Il suffira de quelques secondes à peine après la levée du rideau du nouveau Studio-Cabaret de l’Espace Saint-Denis, anciennement connu comme le Théâtre Saint-Denis, pour flairer la finesse de la proposition artistique – un hommage à la cité cosmopolite qu’est Montréal – qui se déploiera sous nos yeux. Didier Lucien, cherchant les mots justes pour exprimer sa passion dans un écrit épistolaire, atteint un dosage remarquable de lyrisme et d’humour, donnant ainsi le ton à la toute dernière création des 7 Doigts. Mon île, mon cœur s’avère bien davantage une production multidisciplinaire où l’art circassien partage les feux de la rampe avec la musique, la danse et le théâtre qu’un spectacle de cirque à proprement parler. Or, si l’on se languit ça et là de voltiges, sauts et autres éblouissements, l’harmonie, la splendeur visuelle et la convivialité de ce spectacle ont de quoi ravir.
Pablo arrive à Montréal et tombe sous le charme de Marie-Christine, de sa ribambelle d’ami·es, mais aussi, au fil de ses saisons plus ou moins épiques, de la ville elle-même, et décide de s’y établir. Ainsi, plutôt qu’une surenchère de prouesses acrobatiques, on offre au public quelques morceaux choisis, sertis dans une ambiance festive et insérés dans une trame dramaturgique omniprésente et cohérente, menée de main de maître (de piste) par Lucien.
Certains de ces numéros se révèlent de très haute qualité. Pensons au sublime duo au trapèze de Marie-Christine Fournier et Louis-David Simoneau, si inventif, fluide et élégant – avec juste ce qu’il faut de péril pour ajouter aux frissons que sèment déjà la beauté – qu’on pourrait sans doute le voir et le revoir tout en décelant à chaque fois de nouvelles nuances. Dans un autre moment marquant, Marilou Verschelden déploie créativité et virtuosité dans une chorégraphie de roue allemande – entrecoupée de commentaires sur sa découverte et son amour pour la métropole – qui redéfinit les standards de cette discipline.
Charmes urbains
D’autres numéros se montrent plus amusants qu’impressionnants, comme la performance de jonglerie collective avec des bagels, muffins et autres produits de boulange dans un café. Ces prestations, auxquelles on peut ajouter celle de guitare acrobatique, où, littéralement, un artiste joue de la guitare tout en exécutant des figures dans et autour d’une structure épousant la forme d’un de ces escaliers extérieurs montréalais iconiques, ont certainement le mérite de s’inscrire non seulement dans une dramaturgie solide, mais aussi de mettre au service du cirque une iconographie liée au thème abordé, ce qui est une des marques des spectacles circassiens les plus aboutis.
Cette esthétique est soutenue par des projections de fleurs, de neige, d’églises, de balcons et d’autres éléments architecturaux, notamment, qui occupent le mur du fond de la scène ainsi que ceux entourant le parterre, au milieu duquel trône un petit tréteau circulaire, qui, avec deux des tables où sont installé·es spectateurs et spectatrices, servent de compléments à l’aire de jeu principale. Or, rarement a-t-on été témoin d’une utilisation plus convaincante de la vidéo que celle-ci, qui concourt à envelopper l’auditoire dans une atmosphère vibrante et chaleureuse.
Un brin mièvres (et redondants), mais participant certes à cet esprit de bonhomie, d’inclusion et de proximité entre artistes et public qui caractérise le spectacle, des témoignages fusent, vers la fin de la représentation, de différents endroits de la salle. Ce sont les circassien·nes qui évoquent leur rencontre avec Montréal et les séductions qu’elle exerce sur leur âme, un procédé dont les 7 Doigts avaient déjà fait usage en 2014 dans Cuisine et confessions, où il était plutôt question de souvenirs culinaires. Si l’on retrouve la belle humanité de cet opus dans la plus récente création de la compagnie québécoise, on y reconnaît aussi la poésie de Passagers et de Réversible. Un amalgame des plus probants.
Texte : Shana Carroll et Jean-Philippe Lehoux. Idéation et mise en scène : Shana Carroll. Assistance à la mise en scène : Anna Kichtchenko. Conception des éclairages : Yves Aucoin. Conception vidéo : Alexander Nichols. Conception du décor et des accessoires : Ana Cappelluto. Conception des costumes : Camille Thibault-Bédard. Direction musicale : Colin Gagné. Avec Marie-Christine Fournier, Didier Lucien, Natasha Patterson, Pablo Pramparo, Samuel Renaud, Brin Schoellkopf, Louis-David Simoneau, Will Underwood et Marilou Verschelden. Une production des 7 doigts de la main et de France Film, en collaboration avec Montréal complètement cirque, présentée au Studio-Cabaret de l’Espace Saint-Denis jusqu’au 16 octobre 2022.
