Depuis 2012, Katia-Marie Germain crée et diffuse ses projets dans divers lieux et festivals, notamment en Belgique, au Chili, en France et en Italie. Son travail a été souligné par diverses distinctions : la bourse FARE, les prix David-Kilburn, Pierre-Lapointe et Découverte de la danse de Montréal. C’est la première fois qu’elle n’est pas chorégraphe et interprète avec sa nouvelle pièce Mascarades.
Est-ce que votre Prix Découverte en 2018 vous a aidée dans votre carrière ?
Je pense que ce prix a pu contribuer à me faire connaître et à donner une certaine forme de crédibilité à ma démarche face au milieu de la diffusion. L’année 2019 a été celle où j’ai le plus tourné, incluant des premières expériences de diffusion à l’international. Évidemment cet élan a été freiné avec la pandémie de 2020.
On voit l’hybridité surgir partout en création. Les arts visuels et le cinéma sont importants pour vous, comment cela émerge de Mascarades ?
Même si mes œuvres sont foncièrement chorégraphiques, je prends plaisir à jouer avec les codes d’autres disciplines. J’ai d’abord eu un parcours en arts visuels avant de me diriger, tardivement, vers la danse. Je pense que ma façon d’aborder la création est teintée par cette grande sensibilité pour la matière. La lumière, la couleur, la texture, la forme, ce sont pour moi des éléments qui peuvent jouer avec les sensations et les perceptions du danseur et du public, au même titre que le mouvement. Dans Mascarades, la scénographie est imposante, ce qui a permis encore davantage cette recherche visuelle. Nous avons aussi exploré le rapport au temps et à la durée dans une approche que l’on pourrait dire plus picturale ou cinématographique, insérant des clins d’œil à la peinture et à l’histoire de l’art.
Dans une démarche de recherche visuelle, voire graphique, on pourrait croire, de l’extérieur, que cela sert à un récit, mais la poésie semble vous intéresser davantage ?
Ce projet part d’une inspiration simple qui peut sembler plutôt narrative : une intrigue en huis clos à la Agatha Christie ou à la Clue, le jeu de société. Une intrigue où le public cherche l’identité du coupable. Sur scène, nous avons créé différentes pièces d’une maison. Cette base a créé des pistes très concrètes pour les interprètes et pour construire toute la dramaturgie de l’œuvre. Toutefois, comme dans toutes mes œuvres, je cherche à évoquer plus que représenter, et je ne souhaite pas créer une « histoire ». J’aime travailler dans la subtilité, la nuance, le détail, l’ambiguïté. Oui, c’est davantage la poésie qui m’intéresse, ce qui se révèle à moi en travaillant l’espace entre les choses. Il reste de l’idée de départ quelque chose de l’ordre de l’atmosphère et de l’ambiance, énigmatique.
Votre pièce semble d’ailleurs empreinte de mystère. Comment avez-vous travaillé avec les interprètes pour éviter les pièges de ce qui, sur papier, pourrait paraître trop abstrait ?
En studio, nous avons travaillé à inventer des personnages. À partir d’une œuvre picturale, j’ai guidé les interprètes à travers un processus de création de ces personnages qu’elles ont nommés et situés dans une histoire, un événement, un lieu. Cela les a graduellement menées à écrire un texte soutenu incluant beaucoup de détails. Je pense que cet exercice les a vraiment aidées à créer un parcours intérieur qui fait sens et qui a pu s’incarner de façon plus intime et profonde. Toutefois, comme je disais précédemment, on ne s’attend pas à ce que le spectateur et la spectatrice lise cette histoire sur scène comme au théâtre. Mais je pense que ce sens profond se ressent et contribue au mystère en même temps qu’il donne des pistes de lecture.
On a vu beaucoup de solos en danse ces dernières années, pandémie oblige. Ça doit être agréable de travailler avec une équipe élargie ?
C’est une chance et, en même temps pour moi, un grand défi ! C’est ma première expérience de groupe et la première fois où je ne porte pas aussi le rôle d’interprète. Ma démarche de création est naturellement plus solitaire, donc, travailler avec une grande équipe est aussi déstabilisant. Mais j’ai eu le bonheur de rencontrer des interprètes et des collaborateurs et collaboratrices formidables, motivés, inspirants, à l’écoute, et je sens que ça m’a amené ailleurs. À voir plus loin.
Mascarades est présentée du 15 au 18 novembre 2023 à l’Agora de la danse.
