JEU des 5 questions

Cinq questions à Samuel Tétreault, directeur artistique et metteur en scène

© Shane M. Éthier

Genre méconnu au Québec, le micro-théâtre allie représentations et médiation pour initier le grand public aux arts de la scène. Le directeur artistique de la compagnie Et si…, Samuel Tétreault, s’est donné comme mission de faire connaître cette courte forme aux Montréalais·es en organisant une journée découverte dans le parc La Fontaine.

Le micro-théâtre, c’est une pièce de 15 minutes qui se déroule sur 15 mètres carrés devant 15 personnes. D’où vient cette idée riche de possibles ?

Le terme utilisé en Espagne est microteatro por dinero, c’est-à-dire « micro-théâtre pour de l’argent ». Cette courte forme a émergé à la suite de la crise économique du début des années 2000 en Europe. Comme c’est souvent le cas en temps de crise mondiale, les artistes sont mis de côté. Son fondateur, Miguel Alcantud, est parti du postulat que s’il n’y avait plus d’argent pour la culture, il devait modifier la façon de la présenter afin de pouvoir continuer à créer. Il a ainsi investi une maison close désaffectée où les petites salles étaient idéales pour un public restreint et des spectacles de courte durée. Cette règle du 15x15x15 est restée depuis, devenant le fondement du micro-théâtre qui a pris de l’ampleur dans les pays hispanophones et maintenant dans les pays francophones.

Comment en vient-on à vouloir adapter un tel projet à Montréal ?

J’ai été invité l’année dernière au festival de micro-théâtre Équinoxe à Strasbourg. Grâce à LOJIQ (Les organismes jeunesse internationaux du Québec), j’ai pu m’y rendre et participer à une semaine complète de découvertes. Judy Servay, la directrice générale du restaurant Robin des Bois, le lieu où se déroulera notre journée – au Chalet du parc La Fontaine –, nous a aimablement offert ses espaces pour une première tentative d’intégration du micro-théâtre au Québec. Je crois que cette forme possède un potentiel énorme en raison de ses capacités de médiation, de sa proximité avec le public et de la durée des créations. Pour notre premier événement, nous organisons une journée-découverte. Normalement, le micro-théâtre est présenté un peu comme les différents 5 à 7 ici au Québec, avec des discussions et de la médiation en prime.

La beauté de cette idée c’est que c’est, dès le départ, une approche de médiation. Est-ce que ça répond à un besoin chez le public et dans le milieu ?

Souvent surnommé le « YouTube du théâtre » par les membres de la communauté, le micro-théâtre permet de passer d’une « vidéo » à l’autre, traitant de sujets variés, le tout dans un laps de temps très court. Contrairement à une pièce classique d’une heure et demie, avec un thème spécifique, des festivals, comme l’Équinoxe de Strasbourg, offrent la possibilité de voir quatre à cinq œuvres différentes. Cette approche semble très efficace en France pour attirer un public jeune, comme j’ai pu le constater moi-même en septembre dernier. Les pièces de micro-théâtre sont généralement très intenses sur le plan dramatique, ce qui maintient l’attention des jeunes qui sont, d’autre part, constamment stimulés par les technologies actuelles.

Sans dévoiler de secrets, à quoi peut-on s’attendre lors de cette première expérience à Montréal ?

Pour le savoir, suivez-nous sur les réseaux sociaux, ha ha ha ! Mais pour vous donner un avant-goût, l’événement comprendra deux séries de représentations où le public pourra assister à deux ensembles de pièces de différentes, alternant toutes les 30 minutes pendant 2 h 30. La première série, de 13 h à 15 h 30, sera particulièrement adaptée à un jeune public. Durant ces séances, il y aura des activités de médiation en lien avec les pièces. Et de 15 h 30 à 17 h 30, Morgane Enderlin, directrice artistique de la compagnie Toc-Toc et ambassadrice du micro-théâtre dans la francophonie, animera une séance de questions-réponses pour le public.

Les arts vivants vivent une crise de sous-financement. Comment fait-on pour garder son énergie et sa passion intacte en ce moment ?

Avec mon déménagement, mes deux nouveaux emplois ce mois-ci, la gestion d’une nouvelle compagnie, l’organisation de l’événement de micro-théâtre et une vie personnelle bien remplie, je me demande parfois comment je trouve la force de me lever le matin. Malgré le stress accru par rapport à ma vie antérieure, je possède une vision claire de pourquoi je fais ce que je fais et je suis entouré de personnes aimantes qui m’encouragent au quotidien. Je remercie d’ailleurs Simon Boisjoly, Catherine G. Vaillancourt, Elizabeth St-Germain, ma grande famille et mes amis pour tout leur soutien. Je sais que peu importe le rythme imposé par le manque de financement en art, je vais finir par arriver à bon port. Mais on va continuer à se battre pour l’avoir notre cenne de plus. Les choses évoluent, mais les arts demeurent et, pour moi, c’est ce qui fait de nous des êtres humains : notre conscience artistique !

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