bluff, œuvre de réflexion, s’intéresse à l’apparence, à la véracité et aux mensonges triviaux de notre époque où, plus que jamais, le virtuel prend de l’espace.
Afin d’aborder ce pertinent sujet, quelle idée judicieuse que celle de proposer un environnement où la technologie règne et devient, à la limite, un des personnages principaux. Les comédiennes et le comédien s’échangent des répliques, s’adressent au public, mais interagissent aussi à l’aide de leurs téléphones portables, changent l’emplacement des caméras et manient les projecteurs. Cette mise en scène dynamique de Mireille Camier fait appel autant aux éléments tangibles que potentiels. Et c’est l’intérêt majeur de ce projet qui, sur papier, s’avérait prometteur d’un rendu brillant et galvanisant. Or, le résultat n’offre pas d’étincelles ni d’embrasements. Malheureusement, le texte nous laisse sur notre faim. Le langage réaliste colle parfaitement au sujet, il va de soi, mais manque d’envergure, de poésie et de profondeur. Les préoccupations dont on fait état restent aussi froides que le système informatique qui les transporte. Il s’agit peut-être d’un choix, mais des dialogues plus sanguins et des propos davantage soutenus sauraient mieux capter et maintenir l’attention des spectateurs et spectatrices.
À l’instar du vrai visage derrière une photo de profil trompeuse, Bluff comporte des aspects décevants lorsqu’on découvre l’œuvre. Cet événement théâtral révolutionne peut-être la façon de présenter les arts vivants par sa technique, mais n’apporte que trop peu au niveau esthétique. L’attrait de cette proposition ne va hélas pas au-delà que d’être la première pièce de théâtre originale diffusée simultanément en trois lieux.
Bluff
Écriture dramatique : Jean-François Boisvenue et Sophie Gemme. Mise en scène : Mireille Camier. Conception vidéo : Frédéric Saint-Hilaire. Conception sonore : Arthur Champagne. Scénographie : Marie-Ève Fortier. Conception d’éclairages : Lyne Rioux. Conception numérique et direction technique : Valentin Foch. Assistance de production : Luca Mancone. Régie : Laura-Rose R. Grenier. Avec Sarianne Cormier à Montréal, Étienne Jacques à Rouyn-Noranda et Véronique Pascal en tournée. Une coproduction des Productions Quitte ou Double et du Petit Théâtre du Vieux Noranda, en collaboration avec La Société des arts technologiques, présentée le 15 septembre à Rouyn-Noranda (Petit Théâtre du Vieux Noranda), Montréal (Maison de la culture Claude-Léveillé) et Alma (salle Michel-Côté) et le 19 septembre à Rouyn-Noranda (Petit Théâtre du Vieux Noranda), Gaspé (Centre de Création Diffusion) et Sherbrooke (Le Centre Culturel de Sherbrooke).