Les sœurs jumelles Lombardo, de leur nom d’artiste Schmutt, remettent ça. Avec la danseuse Chi Long, elles créent un spectacle autofictionnel drôle et brillant qui explore les sources de la formation d’une identité. Interprète à la fois subtile et intense, la soliste dévoile quant à elle son histoire personnelle, réelle ou fabulée, faite de nombreux périples dans le monde, depuis sa naissance en Australie de parents vietnamiens jusqu’à sa vie montréalaise où elle a œuvré avec tous les grands noms de sa discipline.
Élodie et Séverine Lombardo, elles-mêmes, avaient créé en 2018 L’entité du double à propos de leur propre histoire de jumelles craignant, dans leur vie intime et professionnelle, de devenir par trop fusionnelles. Chi Long nous fait découvrir comment la guerre du Vietnam a complètement aliéné la vie de ses parents et, conséquemment, la sienne. Sa « biographie » débute par plusieurs changements de peau, c’est-à-dire qu’elle revêt tour à tour plusieurs vêtements étalés au sol qui vont des robes « asiatiques » trop serrées au manteau d’hiver en passant par les one piece et un lycra très moulant.
Enfant, sa mère l’obligeait à dire aux autres qu’elle était « chinoise » pour éviter les problèmes. Adulte, Chi Long s’explique surtout en français, mais parfois en anglais, nous offrant toute la palette d’un bagage identitaire riche et diversifié. Le nœud de la représentation survient lors de son évocation de la guerre. Chi Long exécute alors une chorégraphie, métissée de pantomime et de tai-chi, qui n’est pas sans rappeler la gestuelle empruntée par le personnage de Martin Sheen au début du film de Francis Ford Coppola, Apocalypse Now. Un montage en accéléré des images de ce chef d’œuvre du 7e art est d’ailleurs projeté au même moment sur l’écran au fond de la salle.
La mise en scène précise et symbolique des sœurs Schmutt fait de ce spectacle une « danse » de tous les instants. Chaque mouvement a été savamment développé afin d’accentuer le choix des peaux/vêtements, accompagné de la musique au diapason de Guido Del Fabbro. Chi Long agit telle une excellente conteuse tout en bougeant de façon pertinente. Il y a dans cette prestation de cette remarquable interprète une grande qualité technique, forgée évidemment par des années de pratique, et un jeu jamais surfait ni désincarné. She and the other(s) prouve une fois de plus, dans l’univers Schmuttien, que la danse et le théâtre peuvent se marier admirablement.
L’identité de Chi Long, comme celle de tout être humain dans le fond, procède de tellement d’influences organiques et intellectuelles, extérieures et intimes, qu’il devient impossible de démêler entièrement les fils des peaux qui s’accumulent sur chacun∙e au cours d’une vie. À l’heure où les conflits, le racisme et les questions identitaires de toutes sortes occupent le devant de la scène, cet appel, à la compréhension de sujets trop complexes pour être simplifiés à l’extrême comme le font certain∙es, doit être entendu et célébré.
Direction artistique et création : Élodie Lombardo. Collaboration à la création et interprète : Chi long. Conseillère au mouvement : Sophie Michaud. Composition musicale et traitement sonore : Guido Del Fabbro. Création vidéo : Robin Pineda Gould. Scénographie : Julie Measroch. Accessoires : Chi Long, Élodie Lombardo et Julie Measroch. Conception lumière : Lucie Bazzo. Aide à la diffusion : Danielle Thibault. Direction de production : Séverine Lombardo. Apport à la création et à la réflexion durant le laboratoire de recherche : Séverine Lombardo, Peter Trosztmer et Ilya Krouglikov. Partenaire de diffusion : Festival Phénomena. À La Chapelle Scènes Contemporaines du 16 au 19 octobre 2024.
Les sœurs jumelles Lombardo, de leur nom d’artiste Schmutt, remettent ça. Avec la danseuse Chi Long, elles créent un spectacle autofictionnel drôle et brillant qui explore les sources de la formation d’une identité. Interprète à la fois subtile et intense, la soliste dévoile quant à elle son histoire personnelle, réelle ou fabulée, faite de nombreux périples dans le monde, depuis sa naissance en Australie de parents vietnamiens jusqu’à sa vie montréalaise où elle a œuvré avec tous les grands noms de sa discipline.
Élodie et Séverine Lombardo, elles-mêmes, avaient créé en 2018 L’entité du double à propos de leur propre histoire de jumelles craignant, dans leur vie intime et professionnelle, de devenir par trop fusionnelles. Chi Long nous fait découvrir comment la guerre du Vietnam a complètement aliéné la vie de ses parents et, conséquemment, la sienne. Sa « biographie » débute par plusieurs changements de peau, c’est-à-dire qu’elle revêt tour à tour plusieurs vêtements étalés au sol qui vont des robes « asiatiques » trop serrées au manteau d’hiver en passant par les one piece et un lycra très moulant.
Enfant, sa mère l’obligeait à dire aux autres qu’elle était « chinoise » pour éviter les problèmes. Adulte, Chi Long s’explique surtout en français, mais parfois en anglais, nous offrant toute la palette d’un bagage identitaire riche et diversifié. Le nœud de la représentation survient lors de son évocation de la guerre. Chi Long exécute alors une chorégraphie, métissée de pantomime et de tai-chi, qui n’est pas sans rappeler la gestuelle empruntée par le personnage de Martin Sheen au début du film de Francis Ford Coppola, Apocalypse Now. Un montage en accéléré des images de ce chef d’œuvre du 7e art est d’ailleurs projeté au même moment sur l’écran au fond de la salle.
La mise en scène précise et symbolique des sœurs Schmutt fait de ce spectacle une « danse » de tous les instants. Chaque mouvement a été savamment développé afin d’accentuer le choix des peaux/vêtements, accompagné de la musique au diapason de Guido Del Fabbro. Chi Long agit telle une excellente conteuse tout en bougeant de façon pertinente. Il y a dans cette prestation de cette remarquable interprète une grande qualité technique, forgée évidemment par des années de pratique, et un jeu jamais surfait ni désincarné. She and the other(s) prouve une fois de plus, dans l’univers Schmuttien, que la danse et le théâtre peuvent se marier admirablement.
L’identité de Chi Long, comme celle de tout être humain dans le fond, procède de tellement d’influences organiques et intellectuelles, extérieures et intimes, qu’il devient impossible de démêler entièrement les fils des peaux qui s’accumulent sur chacun∙e au cours d’une vie. À l’heure où les conflits, le racisme et les questions identitaires de toutes sortes occupent le devant de la scène, cet appel, à la compréhension de sujets trop complexes pour être simplifiés à l’extrême comme le font certain∙es, doit être entendu et célébré.
She and the other(s)
Direction artistique et création : Élodie Lombardo. Collaboration à la création et interprète : Chi long. Conseillère au mouvement : Sophie Michaud. Composition musicale et traitement sonore : Guido Del Fabbro. Création vidéo : Robin Pineda Gould. Scénographie : Julie Measroch. Accessoires : Chi Long, Élodie Lombardo et Julie Measroch. Conception lumière : Lucie Bazzo. Aide à la diffusion : Danielle Thibault. Direction de production : Séverine Lombardo. Apport à la création et à la réflexion durant le laboratoire de recherche : Séverine Lombardo, Peter Trosztmer et Ilya Krouglikov. Partenaire de diffusion : Festival Phénomena. À La Chapelle Scènes Contemporaines du 16 au 19 octobre 2024.