Présentée en formule 5 à 7 à La Bordée, S’aimer ben paquetée est une œuvre intimiste à l’humour cinglant, le témoignage authentique d’une femme sur son cheminement à travers la sobriété. Conçue à partir des textes publiés par l’autrice Cristina Moscini sur son blogue, cette pièce à personnage unique met en valeur sa plume singulière, drôle, poétique et percutante.
La protagoniste, interprétée par la talentueuse Ariel Charest, raconte, sur un ton anecdotique, divers souvenirs liés à sa consommation d’alcool. Le décor épuré rappelle le spectacle d’humour (tabouret, bouteille d’eau et micro sur pied), d’autant plus que la salle est aménagée selon le style cabaret, avec des tables bistrots et un bar. Ce choix scénographique sert adroitement l’œuvre, puisque l’attention du public est entièrement portée sur la comédienne et sur la qualité littéraire du monologue, en plus de placer, ironiquement, l’auditoire dans un contexte de consommation.
Par ailleurs, l’usage de codes propres au stand up, comme, par exemple, les clins d’œil et les doigts flingueurs adressés à la foule, vient habilement relever les éléments comiques du texte, qui désamorcent la tension dramatique de la pièce. Pensons, notamment, au segment hilarant où elle confesse son inconfort d’apprivoiser la sexualité à jeun, de « fourrer sans filtre », sans aucun artifice pour masquer le manque de chimie avec l’autre ou pour décomplexer le fait de « baiser pour baiser », en étant indifférente à son partenaire.
S’affranchir de la dépendance
L’héroïne relate, amusée, ses déboires multiples, lorsque ses sens et ses émotions décuplées par l’ivresse lui donnaient l’impression d’être « intuable ». Avec une lucidité désarmante, elle revient sur ses moments de prise de conscience, sur les revers des soirées euphoriques au bar qui l’ont menée à choisir la sobriété : les blackouts, la perte de contrôle, l’éternelle gueule de bois, les dettes… Elle évoque aussi la relation trouble qu’elle a développé avec l’alcool en grandissant, la manière dont l’intoxication lui a servi à noyer son mal-être, comment ça lui a permis de se donner la force de surmonter, entre autres, des événements traumatiques de son enfance, dont la dépendance problématique de ses propres parents.
S’aimer ben paquetée met en scène les aveux touchants et généreux d’une femme qui explique vouloir, à l’avenir, « devant un ciel gris, le voir à moitié blanc plutôt qu’à moitié noir ». Le rôle convient à merveille à Ariel Charest ; son dynamisme et sa verve comique rendent avec fidélité – et même rehaussent – le style littéraire humoristique de Cristina Moscini. La comédienne incarne avec brio ce personnage aux anecdotes truculentes, autant dans sa désinvolture et ses blagues décapantes que dans sa sensibilité et sa fierté d’avoir atteint la sobriété. D’avoir, dit-elle, « échang[é] l’amertume de la honte pour le miel du triomphe ». Le récit que nous livre la protagoniste ébranle et émeut, nous incitant, sans visée moralisatrice, à réfléchir au rapport ritualisé qu’on entretient collectivement – et personnellement – avec l’alcool.
Texte : Cristina Moscini. Mise en scène : Pascale Renaud-Hébert. Éclairages : Maude Groleau. Décor et costumes : Ariel Charest et Pascale Renaud-Hébert. Conception sonore : Vincent Roy. Régie : Marie-Josée Godin. Avec Ariel Charest. Une production du Théâtre Kata, en codiffusion avec La Bordée, présentée au théâtre La Bordée jusqu’au 16 décembre 2022.
Présentée en formule 5 à 7 à La Bordée, S’aimer ben paquetée est une œuvre intimiste à l’humour cinglant, le témoignage authentique d’une femme sur son cheminement à travers la sobriété. Conçue à partir des textes publiés par l’autrice Cristina Moscini sur son blogue, cette pièce à personnage unique met en valeur sa plume singulière, drôle, poétique et percutante.
La protagoniste, interprétée par la talentueuse Ariel Charest, raconte, sur un ton anecdotique, divers souvenirs liés à sa consommation d’alcool. Le décor épuré rappelle le spectacle d’humour (tabouret, bouteille d’eau et micro sur pied), d’autant plus que la salle est aménagée selon le style cabaret, avec des tables bistrots et un bar. Ce choix scénographique sert adroitement l’œuvre, puisque l’attention du public est entièrement portée sur la comédienne et sur la qualité littéraire du monologue, en plus de placer, ironiquement, l’auditoire dans un contexte de consommation.
Par ailleurs, l’usage de codes propres au stand up, comme, par exemple, les clins d’œil et les doigts flingueurs adressés à la foule, vient habilement relever les éléments comiques du texte, qui désamorcent la tension dramatique de la pièce. Pensons, notamment, au segment hilarant où elle confesse son inconfort d’apprivoiser la sexualité à jeun, de « fourrer sans filtre », sans aucun artifice pour masquer le manque de chimie avec l’autre ou pour décomplexer le fait de « baiser pour baiser », en étant indifférente à son partenaire.
S’affranchir de la dépendance
L’héroïne relate, amusée, ses déboires multiples, lorsque ses sens et ses émotions décuplées par l’ivresse lui donnaient l’impression d’être « intuable ». Avec une lucidité désarmante, elle revient sur ses moments de prise de conscience, sur les revers des soirées euphoriques au bar qui l’ont menée à choisir la sobriété : les blackouts, la perte de contrôle, l’éternelle gueule de bois, les dettes… Elle évoque aussi la relation trouble qu’elle a développé avec l’alcool en grandissant, la manière dont l’intoxication lui a servi à noyer son mal-être, comment ça lui a permis de se donner la force de surmonter, entre autres, des événements traumatiques de son enfance, dont la dépendance problématique de ses propres parents.
S’aimer ben paquetée met en scène les aveux touchants et généreux d’une femme qui explique vouloir, à l’avenir, « devant un ciel gris, le voir à moitié blanc plutôt qu’à moitié noir ». Le rôle convient à merveille à Ariel Charest ; son dynamisme et sa verve comique rendent avec fidélité – et même rehaussent – le style littéraire humoristique de Cristina Moscini. La comédienne incarne avec brio ce personnage aux anecdotes truculentes, autant dans sa désinvolture et ses blagues décapantes que dans sa sensibilité et sa fierté d’avoir atteint la sobriété. D’avoir, dit-elle, « échang[é] l’amertume de la honte pour le miel du triomphe ». Le récit que nous livre la protagoniste ébranle et émeut, nous incitant, sans visée moralisatrice, à réfléchir au rapport ritualisé qu’on entretient collectivement – et personnellement – avec l’alcool.
S’aimer ben paquetée
Texte : Cristina Moscini. Mise en scène : Pascale Renaud-Hébert. Éclairages : Maude Groleau. Décor et costumes : Ariel Charest et Pascale Renaud-Hébert. Conception sonore : Vincent Roy. Régie : Marie-Josée Godin. Avec Ariel Charest. Une production du Théâtre Kata, en codiffusion avec La Bordée, présentée au théâtre La Bordée jusqu’au 16 décembre 2022.