Force est d’admettre que l’auteur et metteur en scène Hugo Bélanger n’en avait pas encore fini avec les œuvres de Lewis Carroll. Alors que pendant plus d’une décennie, son adaptation d’Alice au pays des merveilles a foulé les planches de nombre de théâtres en Amérique, en Asie et au Moyen-Orient, il reprend ici le personnage du roman Alice de l’autre côté du miroir. Or, cette fois-ci, Hugo Bélanger n’emprunte que bien peu à l’auteur anglais.
Alice ne veut pas dormir. Ses parents la somment de se coucher, mais elle cherche toujours le personnage principal du spectacle qu’elle prépare. Attirée par des applaudissements, elle passe à travers sa psyché pour découvrir l’envers du décor. La comparaison avec le récit onirique de Carroll s’arrête à ce passage. Hugo Bélanger nous raconte ensuite les aventures de la jeune Alice qui, après l’étonnement, désire bien rebrousser chemin vers son lit. Mais de ce côté du miroir, elle croise des personnages fantaisistes librement inspirés des divers métiers de la scène et de ses coulisses. Une diva glorieuse, une muse, un souffleur, une costumière tricoteuse d’idée, un fantôme et bien d’autres viennent tour à tour l’aider ou la confondre dans sa quête.
Le monde est un théâtre
Cette production du Théâtre Tout à Trac est un hommage assumé aux rouages de la scène, à l’univers du spectacle et du théâtre. Les références et les allusions fusent à tel point qu’on se demande parfois si la pièce s’adresse aux artisan·es qu’on y pastiche joliment plutôt qu’aux enfants de 6 à 12 ans. Mais cela ne gâche en rien le plaisir de l’auditoire. De l’agent d’artiste félon au technicien toujours posté au bon endroit, tous les clichés y passent. Même les critiques, qui encensent lorsqu’ils ne comprennent rien, ont droit de mention.
Le rythme fougueux et le ton humoristique, voire spirituel, de la pièce font leur effet. L’auteur s’amuse avec les mots, les images et les idées de manière intelligente malgré certaines répétitions. Bien qu’Alice, dans ce récit initiatique, cumule les apprentissages, certaines rencontres servent peu la narration au-delà du comique qu’offre la situation.
La mise en scène est en parfaite union avec le texte. Dans une grande fluidité, on bouge constamment à travers le décor coloré. Le jeu des comédiennes et des comédiens est d’ailleurs très physique. Audrey Guériguian joue une Alice à la fois candide et ardente, elle mène ce bal allégorique avec brio. Chancun·es des autres interprètes se transforment en plusieurs personnages au fil de l’histoire. Claude Tremblay et Geneviève Saint-Louis forment un savoureux duo comique avec le metteur en scène et l’insistante assistante. Philomène Lévesque-Rainville semble flotter au-dessus des planches dans son rôle de tragédienne exaltée. Puis, dans un style burlesque, Félix Monette-Dubeau est parfait en ventriloque qui aime un peu trop le jus de raisin.
Fidèle à son goût pour le merveilleux, Hugo Bélanger se sert autant des objets que des humains pour faire rêver. L’utilisation de marionnettes offre des tableaux à la fois originaux et gracieux, comme celui du fantôme du théâtre ou encore celui de la costumière qui, avec ses multiples bras, ressemble à une grande araignée très occupée.
Reprendre le personnage d’Alice de Lewis Carroll permet d’explorer les possibles de l’imaginaire, un choix seyant pour parler de théâtre aux enfants. Alice de l’autre côté fascine et éduque en faisant voyager le jeune public au cœur d’un domaine qui fait rêver.
Texte et mise en scène : Hugo Bélanger. Interprétation : Audrey Guériguian, Philomène Lévesque-Rainville, Félix Monette-Dubeau, Geneviève Saint-Louis et Claude Tremblay. Assistance à la mise en scène : Stéphanie Raymond. Direction de production : Michel Tremblay. Conception décor et accessoires : Patrice Charbonneau-Brunelle. Assistance aux décors : David Poisson. Conception costumes : Marie-Chantale Vaillancourt. Assistance aux costumes : Pascale Bassani. Éclairages : Luc Prairie. Musique originale et environnement sonore : Ludovic Bonnier. Conception des maquillages : Véronique St-Germain. Confection marionnettes : Angela Rassenti. Une production du Théâtre Tout à Trac, pour les 6-12 ans, présentée à la Maison Théâtre du 10 au 28 mai 2023.
