Ukrainien d’origine et Montréalais depuis longtemps, Sasha Samar reste hanté par ce qui se passe là-bas, où la Russie impose sa loi guerrière. Avec son complice Olivier Kemeid à l’écriture et à la mise en scène, ils présentent à nouveau, chez Duceppe, la pièce Moi, dans les ruines rouges du siècle qui nous éclaire d’un feu brûlant d’actualité.
Le contexte actuel en Ukraine, à cause de l’invasion russe, doit vous placer dans un état intellectuel et émotif très différent de celui que vous viviez en 2012 lors de la création de la pièce ?
Oui, bien sûr ! Ce qui se passe en Ukraine depuis le 24 février 2022 n’a pas de sens, n’a aucune justification et sans excuse pour le gouvernement russe. C’est une trahison sans précédent de la part d’un peuple qui était si proche du peuple ukrainien. Évidemment, cette guerre a mis mon âme à l’envers, mais encore, ce n’est rien par rapport à mes proches qui vivent sous les bombes depuis plus de deux ans, donc je préfère ne pas trop parler de mes sentiments liés à ce cauchemar. Désolé.
En ce sens, est-ce qu’il y a eu des changements au texte, est-ce que le jeu pourrait s’avérer différent ?
Olivier Kemeid et moi, on a décidé de remplacer certains passages, parce que dans le contexte actuel, pour nous, c’était inacceptable que mon personnage glorifie sur la scène la puissance de la Russie, même si durant mon enfance c’était le cas, car la Russie était la république dominante dans « l’égalité » des républiques soviétiques et était toujours vue comme l’URSS sur la scène internationale. Ce qui est encore plus terrible, c’est que la Russie restait synonyme de l’URSS sur le territoire de l’Ukraine même parce qu’avec la propagande communiste-impérialiste, la Russie était le pays valorisé parmi les 15 républiques et des centaines de nations de l’ex Union soviétique. Les Russes ont été privilégiés durant toute leur existence en raison de leur énorme pays et ils étaient en avance sur tous les autres peuples pour récolter le fruit de leur travail. On voit la conséquence de cette croyance encore aujourd’hui (je parle de leur invasion de l’Ukraine).
Comment s’est passé le travail cette fois avec Olivier Kemeid et une distribution quelque peu renouvelée ?
La pièce écrite par Olivier a ses propres lois et les interprètes sensibles ne peuvent pas faire autrement que les respecter. Grâce à ce respect, malgré les années écoulées depuis la création, les changements de comédiens, et les ajouts à la distribution, la pièce reste existante à explorer/travailler/analyser dans la salle de répétition et à vivre sur la scène. Toute l’équipe de ce spectacle est très allumée et heureuse. Je le crois en tout cas.
La pièce est un heureux mélange de tragédie et de comédie, empreint d’espoir surtout. Mais les bombes tombent toujours en ce moment sur Kiev. Comme Québécois d’origine ukrainienne, votre espoir reste-t-il intact pour l’Ukraine ?
En 1996, j’ai quitté l’Ukraine parce que je pensais connaître ce pays, son peuple et son gouvernement. Je me suis installé au Québec avec ma femme de l’époque. Et notre fils Vlace Samar est né à Montréal six mois plus tard. On a commencé notre vie ici. Ce n’était pas facile, mais j’ai assumé mon choix parce que l’Ukraine n’était plus dans mon cœur depuis longtemps. Puis, mon peuple m’a surpris avec les deux Maïdans (les révolutions de 2004 et de 2014) quand les gens manifestaient leur besoin de la liberté. Le peuple ukrainien a gagné son pari. Parfois, j’avais même l’idée de retourner y vivre dans ce pays libéré d’un gouvernement corrompu, mais j’avais déjà mes racines profondes au Québec. Ce que je veux dire c’est que le peuple ukrainien est surprenant et résilient. Je fais une confiance aveugle à sa victoire dans cette horrible guerre.
Est-ce qu’il pourrait y avoir une suite à ce spectacle très personnel puisque comme vous le dites : votre vie est pleine de surprises. Avez-vous d’autres idées du genre ou même des projets d’écriture ?
La vie est incroyable, c’est vrai ! Et surtout elle est très théâtrale dans mon cas. Donc, la suite est toujours possible. C’est à suivre.
Moi, dans les ruines rouges du siècle est présentée chez Duceppe jusqu’au 30 mars 2024.
