JEU des 5 questions

Le sacre de Lila : Cinq questions à Ismaël Mouaraki

© Philippe Provencher

Il semble, d’après sa présentation, que Le sacre de Lila représente probablement la chorégraphie la plus personnelle que vous ayez créée jusqu’ici ?

C’est vrai. Après 25 ans de création, je ressentais enfin le besoin de parler de mes origines marocaines et de les exprimer sur scène. C’était une étape importante dans mon cheminement personnel et artistique, et j’ai choisi de partager mon Maroc à travers cette œuvre.

Dans la bande-annonce, il émerge de votre chorégraphie une sensation d’exubérance, voire de jubilation, non ?

En effet, mon objectif était de mettre en avant la culture du corps, de la danse et de la musique au Maroc, et de montrer la valeur spirituelle qui s’en dégage. La cérémonie de Lila, qui est célébrée dans cette pièce, est une invitation à la liberté, au bien-être à travers le mouvement, le rythme et la danse, ce qui crée cette ambiance d’exubérance et de joie dans la pièce.

On pourrait donc y voir aussi une sorte de célébration de votre démarche personnelle ?

Le sacre de Lila peut être perçu comme une célébration de mon parcours unique en tant que Franco-Québécois d’origine marocaine. En partageant ma culture et en réunissant des danseurs du Québec et du Maroc sur scène, je célèbre cette diversité culturelle et je la partage avec le public. C’est une manière de montrer comment différentes cultures peuvent se rassembler et s’enrichir mutuellement.

© Sylvie-Ann Paré

Les mythes et la spiritualité vous inspirent, comment travaillez-vous avec les interprètes pour faire passer dans le corps ce qu’on peut voir comme des abstractions ?

Pour le corps des interprètes, j’ai une approche bien précise. Je les guide et les accompagne pour qu’ils comprennent la valeur spirituelle qui réside dans leur danse, sans nécessairement adhérer à une croyance particulière. L’idée est de leur faire ressentir un bien-être profond à travers le mouvement, l’espace et la musique. Cela crée une vibration physique qui transcende les abstractions et leur permet de s’approprier pleinement la chorégraphie.

Vous célébrez 25 ans de travail comme chorégraphe et les 20 ans de votre compagnie Destins Croisés, c’est le temps des bilans. Où cela vous mènera-t-il dans les œuvres ?

C’est effectivement le temps des bilans, mais aussi de nouvelles perspectives. Mon expérience m’a permis de me sentir prêt à partager davantage ma culture et mes influences artistiques dans mes futures créations. Je souhaite continuer à explorer différentes formes artistiques, mélanger les genres, et aborder des sujets importants tout en restant ouvert aux surprises et aux évolutions. Pour moi, le mouvement est essentiel, et je continuerai à prendre des risques et à évoluer avec chaque nouvelle œuvre que je crée.

Le sacre de Lila est présenté le mercredi 9 août 2023 dans le cadre du Festival international du Domaine Forget dans Charlevoix.

© Sylvie-Ann Paré