JEU des 5 questions

Cinq questions à Ashley Perez, chorégraphe et danseuse

© Noire Mouliom

Ashley Perez est Colours. Artiste en danse établie à Tkaronto/Toronto, chorégraphe, performeuse et enseignante, elle offre une perspective de la danse en s’ancrant dans une lignée de femmes qui conçoivent des espaces pour des formes de danses marginalisées. Présenté par Danse-Cité, son spectacle Generating Danse explore plusieurs styles plus ou moins éloignés du hip-hop.

Dans la description du spectacle, il est question de Punking/Whacking/Waacking, mais aussi d’autres styles très différents. Comment parvenez-vous à les fusionner ?

Le Punking/Whacking/Waacking est le style le plus récent sur lequel j’ai fait des recherches. Je me perfectionne et j’enseigne le hip-hop depuis près de 20 ans, c’est donc une partie de mon identité. C’est un style que j’ai vraiment aimé pendant mon adolescence et qui m’a aidée à rester dans la danse pendant ma vingtaine. Il était important que j’expérimente à nouveau ce style sur scène, comme un petit bonjour.

Le jazz m’est venu en travaillant avec Natasha Powell de Holla Jazz à Toronto vers 2018. C’était un sentiment nouveau pour moi et cela a fait émerger des choses que je n’avais jamais ressenties auparavant. Je me sens définitivement plus mature dans ce style. Si je pense à mon flux d’énergie quand il s’agit de danser maintenant, cette sensation de jazz doit en faire partie.

Dans cette pièce, tous les éléments ne se fondent pas ou ne se mélangent pas totalement. Ils apparaissent et disparaissent en quelque sorte. Les formes de danse de rue comme le Punking/Whacking/Waacking, le hip-hop, et même les aspects sociaux du jazz ont été mal interprétées et mélangées pendant des décennies. Je voulais donc exposer clairement les formes et les styles, les mettre en pratique et les travailler intentionnellement. Elles sont présentées séparément afin d’honorer chacune de ces formes.

Vous utilisez aussi des enregistrements vidéo et audio, comment cela intervient-il dans le spectacle ?

Les enregistrements audio et vidéo sont surtout utilisés comme une représentation de la mémoire et des sensations qui me sont venues pendant la pandémie. Je faisais ma maîtrise en danse et je regardais, lisais et écrivais sur la danse en format numérique. C’est aussi une façon de se questionner sur comment la technologie peut faire avancer les idées lorsqu’il est question de styles de danse underground.

Comme vous enseignez également, je me demande s’il y a une approche documentaire à la performance ?

L’ensemble du processus est documenté. Mon ami et collègue danseuse Miha Matevzic a collecté des images du processus que nous avons ajoutées au spectacle. Le fait de le partager rend le public complice du processus et montre la quantité de travail et le soin apporté à la création d’une pièce.

Vous croyez fermement au pouvoir de la danse pour faire évoluer les mentalités et même la société. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Oui, la danse a changé ma vie profondément. J’ai survécu à un cancer sur une période de 24 ans. Lorsque je recevais de la chimiothérapie, j’avais hâte de me remettre à la danse. Cela m’a vraiment sauvée. Toutes les formes de danse que je propose proviennent de communautés qui les utilisent comme moyen d’expression personnelle, de guérison et de développement des connaissances. C’est très puissant.

Est-ce que l’enjeu du sous-financement vous préoccupe pour l’avenir des arts vivants ?

Le financement des arts vivants est très important, en particulier pour le genre de travail que je propose. J’essaie de ne pas trop compter sur les subventions pour générer des projets. Mais lorsque le travail et la proposition sont bons, le financement est essentiel pour la suite.

Generating Danse est présenté à La Chapelle Scènes Contemporaines les 11, 12, 13 et 14 septembre 2024.