Ukrainien d’origine et Montréalais depuis longtemps, Sasha Samar reste hanté par ce qui se passe là-bas, où la Russie impose sa loi guerrière. Avec son complice Olivier Kemeid à l’écriture et à la mise en scène, ils présentent à nouveau, chez Duceppe, la pièce Moi, dans les ruines rouges du siècle qui nous éclaire d’un feu brûlant d’actualité.
Le contexte actuel en Ukraine, à cause de l’invasion russe, doit vous placer dans un état intellectuel et émotif très différent de celui que vous viviez en 2012 lors de la création de la pièce ?
Oui, bien sûr ! Ce qui se passe en Ukraine depuis le 24 février 2022 n’a pas de sens, n’a aucune justification et sans excuse pour le gouvernement russe. C’est une trahison sans précédent de la part d’un peuple qui était si proche du peuple ukrainien. Évidemment, cette guerre a mis mon âme à l’envers, mais encore, ce n’est rien par rapport à mes proches qui vivent sous les bombes depuis plus de deux ans, donc je préfère ne pas trop parler de mes sentiments liés à ce cauchemar. Désolé.
En ce sens, est-ce qu’il y a eu des changements au texte, est-ce que le jeu pourrait s’avérer différent ?
Olivier Kemeid et moi, on a décidé de remplacer certains passages, parce que dans le contexte actuel, pour nous, c’était inacceptable que mon personnage glorifie sur la scène la puissance de la Russie, même si durant mon enfance c’était le cas, car la Russie était la république dominante dans « l’égalité » des républiques soviétiques et était toujours vue comme l’URSS sur la scène internationale. Ce qui est encore plus terrible, c’est que la Russie restait synonyme de l’URSS sur le territoire de l’Ukraine même parce qu’avec la propagande communiste-impérialiste, la Russie était le pays valorisé parmi les 15 républiques et des centaines de nations de l’ex Union soviétique. Les Russes ont été privilégiés durant toute leur existence en raison de leur énorme pays et ils étaient en avance sur tous les autres peuples pour récolter le fruit de leur travail. On voit la conséquence de cette croyance encore aujourd’hui (je parle de leur invasion de l’Ukraine).
Comment s’est passé le travail cette fois avec Olivier Kemeid et une distribution quelque peu renouvelée ?
La pièce écrite par Olivier a ses propres lois et les interprètes sensibles ne peuvent pas faire autrement que les respecter. Grâce à ce respect, malgré les années écoulées depuis la création, les changements de comédiens, et les ajouts à la distribution, la pièce reste existante à explorer/travailler/analyser dans la salle de répétition et à vivre sur la scène. Toute l’équipe de ce spectacle est très allumée et heureuse. Je le crois en tout cas.
La pièce est un heureux mélange de tragédie et de comédie, empreint d’espoir surtout. Mais les bombes tombent toujours en ce moment sur Kiev. Comme Québécois d’origine ukrainienne, votre espoir reste-t-il intact pour l’Ukraine ?
En 1996, j’ai quitté l’Ukraine parce que je pensais connaître ce pays, son peuple et son gouvernement. Je me suis installé au Québec avec ma femme de l’époque. Et notre fils Vlace Samar est né à Montréal six mois plus tard. On a commencé notre vie ici. Ce n’était pas facile, mais j’ai assumé mon choix parce que l’Ukraine n’était plus dans mon cœur depuis longtemps. Puis, mon peuple m’a surpris avec les deux Maïdans (les révolutions de 2004 et de 2014) quand les gens manifestaient leur besoin de la liberté. Le peuple ukrainien a gagné son pari. Parfois, j’avais même l’idée de retourner y vivre dans ce pays libéré d’un gouvernement corrompu, mais j’avais déjà mes racines profondes au Québec. Ce que je veux dire c’est que le peuple ukrainien est surprenant et résilient. Je fais une confiance aveugle à sa victoire dans cette horrible guerre.
Est-ce qu’il pourrait y avoir une suite à ce spectacle très personnel puisque comme vous le dites : votre vie est pleine de surprises. Avez-vous d’autres idées du genre ou même des projets d’écriture ?
La vie est incroyable, c’est vrai ! Et surtout elle est très théâtrale dans mon cas. Donc, la suite est toujours possible. C’est à suivre.
Moi, dans les ruines rouges du siècle est présentée chez Duceppe jusqu’au 30 mars 2024.