Depuis 2012, Katia-Marie Germain crée et diffuse ses projets dans divers lieux et festivals, notamment en Belgique, au Chili, en France et en Italie. Son travail a été souligné par diverses distinctions : la bourse FARE, les prix David-Kilburn, Pierre-Lapointe et Découverte de la danse de Montréal. C’est la première fois qu’elle n’est pas chorégraphe et interprète avec sa nouvelle pièce Mascarades.
Est-ce que votre Prix Découverte en 2018 vous a aidée dans votre carrière ?
Je pense que ce prix a pu contribuer à me faire connaître et à donner une certaine forme de crédibilité à ma démarche face au milieu de la diffusion. L’année 2019 a été celle où j’ai le plus tourné, incluant des premières expériences de diffusion à l’international. Évidemment cet élan a été freiné avec la pandémie de 2020.
On voit l’hybridité surgir partout en création. Les arts visuels et le cinéma sont importants pour vous, comment cela émerge de Mascarades ?
Même si mes œuvres sont foncièrement chorégraphiques, je prends plaisir à jouer avec les codes d’autres disciplines. J’ai d’abord eu un parcours en arts visuels avant de me diriger, tardivement, vers la danse. Je pense que ma façon d’aborder la création est teintée par cette grande sensibilité pour la matière. La lumière, la couleur, la texture, la forme, ce sont pour moi des éléments qui peuvent jouer avec les sensations et les perceptions du danseur et du public, au même titre que le mouvement. Dans Mascarades, la scénographie est imposante, ce qui a permis encore davantage cette recherche visuelle. Nous avons aussi exploré le rapport au temps et à la durée dans une approche que l’on pourrait dire plus picturale ou cinématographique, insérant des clins d’œil à la peinture et à l’histoire de l’art.
Dans une démarche de recherche visuelle, voire graphique, on pourrait croire, de l’extérieur, que cela sert à un récit, mais la poésie semble vous intéresser davantage ?
Ce projet part d’une inspiration simple qui peut sembler plutôt narrative : une intrigue en huis clos à la Agatha Christie ou à la Clue, le jeu de société. Une intrigue où le public cherche l’identité du coupable. Sur scène, nous avons créé différentes pièces d’une maison. Cette base a créé des pistes très concrètes pour les interprètes et pour construire toute la dramaturgie de l’œuvre. Toutefois, comme dans toutes mes œuvres, je cherche à évoquer plus que représenter, et je ne souhaite pas créer une « histoire ». J’aime travailler dans la subtilité, la nuance, le détail, l’ambiguïté. Oui, c’est davantage la poésie qui m’intéresse, ce qui se révèle à moi en travaillant l’espace entre les choses. Il reste de l’idée de départ quelque chose de l’ordre de l’atmosphère et de l’ambiance, énigmatique.
Votre pièce semble d’ailleurs empreinte de mystère. Comment avez-vous travaillé avec les interprètes pour éviter les pièges de ce qui, sur papier, pourrait paraître trop abstrait ?
En studio, nous avons travaillé à inventer des personnages. À partir d’une œuvre picturale, j’ai guidé les interprètes à travers un processus de création de ces personnages qu’elles ont nommés et situés dans une histoire, un événement, un lieu. Cela les a graduellement menées à écrire un texte soutenu incluant beaucoup de détails. Je pense que cet exercice les a vraiment aidées à créer un parcours intérieur qui fait sens et qui a pu s’incarner de façon plus intime et profonde. Toutefois, comme je disais précédemment, on ne s’attend pas à ce que le spectateur et la spectatrice lise cette histoire sur scène comme au théâtre. Mais je pense que ce sens profond se ressent et contribue au mystère en même temps qu’il donne des pistes de lecture.
On a vu beaucoup de solos en danse ces dernières années, pandémie oblige. Ça doit être agréable de travailler avec une équipe élargie ?
C’est une chance et, en même temps pour moi, un grand défi ! C’est ma première expérience de groupe et la première fois où je ne porte pas aussi le rôle d’interprète. Ma démarche de création est naturellement plus solitaire, donc, travailler avec une grande équipe est aussi déstabilisant. Mais j’ai eu le bonheur de rencontrer des interprètes et des collaborateurs et collaboratrices formidables, motivés, inspirants, à l’écoute, et je sens que ça m’a amené ailleurs. À voir plus loin.
Mascarades est présentée du 15 au 18 novembre 2023 à l’Agora de la danse.