L’humour passe-t-il l’épreuve du temps ? Ce qui faisait éclater de rire les foules hier trouve-t-il une résonance chez les jeunes d’aujourd’hui ? C’est ce que cherchent à savoir les codirecteurs artistiques du Nouveau Théâtre Expérimental (NTE) Alexis Martin et Daniel Brière avec Rires, premier volet d’un diptyque scénique qui propose une réflexion intergénérationnelle fort instructive, quoique didactique, sur l’art du rire.
Martin et Brière, deux enfants des années 1960 et deux artistes réputés pour leur talent comique, ont assemblé un collage de divers tableaux du répertoire ancien et récent ayant bercé leur jeunesse et forgé leur propre sens de l’humour. Le registre est vaste, allant des classiques de Molière ou Ionesco aux bonzes de l’humour québécois comme Claude Meunier, Clémence Desrochers et les Cyniques en passant par des incontournables de la culture anglophone comme les Monty Python et Saturday Night Live.
Pour interpréter cette succession de saynètes, ils ont fait appel à sept jeunes artistes qui ont en commun d’avoir gradué pendant la pandémie de COVID-19. Laurence Laprise et Caroline Summers sont diplômées de l’École de théâtre professionnelle du Collège Lionel-Groulx, Fabrice Girard et Zoé Boudou ont complété leur formation à l’École nationale de théâtre du Canada, tandis qu’Anne-Sarah Charbonneau et Simon Duchesne ont pour alma mater l’École nationale de l’humour. Comme il le dit sur scène, Mehdi Agnaou est pour sa part diplômé de l’École nationale… de la vie.
D’entrée de jeu, le ton est à la dérision. Tandis que se présentent tour à tour les sept jeunes interprètes, trône au coin de la scène un portrait des deux metteurs en scène artificiellement vieillis en fauteuils roulants. Cette image, qui reste visible tout au long du spectacle, rappelle la posture de « vieux comédiens » dans laquelle se campent Alexis Martin et Daniel Brière. En plus d’être fort originale, la démarche et l’exercice sont louables.
Interprétations de haut calibre
La réussite de la pièce repose en grande partie sur le talent de la troupe de jeunes interprètes, qui se glissent dans la peau de multiples personnages et changent de registres comiques tout en maniant différents niveaux de langages avec un naturel et une aisance franchement épatante. C’est le cas notamment dans Un mot pour un autre de Jean Tardieu, un des moments forts de la représentation, qui donne à voir un exercice de jeu avec les mots de haute voltige.
La mise en scène dépouillée met en valeur la polyvalence des comédiens et comédiennes, qui sont amené∙es à créer eux et elles-mêmes la trame sonore du spectacle en jouant ici de la guitare acoustique pour accompagner une chanson (Bonjour Huguette de Paul et Paul), là du clavier et du xylophone pour appuyer un numéro (Sol et Gobelet). Quelques changements de décors et de simples éléments de costumes et accessoires ponctuent les scènes sans détourner l’attention du jeu.
L’ensemble comporte toutefois quelques bémols. En effet, le spectacle tarde à trouver son rythme. Il faudra attendre le sketch particulièrement désopilant tiré de l’iconique pièce Les Voisins, de Claude Meunier, pour se sentir investi dans la proposition. Par ailleurs, la pièce s’apparente un peu trop à un cours magistral sur l’histoire de l’humour occidental, ce qui entraîne quelques ruptures de ton.
Rires s’inscrit néanmoins dans la grande tradition du NTE en réussissant à faire rire et réfléchir. Maintenant qu’ils ont transmis leur héritage comique à la relève, Alexis Martin et Daniel Brière inverseront les rôles pour le second volet de ce diptyque attendu au printemps 2025. Les sept mêmes interprètes mettront à leur tour de l’avant leurs propres influences en étant aux commandes des textes et de la mise en scène.
Collage de texte et mise en scène : Daniel Brière et Alexis Martin. Assistance à la mise en scène : Alexandra Sutto. Scénographie : Nadine Jaafar. Éclairages : Renaud Pettigrew. Costumes : Mathilde Dnonard. Accessoires : Elisabeth Coulon-Lafleur. Direction technique : Rebecca Brouillard. Avec : Fabrice Girard, Anne-Sarah Charbonneau, Laurence Laprise, Simon Duchesne, Zoé Boudou, Caroline Summers et Mehdi Agnaou. Une production du Nouveau Théâtre Expérimental présentée chez Espace Libre jusqu’au 4 mai 2024.
