Grand retour de l’international au Festival Phénomena qui se déroule jusqu’au 21 octobre à Montréal. À tout seigneur, tout honneur. Le performeur et artiste visuel français Olivier de Sagazan nous revient avec La messe de l’âne, lui qui avait créé l’événement en 2016 avec son solo Transfiguration. Cette fois, il partage la scène avec d’autres personnages sur lesquels la glaise et la peinture créent des visions hallucinantes et des tableaux spectaculaires.
Vous naviguez entre performance et théâtre ou danse dans vos spectacles qui s’avèrent différents tous les soirs puisqu’une part d’improvisation est utilisée. Que cherchez-vous à faire surgir sur scène avec, cette fois, plusieurs interprètes ?
Ce qui caractérise pour moi la performance c’est une liberté immense dans laquelle l’improvisation et la transe sont des éléments clés dans la construction de l’œuvre. A contrario, dans un spectacle avec plusieurs interprètes, on est contraint par des questions de temps et donc de rendez-vous entre les danseurs. Des moments de liberté intense peuvent tout de même avoir lieu, seul ou à plusieurs et l’improvisation, alors, demeure. Dans tous les cas, ce qu’il importe c’est de faire monter la vie sur scène. Quand un acteur est brillant, c’est qu’il va effectivement revivre quelque chose comme si c’était la première fois et dans cet état d’autohypnose, on est à nouveau devant la vie. Pour moi, performance et spectacle visent la même chose par des chemins différents. Nous avons effectivement dans le spectacle conventionnel une part d’écriture plus importante qui porte le risque de statufier le mouvement des acteurs. Il peut y avoir alors une sorte de sur-jeu, ce qui devient lourd, ce qui fait que la vie n’est pas au rendez-vous. Mais encore une fois, d’excellents interprètes peuvent y pallier. Reste la question du sens de notre place sur scène. Dans une performance comme dans un spectacle conventionnel, il s’agit toujours, pour le metteur en scène, de dire quelque chose et, en cela, d’énoncer un point de vue sur le monde. Je ne vois pas ici de différence majeure entre les deux formes d’expression si ce n’est que la performance aura nécessairement un caractère plus ambigu, car l’inconscient y a toute sa part. En fait, nous reprenons ici une vieille causerie philosophique entre les créations « par corps » et celles « par l’intellect ». C’est toute la question du sensible et de l’intelligible que chaque metteur en scène devra doser. Pour ma part, vous l’aurez compris, le sensible et la folie sont des marqueurs essentiels dans mon œuvre en ce qu’ils traduisent, à mon sens parfaitement, l’état de nos sociétés actuelles.
La messe de l’âne est présentée dans le cadre du Festival Phénomena les 5 et 6 octobre 2023 à l’Usine C.
Grand retour de l’international au Festival Phénomena qui se déroule jusqu’au 21 octobre à Montréal. À tout seigneur, tout honneur. Le performeur et artiste visuel français Olivier de Sagazan nous revient avec La messe de l’âne, lui qui avait créé l’événement en 2016 avec son solo Transfiguration. Cette fois, il partage la scène avec d’autres personnages sur lesquels la glaise et la peinture créent des visions hallucinantes et des tableaux spectaculaires.
Vous naviguez entre performance et théâtre ou danse dans vos spectacles qui s’avèrent différents tous les soirs puisqu’une part d’improvisation est utilisée. Que cherchez-vous à faire surgir sur scène avec, cette fois, plusieurs interprètes ?
Ce qui caractérise pour moi la performance c’est une liberté immense dans laquelle l’improvisation et la transe sont des éléments clés dans la construction de l’œuvre. A contrario, dans un spectacle avec plusieurs interprètes, on est contraint par des questions de temps et donc de rendez-vous entre les danseurs. Des moments de liberté intense peuvent tout de même avoir lieu, seul ou à plusieurs et l’improvisation, alors, demeure. Dans tous les cas, ce qu’il importe c’est de faire monter la vie sur scène. Quand un acteur est brillant, c’est qu’il va effectivement revivre quelque chose comme si c’était la première fois et dans cet état d’autohypnose, on est à nouveau devant la vie. Pour moi, performance et spectacle visent la même chose par des chemins différents. Nous avons effectivement dans le spectacle conventionnel une part d’écriture plus importante qui porte le risque de statufier le mouvement des acteurs. Il peut y avoir alors une sorte de sur-jeu, ce qui devient lourd, ce qui fait que la vie n’est pas au rendez-vous. Mais encore une fois, d’excellents interprètes peuvent y pallier. Reste la question du sens de notre place sur scène. Dans une performance comme dans un spectacle conventionnel, il s’agit toujours, pour le metteur en scène, de dire quelque chose et, en cela, d’énoncer un point de vue sur le monde. Je ne vois pas ici de différence majeure entre les deux formes d’expression si ce n’est que la performance aura nécessairement un caractère plus ambigu, car l’inconscient y a toute sa part. En fait, nous reprenons ici une vieille causerie philosophique entre les créations « par corps » et celles « par l’intellect ». C’est toute la question du sensible et de l’intelligible que chaque metteur en scène devra doser. Pour ma part, vous l’aurez compris, le sensible et la folie sont des marqueurs essentiels dans mon œuvre en ce qu’ils traduisent, à mon sens parfaitement, l’état de nos sociétés actuelles.
La messe de l’âne est présentée dans le cadre du Festival Phénomena les 5 et 6 octobre 2023 à l’Usine C.