JEU des 5 questions

Cinq questions à Lorraine Pintal, metteuse en scène

© Jean-François Gratton

Dès l’annonce de son départ du TNM en décembre 2023, Lorraine Pintal lançait son premier projet solo, soit l’adaptation du roman Orlando de Virginia Woolf. Avec les comédien∙nes sur scène, l’Orchestre Métropolitain y jouera, notamment, des musiques de Monteverdi, Haydn, Tchaïkovski et Satie, entrecoupées d’un condensé théâtral de ce livre visionnaire à propos de l’identité de genre.

Quelle est la genèse de ce projet qui vous tient à cœur en tant qu’admiratrice de Virginia Woolf depuis longtemps ?

J’étais en pourparlers avec l’OM pour un projet. L’Orchestre avait déjà un programme musical qui balayait plusieurs siècles et comme j’avais ce désir d’aborder Woolf avec Orlando, c’était parfait puisque le roman couvre également plusieurs siècles. J’ai failli programmer Orlando au TNM dans la mise en scène de Bob Wilson avec Isabelle Huppert en solo, mais ça n’a pas pu se faire. Cette fois, c’est un concentré de l’œuvre qui comprend 30 minutes de texte avec 30 minutes de musique.

Quelle traduction/adaptation avez-vous choisie ?

Celle de Bob Wilson avait vieilli. J’ai trouvé et aimé celle de Katie Mitchell à la Schaubühne et la traduction française était bien faite. Nous avons inséré des extraits de correspondance entre Vita Sackville-West et Virginia Woolf. Vita a servi d’inspiration pour le personnage d’Orlando, faut-il préciser. J’ai donc travaillé sur l’adaptation avec Michaël Rolli. L’OM voulait des extraits de textes entrecoupés de musique. C’est hachuré comme résultat, mais je crois qu’on rend justice à Virginia et à Vita, à leurs échanges intellectuels et amoureux.

Sur scène, quelle forme prendra la représentation ?

C’est un vrai spectacle avec une mise en scène, une scénographie, des costumes et la lumière. À quelques exceptions près, après quelques échanges avec la chef d’orchestre Naomi Woo, on s’est mises d’accord pour qu’il n’y ait pas de dialogues par-dessus la musique qui est grandiose. On ne se voyait pas parler en même temps que la musique de Tchaïkovski. L’orchestre a sa place, comme la parole poétique a la sienne aussi. On va faire vivre un voyage au public. C’est comme un apéritif pour moi avant de m’attaquer à l’adaptation théâtrale complète d’Orlando. J’espère juste que les astres vont s’aligner pour que je puisse la réaliser.

Chez Wilson, c’était un solo, chez Mitchell un texte avec plusieurs personnages. Il y a donc matière à dialogues et à échanges ?

Oui, on a un narrateur joué par Dominique Rustam. C’est comme un guide qui prend la main du public pour l’amener dans cet univers-là. Il contextualise les passages du texte qu’on a conservés. Les dialogues vont du drôle et vif au provocant et corrosif, notamment entre la reine Élizabeth et Orlando. Marcel Pomerlo joue d’ailleurs deux rôles : l’archiduc Harry et la Reine. Catherine P. Béchard joue le rôle de la princesse russe Sacha; Cynthia Wu-Maheux est Vita Sackville, l’amante de Virginia Woolf, qui, de son côté, est interprétée par Rachel Graton. C’est une grande comédienne, Rachel, avec un bel éventail de jeu. Pour ce spectacle, je travaille avec des Stradivarius qui démontrent une grande facilité avec cette langue poétique, qui a du souffle. On n’a que 20 heures en répétitions. C’est un exploit.

Et ensuite, quels sont vos prochains projets comme agente libre ?

Je vais faire la mise en scène de Belles-sœurs symphonique avec GSI Musique qui sera présenté en juillet 2025 à la salle Wilfrid-Pelletier et le mois suivant au Grand Théâtre à Québec. C’est la première fois qu’on va entendre la musique de Daniel Bélanger avec des chanteuses et non des comédiennes qui chantent. J’ai joué dans Les belles-sœurs et j’ai vu la pièce dans toutes les versions possibles, donc c’est un vrai plaisir pour moi. C’est un projet imposant. J’ai toujours aimé la musique. J’ai aussi une création à l’état pur dans les cartons, dont je ne peux pas parler pour l’instant. Je ne suis pas du tout à la retraite. L’art vivant me tient vivante.

Éternel Orlando est présenté à la Maison symphonique le 26 novembre 2024 et en tournée : le 27 novembre à l’Église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (Verdun), le 28 novembre à l’Église Sainte-Suzanne (Pierrefonds), le 29 novembre à l’Église Saint-Joachim (Pointe-Claire) et le 30 novembre à la Maison de la Culture Mercier.

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