À 13 ans, la comédienne Monique Spaziani a appris par sa mère que son père biologique n’était pas celui qu’elle croyait ; mais ce n’est qu’en 2018 qu’elle est entrée en contact avec son demi-frère, qui, par la transmission d’archives familiales empoussiérées, lui a permis de découvrir la vérité sur ses origines. Non seulement son père n’était ni Italien ni Polonais, mais c’était un ancien espion !
La pièce prend la forme d’une enquête et nous conduit de surprise en surprise, à l’image du vécu de la comédienne. Pour raconter cette aventure hors du commun, celle-ci partage la scène avec sa véritable famille : sa fille, Philomène Bilodeau, qui, en plus d’interpréter une version exagérée d’elle-même, se met dans la peau de la traductrice allemande qui a déchiffré les centaines de documents légués par le mystérieux paternel (interprétation un peu trop caricaturale, bien que cela soit fait sciemment) ; et son demi-frère, Robert, agriculteur de métier, qui a accepté de monter sur les planches pour l’occasion. On imagine la charge émotionnelle d’une telle expérience, même si la fiction se mêle à la vérité.
Une vie, mille histoires
Le titre de la pièce évoque les mille facettes de notre identité individuelle, fruit de multiples expériences, ainsi que la variété des impressions et souvenirs que l’on peut imprimer sur l’autre. On peut compter sur Olivier Kemeid pour donner une dimension éminemment théâtrale à ce récit. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il entreprend une telle démarche : son remarquable spectacle Moi, dans les ruines rouges du siècle était ainsi inspiré de la vie du comédien Sasha Samar. Si on retrouve ici le ton empreint d’humour, cette nouvelle création ne possède pas le même caractère épique ni la même profondeur. On regrette notamment de ne pas bien saisir ce qui a motivé chez Spaziani cette recherche tardive de ses origines, et de ne faire qu’effleurer l’impact des diverses révélations chez les personnes concernées.
Sur scène, un trio de musique klezmer omniprésent interprète les compositions de Josh Dolgin (alias Socalled), et évoque ainsi les origines juives de la famille. Au-delà de la biographie se pose la question de la transmission et de la façon dont les traumatismes et les secrets peuvent laisser leur marque sur la descendance. Un autre aspect qui aurait mérité qu’on s’y attarde autrement qu’au travers d’anecdotes somme toute peu signifiantes.
Mise en scène par un autre habitué des réflexions sur l’identité et les origines, Mani Soleymanlou (Un, Deux, Trois), la pièce crée toutefois un véritable suspense, mêle habilement le passé et le présent, et combine intelligemment la musique, les lumières, la vidéo, et l’utilisation des accessoires en un tout cohérent et fort bien construit. Mais le vrai fil conducteur, c’est bien Monique Spaziani elle-même, ce fruit de la passion, qui nous offre un morceau de son intimité avec pétulance et générosité.
Texte : Olivier Kemeid. Mise en scène : Mani Soleymanlou. Inspiratrice : Monique Spaziani. Interprétation : Philomène Bilodeau, Robert Polka, Monique Spaziani. Interprétation (musique) : Eden Glasman (violon), Zafer Mamilli (violon), Damian Nisenson (saxophone), Steve Raegele (guitare), Jean-Sebastien Williams (guitare). Assistance à la mise en scène : Jean Gaudreau. Dramaturgie : Chloé Gagné Dion. Lumière : Chantal Labonté. Costumes : Cynthia St-Gelais. Conception sonore : Larsen Lupin. Compositeur : Josh « Socalled » Dolgin. Décor : Simon Guilbault. Conception vidéo : Mathieu Roy. Maquillage et coiffure : Sylvie Rolland Provost. Accessoires : Fany McCrae. Une production du Théâtre de Quat’Sous, d’Orange Noyée et de Trois Tristes Tigres, présentée au Théâtre de Quat’Sous jusqu’au 25 mars 2023.