Force est d’admettre que l’auteur et metteur en scène Hugo Bélanger n’en avait pas encore fini avec les œuvres de Lewis Carroll. Alors que pendant plus d’une décennie, son adaptation d’Alice au pays des merveilles a foulé les planches de nombre de théâtres en Amérique, en Asie et au Moyen-Orient, il reprend ici le personnage du roman Alice de l’autre côté du miroir. Or, cette fois-ci, Hugo Bélanger n’emprunte que bien peu à l’auteur anglais.
Alice ne veut pas dormir. Ses parents la somment de se coucher, mais elle cherche toujours le personnage principal du spectacle qu’elle prépare. Attirée par des applaudissements, elle passe à travers sa psyché pour découvrir l’envers du décor. La comparaison avec le récit onirique de Carroll s’arrête à ce passage. Hugo Bélanger nous raconte ensuite les aventures de la jeune Alice qui, après l’étonnement, désire bien rebrousser chemin vers son lit. Mais de ce côté du miroir, elle croise des personnages fantaisistes librement inspirés des divers métiers de la scène et de ses coulisses. Une diva glorieuse, une muse, un souffleur, une costumière tricoteuse d’idée, un fantôme et bien d’autres viennent tour à tour l’aider ou la confondre dans sa quête.
Le monde est un théâtre
Cette production du Théâtre Tout à Trac est un hommage assumé aux rouages de la scène, à l’univers du spectacle et du théâtre. Les références et les allusions fusent à tel point qu’on se demande parfois si la pièce s’adresse aux artisan·es qu’on y pastiche joliment plutôt qu’aux enfants de 6 à 12 ans. Mais cela ne gâche en rien le plaisir de l’auditoire. De l’agent d’artiste félon au technicien toujours posté au bon endroit, tous les clichés y passent. Même les critiques, qui encensent lorsqu’ils ne comprennent rien, ont droit de mention.
Le rythme fougueux et le ton humoristique, voire spirituel, de la pièce font leur effet. L’auteur s’amuse avec les mots, les images et les idées de manière intelligente malgré certaines répétitions. Bien qu’Alice, dans ce récit initiatique, cumule les apprentissages, certaines rencontres servent peu la narration au-delà du comique qu’offre la situation.
La mise en scène est en parfaite union avec le texte. Dans une grande fluidité, on bouge constamment à travers le décor coloré. Le jeu des comédiennes et des comédiens est d’ailleurs très physique. Audrey Guériguian joue une Alice à la fois candide et ardente, elle mène ce bal allégorique avec brio. Chancun·es des autres interprètes se transforment en plusieurs personnages au fil de l’histoire. Claude Tremblay et Geneviève Saint-Louis forment un savoureux duo comique avec le metteur en scène et l’insistante assistante. Philomène Lévesque-Rainville semble flotter au-dessus des planches dans son rôle de tragédienne exaltée. Puis, dans un style burlesque, Félix Monette-Dubeau est parfait en ventriloque qui aime un peu trop le jus de raisin.
Fidèle à son goût pour le merveilleux, Hugo Bélanger se sert autant des objets que des humains pour faire rêver. L’utilisation de marionnettes offre des tableaux à la fois originaux et gracieux, comme celui du fantôme du théâtre ou encore celui de la costumière qui, avec ses multiples bras, ressemble à une grande araignée très occupée.
Reprendre le personnage d’Alice de Lewis Carroll permet d’explorer les possibles de l’imaginaire, un choix seyant pour parler de théâtre aux enfants. Alice de l’autre côté fascine et éduque en faisant voyager le jeune public au cœur d’un domaine qui fait rêver.
Alice de l’autre côté
Texte et mise en scène : Hugo Bélanger. Interprétation : Audrey Guériguian, Philomène Lévesque-Rainville, Félix Monette-Dubeau, Geneviève Saint-Louis et Claude Tremblay. Assistance à la mise en scène : Stéphanie Raymond. Direction de production : Michel Tremblay. Conception décor et accessoires : Patrice Charbonneau-Brunelle. Assistance aux décors : David Poisson. Conception costumes : Marie-Chantale Vaillancourt. Assistance aux costumes : Pascale Bassani. Éclairages : Luc Prairie. Musique originale et environnement sonore : Ludovic Bonnier. Conception des maquillages : Véronique St-Germain. Confection marionnettes : Angela Rassenti. Une production du Théâtre Tout à Trac, pour les 6-12 ans, présentée à la Maison Théâtre du 10 au 28 mai 2023.