Il suffira de quelques secondes à peine après la levée du rideau du nouveau Studio-Cabaret de l’Espace Saint-Denis, anciennement connu comme le Théâtre Saint-Denis, pour flairer la finesse de la proposition artistique – un hommage à la cité cosmopolite qu’est Montréal – qui se déploiera sous nos yeux. Didier Lucien, cherchant les mots justes pour exprimer sa passion dans un écrit épistolaire, atteint un dosage remarquable de lyrisme et d’humour, donnant ainsi le ton à la toute dernière création des 7 Doigts. Mon île, mon cœur s’avère bien davantage une production multidisciplinaire où l’art circassien partage les feux de la rampe avec la musique, la danse et le théâtre qu’un spectacle de cirque à proprement parler. Or, si l’on se languit ça et là de voltiges, sauts et autres éblouissements, l’harmonie, la splendeur visuelle et la convivialité de ce spectacle ont de quoi ravir.
Pablo arrive à Montréal et tombe sous le charme de Marie-Christine, de sa ribambelle d’ami·es, mais aussi, au fil de ses saisons plus ou moins épiques, de la ville elle-même, et décide de s’y établir. Ainsi, plutôt qu’une surenchère de prouesses acrobatiques, on offre au public quelques morceaux choisis, sertis dans une ambiance festive et insérés dans une trame dramaturgique omniprésente et cohérente, menée de main de maître (de piste) par Lucien.
Certains de ces numéros se révèlent de très haute qualité. Pensons au sublime duo au trapèze de Marie-Christine Fournier et Louis-David Simoneau, si inventif, fluide et élégant – avec juste ce qu’il faut de péril pour ajouter aux frissons que sèment déjà la beauté – qu’on pourrait sans doute le voir et le revoir tout en décelant à chaque fois de nouvelles nuances. Dans un autre moment marquant, Marilou Verschelden déploie créativité et virtuosité dans une chorégraphie de roue allemande – entrecoupée de commentaires sur sa découverte et son amour pour la métropole – qui redéfinit les standards de cette discipline.
Charmes urbains
D’autres numéros se montrent plus amusants qu’impressionnants, comme la performance de jonglerie collective avec des bagels, muffins et autres produits de boulange dans un café. Ces prestations, auxquelles on peut ajouter celle de guitare acrobatique, où, littéralement, un artiste joue de la guitare tout en exécutant des figures dans et autour d’une structure épousant la forme d’un de ces escaliers extérieurs montréalais iconiques, ont certainement le mérite de s’inscrire non seulement dans une dramaturgie solide, mais aussi de mettre au service du cirque une iconographie liée au thème abordé, ce qui est une des marques des spectacles circassiens les plus aboutis.
Cette esthétique est soutenue par des projections de fleurs, de neige, d’églises, de balcons et d’autres éléments architecturaux, notamment, qui occupent le mur du fond de la scène ainsi que ceux entourant le parterre, au milieu duquel trône un petit tréteau circulaire, qui, avec deux des tables où sont installé·es spectateurs et spectatrices, servent de compléments à l’aire de jeu principale. Or, rarement a-t-on été témoin d’une utilisation plus convaincante de la vidéo que celle-ci, qui concourt à envelopper l’auditoire dans une atmosphère vibrante et chaleureuse.
Un brin mièvres (et redondants), mais participant certes à cet esprit de bonhomie, d’inclusion et de proximité entre artistes et public qui caractérise le spectacle, des témoignages fusent, vers la fin de la représentation, de différents endroits de la salle. Ce sont les circassien·nes qui évoquent leur rencontre avec Montréal et les séductions qu’elle exerce sur leur âme, un procédé dont les 7 Doigts avaient déjà fait usage en 2014 dans Cuisine et confessions, où il était plutôt question de souvenirs culinaires. Si l’on retrouve la belle humanité de cet opus dans la plus récente création de la compagnie québécoise, on y reconnaît aussi la poésie de Passagers et de Réversible. Un amalgame des plus probants.
Mon île, mon cœur
Texte : Shana Carroll et Jean-Philippe Lehoux. Idéation et mise en scène : Shana Carroll. Assistance à la mise en scène : Anna Kichtchenko. Conception des éclairages : Yves Aucoin. Conception vidéo : Alexander Nichols. Conception du décor et des accessoires : Ana Cappelluto. Conception des costumes : Camille Thibault-Bédard. Direction musicale : Colin Gagné. Avec Marie-Christine Fournier, Didier Lucien, Natasha Patterson, Pablo Pramparo, Samuel Renaud, Brin Schoellkopf, Louis-David Simoneau, Will Underwood et Marilou Verschelden. Une production des 7 doigts de la main et de France Film, en collaboration avec Montréal complètement cirque, présentée au Studio-Cabaret de l’Espace Saint-Denis jusqu’au 16 octobre 2022.