L’humour passe-t-il l’épreuve du temps ? Ce qui faisait éclater de rire les foules hier trouve-t-il une résonance chez les jeunes d’aujourd’hui ? C’est ce que cherchent à savoir les codirecteurs artistiques du Nouveau Théâtre Expérimental (NTE) Alexis Martin et Daniel Brière avec Rires, premier volet d’un diptyque scénique qui propose une réflexion intergénérationnelle fort instructive, quoique didactique, sur l’art du rire.
Martin et Brière, deux enfants des années 1960 et deux artistes réputés pour leur talent comique, ont assemblé un collage de divers tableaux du répertoire ancien et récent ayant bercé leur jeunesse et forgé leur propre sens de l’humour. Le registre est vaste, allant des classiques de Molière ou Ionesco aux bonzes de l’humour québécois comme Claude Meunier, Clémence Desrochers et les Cyniques en passant par des incontournables de la culture anglophone comme les Monty Python et Saturday Night Live.
Pour interpréter cette succession de saynètes, ils ont fait appel à sept jeunes artistes qui ont en commun d’avoir gradué pendant la pandémie de COVID-19. Laurence Laprise et Caroline Summers sont diplômées de l’École de théâtre professionnelle du Collège Lionel-Groulx, Fabrice Girard et Zoé Boudou ont complété leur formation à l’École nationale de théâtre du Canada, tandis qu’Anne-Sarah Charbonneau et Simon Duchesne ont pour alma mater l’École nationale de l’humour. Comme il le dit sur scène, Mehdi Agnaou est pour sa part diplômé de l’École nationale… de la vie.
D’entrée de jeu, le ton est à la dérision. Tandis que se présentent tour à tour les sept jeunes interprètes, trône au coin de la scène un portrait des deux metteurs en scène artificiellement vieillis en fauteuils roulants. Cette image, qui reste visible tout au long du spectacle, rappelle la posture de « vieux comédiens » dans laquelle se campent Alexis Martin et Daniel Brière. En plus d’être fort originale, la démarche et l’exercice sont louables.
Interprétations de haut calibre
La réussite de la pièce repose en grande partie sur le talent de la troupe de jeunes interprètes, qui se glissent dans la peau de multiples personnages et changent de registres comiques tout en maniant différents niveaux de langages avec un naturel et une aisance franchement épatante. C’est le cas notamment dans Un mot pour un autre de Jean Tardieu, un des moments forts de la représentation, qui donne à voir un exercice de jeu avec les mots de haute voltige.
La mise en scène dépouillée met en valeur la polyvalence des comédiens et comédiennes, qui sont amené∙es à créer eux et elles-mêmes la trame sonore du spectacle en jouant ici de la guitare acoustique pour accompagner une chanson (Bonjour Huguette de Paul et Paul), là du clavier et du xylophone pour appuyer un numéro (Sol et Gobelet). Quelques changements de décors et de simples éléments de costumes et accessoires ponctuent les scènes sans détourner l’attention du jeu.
L’ensemble comporte toutefois quelques bémols. En effet, le spectacle tarde à trouver son rythme. Il faudra attendre le sketch particulièrement désopilant tiré de l’iconique pièce Les Voisins, de Claude Meunier, pour se sentir investi dans la proposition. Par ailleurs, la pièce s’apparente un peu trop à un cours magistral sur l’histoire de l’humour occidental, ce qui entraîne quelques ruptures de ton.
Rires s’inscrit néanmoins dans la grande tradition du NTE en réussissant à faire rire et réfléchir. Maintenant qu’ils ont transmis leur héritage comique à la relève, Alexis Martin et Daniel Brière inverseront les rôles pour le second volet de ce diptyque attendu au printemps 2025. Les sept mêmes interprètes mettront à leur tour de l’avant leurs propres influences en étant aux commandes des textes et de la mise en scène.
Rires
Collage de texte et mise en scène : Daniel Brière et Alexis Martin. Assistance à la mise en scène : Alexandra Sutto. Scénographie : Nadine Jaafar. Éclairages : Renaud Pettigrew. Costumes : Mathilde Dnonard. Accessoires : Elisabeth Coulon-Lafleur. Direction technique : Rebecca Brouillard. Avec : Fabrice Girard, Anne-Sarah Charbonneau, Laurence Laprise, Simon Duchesne, Zoé Boudou, Caroline Summers et Mehdi Agnaou. Une production du Nouveau Théâtre Expérimental présentée chez Espace Libre jusqu’au 4 mai 2024.