À 13 ans, la comédienne Monique Spaziani a appris par sa mère que son père biologique n’était pas celui qu’elle croyait ; mais ce n’est qu’en 2018 qu’elle est entrée en contact avec son demi-frère, qui, par la transmission d’archives familiales empoussiérées, lui a permis de découvrir la vérité sur ses origines. Non seulement son père n’était ni Italien ni Polonais, mais c’était un ancien espion !
La pièce prend la forme d’une enquête et nous conduit de surprise en surprise, à l’image du vécu de la comédienne. Pour raconter cette aventure hors du commun, celle-ci partage la scène avec sa véritable famille : sa fille, Philomène Bilodeau, qui, en plus d’interpréter une version exagérée d’elle-même, se met dans la peau de la traductrice allemande qui a déchiffré les centaines de documents légués par le mystérieux paternel (interprétation un peu trop caricaturale, bien que cela soit fait sciemment) ; et son demi-frère, Robert, agriculteur de métier, qui a accepté de monter sur les planches pour l’occasion. On imagine la charge émotionnelle d’une telle expérience, même si la fiction se mêle à la vérité.
Une vie, mille histoires
Le titre de la pièce évoque les mille facettes de notre identité individuelle, fruit de multiples expériences, ainsi que la variété des impressions et souvenirs que l’on peut imprimer sur l’autre. On peut compter sur Olivier Kemeid pour donner une dimension éminemment théâtrale à ce récit. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il entreprend une telle démarche : son remarquable spectacle Moi, dans les ruines rouges du siècle était ainsi inspiré de la vie du comédien Sasha Samar. Si on retrouve ici le ton empreint d’humour, cette nouvelle création ne possède pas le même caractère épique ni la même profondeur. On regrette notamment de ne pas bien saisir ce qui a motivé chez Spaziani cette recherche tardive de ses origines, et de ne faire qu’effleurer l’impact des diverses révélations chez les personnes concernées.
Sur scène, un trio de musique klezmer omniprésent interprète les compositions de Josh Dolgin (alias Socalled), et évoque ainsi les origines juives de la famille. Au-delà de la biographie se pose la question de la transmission et de la façon dont les traumatismes et les secrets peuvent laisser leur marque sur la descendance. Un autre aspect qui aurait mérité qu’on s’y attarde autrement qu’au travers d’anecdotes somme toute peu signifiantes.
Mise en scène par un autre habitué des réflexions sur l’identité et les origines, Mani Soleymanlou (Un, Deux, Trois), la pièce crée toutefois un véritable suspense, mêle habilement le passé et le présent, et combine intelligemment la musique, les lumières, la vidéo, et l’utilisation des accessoires en un tout cohérent et fort bien construit. Mais le vrai fil conducteur, c’est bien Monique Spaziani elle-même, ce fruit de la passion, qui nous offre un morceau de son intimité avec pétulance et générosité.
Mille
Texte : Olivier Kemeid. Mise en scène : Mani Soleymanlou. Inspiratrice : Monique Spaziani. Interprétation : Philomène Bilodeau, Robert Polka, Monique Spaziani. Interprétation (musique) : Eden Glasman (violon), Zafer Mamilli (violon), Damian Nisenson (saxophone), Steve Raegele (guitare), Jean-Sebastien Williams (guitare). Assistance à la mise en scène : Jean Gaudreau. Dramaturgie : Chloé Gagné Dion. Lumière : Chantal Labonté. Costumes : Cynthia St-Gelais. Conception sonore : Larsen Lupin. Compositeur : Josh « Socalled » Dolgin. Décor : Simon Guilbault. Conception vidéo : Mathieu Roy. Maquillage et coiffure : Sylvie Rolland Provost. Accessoires : Fany McCrae. Une production du Théâtre de Quat’Sous, d’Orange Noyée et de Trois Tristes Tigres, présentée au Théâtre de Quat’Sous jusqu’au 25 mars 2023.