JEU des 5 questions

Ximena Ferrer en cinq questions

© Camille Tellier

Ximena Ferrer est une comédienne d’origine uruguayenne arrivée à Montréal en 2013. Elle est codirectrice générale et artistique de la compagnie Singulier Pluriel, fondée par sa collègue Julie Vincent. En 2016, elle était de la distribution de La Mondiola présentée dans une maison de la rue Fullum où elle met en scène, du 2 au 30 septembre, DESEO. JEU lui a posé cinq questions.

1- Vous avez fait votre marque rapidement à Montréal. Peut-on savoir ce qui vous y a amenée ?

Mon conjoint est québécois. Il étudiait à Montevideo, la ville où j’ai grandi et où j’ai débuté ma carrière au théâtre. Nous nous y sommes rencontrés en 2006 et après des détours à La Pocatière, Baie-Comeau et Buenos Aires, je me suis installée à Montréal en 2013.

2- Après La Mondiola, le public pourra retourner avec vous dans la maison de la rue Fullum. Pourquoi ce théâtre intime vous intéresse-t-il tant ?

La proximité entre le public et les actrices fait que les échanges sont très intenses. C’est ce que nous poussons plus loin avec DESEO. C’est ce qui m’interpelle le plus, l’intensité. J’aime que le spectateur n’ait pas beaucoup d’espace pour intellectualiser ce qu’il voit, qu’il vive la pièce à travers les émotions. En tant que spectatrice, j’aime voir le corps de l’interprète se transformer devant moi, voir les gestes, sentir la chaleur, la sueur même ! Les corps vivent, ils sont puissants. C’est incroyable ce que peut faire et transmettre physiquement un acteur ou une actrice. L’espace qu’offre une maison permet de mettre en valeur cette puissance !

© Singulier Pluriel

3- Jouer à quelques centimètres du public reste particulier. Comment s’est passé le travail avec les comédiennes Alexandrine Agostini, Stéphanie B. Dumont, Catalina Pop, Josée Rivard et Jacqueline Van De Geer ?

Le défi avec ce genre de proposition est de permettre à l’intensité de la théâtralité d’exister, mais comme si nous étions au cinéma en plans plus cadrés. Le public croit qu’il va assister à quelque chose de subtil ou de réaliste, mais c’est tout le contraire que je propose grâce au travail d’interprétation. Je cherche à amener les actrices à des états presque altérés, pour jouer à la limite des expressions. Pour moi, l’espace théâtral ne s’inscrit pas dans les mêmes temps, dans les mêmes rythmes que le réel. Les personnages doivent être dans un état irréel, non pas réaliste pour raconter une histoire qu’on sait irréelle… Avec l’équipe d’actrices de DESEO, la proximité s’est installée rapidement. Elles se jettent dans l’intime afin de sentir le public. Elles avaient déjà été exposées à ce type de proposition. Grâce à leur talent et à leur enthousiasme, notre travail a été très organique et extrêmement stimulant.

4- La pièce réunit des textes d’autrices uruguayennes et québécoises. Il semble s’en détacher des thèmes de résilience et de force ?

Choisir deux autrices uruguayennes et deux québécoises était essentiel pour moi. Ces cultures me traversent et je ne pouvais pas concevoir ce spectacle sans incorporer les deux perspectives. Je dirais que, plus que la résilience et la force de ces femmes, ce sont la passion, l’amour, le manque d’amour, l’humour et le fait qu’elles ne cherchent pas ni ne prétendent être des « super women » qui ressortent de DESEO. Ces femmes exposent de manière brutale leurs émotions. Personne ne peut rester indifférent.

5- Vous vivez une rentrée très chargée, pourriez-vous, en terminant, nous parler de votre rôle dans Providencia, présentée aux Écuries du 19 au 30 septembre ?

En effet, mon mois de septembre est plus qu’occupé !!! Providencia est un texte rempli d’humour, écrit par l’autrice Mariana Tayler, qui raconte les péripéties d’une famille colombienne pendant des funérailles. Nous sommes huit acteurs et actrices d’origine latino-américaine sur scène. J’y interprète une tante, Margarita, une femme de pouvoir, une « business woman ». Tout le contraire de moi ! Cela en fait un défi exquis en tant qu’actrice.