Le décor évoque un jardin littéraire. Au beau milieu d’une butte gazonnée où poussent quelques fleurs éparses, une bibliothèque aussi longue qu’étroite pointe vers le ciel. Belle métaphore ; comme si l’univers romanesque de Catherine Mavrikakis nous invitait vers des lieux insoupçonnés. Ce qui est d’ailleurs un peu le cas, puisque la pièce qui est présentée en ce moment au Théâtre de Quat’Sous est un florilège d’extraits de romans de l’autrice. Puisant dans Le ciel de Bay City, Deuils cannibales et mélancoliques, Ce qui restera et L’absente de tous bouquets, œuvres écrites entre 2000 et 2020, Pierre Yves Lemieux, lui-même auteur, croise les destins fort différents de quatre femmes ayant assurément deux points en commun : le deuil et la relation mère-fille. La plus jeune vient de massacrer toute sa famille, la plus âgée vit un échec littéraire, une autre a perdu sa mère et la dernière pleure des amis victimes du sida.
Les personnages extirpés de leur contexte narratif respectif se retrouvent donc sur la même scène pour nous livrer leurs états d’âme. Physiquement très proche les unes des autres, chacune est toutefois dans sa propre bulle d’espace-temps délimitée par le fauteuil, la chaise ou le banc qui lui est attribué. À tour de rôle, elles prennent la parole ; généralement sous forme de monologues ou de soliloques ou encore de dialogues imaginaires comme celui d’Amy, l’incendiaire de Le ciel de Bay City qui s’adresse à sa psychologue. Rares sont toutefois les interactions directes entre les protagonistes.
Une voix forte, des porte-paroles solides, une vue d’ensemble timide
Les mots de Mavrikakis ont du mordant. Le tissage qu’en fait Lemieux ainsi que l’interprétation des comédiennes en ont tout autant. La rage de Sylvie De Morais-Nogueira face à l’injustice de la maladie, l’amour-haine que ressent Catherine Proulx-Lemay envers sa mère, l’amertume d’Isabelle Vincent devant un éditeur rétif et la désinvolture assumée de Lou Vincent Desrosiers à la suite de son crime insensé passent la rampe avec éloquence. Cela sans compter la composition truculente de Sophie Faucher en mère désabusée et figée dans un passé franchouillard où les bonnes manières et les solides martinis camouflaient son lot imposant de préjugés et un profond mal de vivre.
Cependant, la faiblesse notoire de cette production réside dans sa mise en scène quasi inexistante. Les quelques déplacements, parfois futiles, souvent inutiles, n’ajoutent rien au corps de l’œuvre. Tout est trop statique dans la proposition, au point qu’on semble assister par moments à une lecture publique. Dommage, car la scénographie d’Olivier Landreville aurait pu faire germer des idées, il nous semble, un peu plus riches et florissantes. Malgré ce bémol, le bouquet de textes offert en ce moment au Quat’Sous recèle tout de même de belles fioritures.
Texte : D’après les romans de Catherine Mavrikakis. Création pour la scène : Pierre Yves Lemieux. Mise en scène : Luce Pelletier. Assistance à la mise en scène : Claire L’Heureux. Régie : Martine Richard. Décor : Olivier Landreville. Costumes : Caroline Poirier. Éclairages : Chantal Labonté. Son : Laure Anderson. Avec Sylvie De Morais-Nogueira, Sophie Faucher, Catherine Proulx-Lemay, Isabelle Vincent et Lou Vincent Desrosiers. Une création du Théâtre de l’Opsis en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous présentée au Théâtre de Quat’Sous jusqu’au 10 février 2024.
Le décor évoque un jardin littéraire. Au beau milieu d’une butte gazonnée où poussent quelques fleurs éparses, une bibliothèque aussi longue qu’étroite pointe vers le ciel. Belle métaphore ; comme si l’univers romanesque de Catherine Mavrikakis nous invitait vers des lieux insoupçonnés. Ce qui est d’ailleurs un peu le cas, puisque la pièce qui est présentée en ce moment au Théâtre de Quat’Sous est un florilège d’extraits de romans de l’autrice. Puisant dans Le ciel de Bay City, Deuils cannibales et mélancoliques, Ce qui restera et L’absente de tous bouquets, œuvres écrites entre 2000 et 2020, Pierre Yves Lemieux, lui-même auteur, croise les destins fort différents de quatre femmes ayant assurément deux points en commun : le deuil et la relation mère-fille. La plus jeune vient de massacrer toute sa famille, la plus âgée vit un échec littéraire, une autre a perdu sa mère et la dernière pleure des amis victimes du sida.
Les personnages extirpés de leur contexte narratif respectif se retrouvent donc sur la même scène pour nous livrer leurs états d’âme. Physiquement très proche les unes des autres, chacune est toutefois dans sa propre bulle d’espace-temps délimitée par le fauteuil, la chaise ou le banc qui lui est attribué. À tour de rôle, elles prennent la parole ; généralement sous forme de monologues ou de soliloques ou encore de dialogues imaginaires comme celui d’Amy, l’incendiaire de Le ciel de Bay City qui s’adresse à sa psychologue. Rares sont toutefois les interactions directes entre les protagonistes.
Une voix forte, des porte-paroles solides, une vue d’ensemble timide
Les mots de Mavrikakis ont du mordant. Le tissage qu’en fait Lemieux ainsi que l’interprétation des comédiennes en ont tout autant. La rage de Sylvie De Morais-Nogueira face à l’injustice de la maladie, l’amour-haine que ressent Catherine Proulx-Lemay envers sa mère, l’amertume d’Isabelle Vincent devant un éditeur rétif et la désinvolture assumée de Lou Vincent Desrosiers à la suite de son crime insensé passent la rampe avec éloquence. Cela sans compter la composition truculente de Sophie Faucher en mère désabusée et figée dans un passé franchouillard où les bonnes manières et les solides martinis camouflaient son lot imposant de préjugés et un profond mal de vivre.
Cependant, la faiblesse notoire de cette production réside dans sa mise en scène quasi inexistante. Les quelques déplacements, parfois futiles, souvent inutiles, n’ajoutent rien au corps de l’œuvre. Tout est trop statique dans la proposition, au point qu’on semble assister par moments à une lecture publique. Dommage, car la scénographie d’Olivier Landreville aurait pu faire germer des idées, il nous semble, un peu plus riches et florissantes. Malgré ce bémol, le bouquet de textes offert en ce moment au Quat’Sous recèle tout de même de belles fioritures.
Le ciel est une belle ordure
Texte : D’après les romans de Catherine Mavrikakis. Création pour la scène : Pierre Yves Lemieux. Mise en scène : Luce Pelletier. Assistance à la mise en scène : Claire L’Heureux. Régie : Martine Richard. Décor : Olivier Landreville. Costumes : Caroline Poirier. Éclairages : Chantal Labonté. Son : Laure Anderson. Avec Sylvie De Morais-Nogueira, Sophie Faucher, Catherine Proulx-Lemay, Isabelle Vincent et Lou Vincent Desrosiers. Une création du Théâtre de l’Opsis en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous présentée au Théâtre de Quat’Sous jusqu’au 10 février 2024.