L’action de la pièce Un navire délicat, de la dramaturge américaine Anna Ziegler, se passe la veille de Noël. Mais ce spectacle, mis en scène par Véronique Côté et présenté au Théâtre La Licorne, n’a rien d’un conte féerique ou d’une comédie romantique.
Le soir du 24 décembre, Sarah et Sam festoient en toute intimité dans un appartement de Brooklyn. Mais l’arrivée imprévue de Nate, ami d’enfance de Sarah, met rapidement fin aux réjouissances. Le poète torturé est à l’opposé de Sam, raffiné et posé. Lequel de ces deux hommes gagnera le cœur de la belle ?
Une autre histoire de triangle amoureux, comme on en voit si souvent au théâtre, mais également au cinéma ou à la télévision ? Pas du tout ! Nous sommes plutôt devant un drame, ponctué d’un humour aussi grinçant que délicieux. Un drame qui prend même des airs de thriller. Dès l’entrée en scène de Nate, on sait que personne ne sortira indemne de cette soirée tout sauf festive, ni les personnages de la pièce ni le public venu y assister.
Monté d’abord aux États-Unis en 2014, le spectacle est présenté pour la première fois en français, dans une traduction habile de Frédéric Blanchette. La plume d’Anna Ziegler bouleverse et fascine. L’autrice traite de sujets souvent abordés, tels l’amour, la solitude et la famille. Mais elle le fait d’une manière si captivante qu’il est presque impossible de résister à la joute verbale que se livrent les protagonistes d’Un navire délicat.
Un combat entre la tête et le cœur
Sarah, Sam et Nate évoluent dans un salon tout ce qu’il y a de plus banal : des sofas, une table, un sapin de Noël artificiel, d’imposants rideaux. Ce décor générique fait écho aux décisions plus rationnelles qu’on a peut-être tenté de faire au cours de notre vie, au détriment de nos plus chers désirs. Il y a les choix qu’on fait et ceux qu’on ne fait pas. Et les infinies possibilités qui ne seront jamais, mais qui persistent à nous hanter.
Véronique Côté signe ici une mise en scène fort efficace. Une musique et des éclairages sobres mettent en valeur l’œuvre, tout en laissant toute la place au texte. Presque un huis clos, la pièce comporte tout de même quelques retours en arrière et apartés, durant lesquels on en apprend davantage sur les personnages, leurs sentiments, leurs secrets. Des scènes qui ajoutent au dynamisme de l’ensemble et qui font presque office d’indices pour les spectateurs et spectatrices, amené·es à rassembler toutes les pièces de ce casse-tête d’émotions et de souvenirs.
Bien dirigés, Gabrielle Côté, Alex Bergeron et Maxime Genois offrent des performances d’une grande justesse. Ce dernier incarne un Nate à fleur de peau, pour qui l’amour pourrait bouger des montagnes. On ne peut qu’être touché par les envolées passionnées de ce grand romantique, qui tente un ultime effort pour conquérir la femme de sa vie.
Un navire délicat est une histoire d’amour et d’amitié qui se déploie comme une énigme. Mais, au jeu de la vérité, point de gagnant. Que nous reste-t-il à la sortie de la salle, après avoir assisté à ces échanges aussi intelligents que bouleversants, aux multiples pointes assassines ? Une envie irrépressible de se remettre en question et, qui sait, de poursuivre les rêves qu’on avait abandonnés.
Texte : Anna Ziegler. Traduction : Frédéric Blanchette. Mise en scène : Véronique Côté. Avec : Alex Bergeron, Gabrielle Côté et Maxime Genois. Éclairages : Martin Sirois. Musique : Josué Beaucage. Une production du Théâtre du Fol Espoir, en codiffusion avec La Manufacture, présentée au Théâtre La Licorne jusqu’au 29 novembre 2024.
L’action de la pièce Un navire délicat, de la dramaturge américaine Anna Ziegler, se passe la veille de Noël. Mais ce spectacle, mis en scène par Véronique Côté et présenté au Théâtre La Licorne, n’a rien d’un conte féerique ou d’une comédie romantique.
Le soir du 24 décembre, Sarah et Sam festoient en toute intimité dans un appartement de Brooklyn. Mais l’arrivée imprévue de Nate, ami d’enfance de Sarah, met rapidement fin aux réjouissances. Le poète torturé est à l’opposé de Sam, raffiné et posé. Lequel de ces deux hommes gagnera le cœur de la belle ?
Une autre histoire de triangle amoureux, comme on en voit si souvent au théâtre, mais également au cinéma ou à la télévision ? Pas du tout ! Nous sommes plutôt devant un drame, ponctué d’un humour aussi grinçant que délicieux. Un drame qui prend même des airs de thriller. Dès l’entrée en scène de Nate, on sait que personne ne sortira indemne de cette soirée tout sauf festive, ni les personnages de la pièce ni le public venu y assister.
Monté d’abord aux États-Unis en 2014, le spectacle est présenté pour la première fois en français, dans une traduction habile de Frédéric Blanchette. La plume d’Anna Ziegler bouleverse et fascine. L’autrice traite de sujets souvent abordés, tels l’amour, la solitude et la famille. Mais elle le fait d’une manière si captivante qu’il est presque impossible de résister à la joute verbale que se livrent les protagonistes d’Un navire délicat.
Un combat entre la tête et le cœur
Sarah, Sam et Nate évoluent dans un salon tout ce qu’il y a de plus banal : des sofas, une table, un sapin de Noël artificiel, d’imposants rideaux. Ce décor générique fait écho aux décisions plus rationnelles qu’on a peut-être tenté de faire au cours de notre vie, au détriment de nos plus chers désirs. Il y a les choix qu’on fait et ceux qu’on ne fait pas. Et les infinies possibilités qui ne seront jamais, mais qui persistent à nous hanter.
Véronique Côté signe ici une mise en scène fort efficace. Une musique et des éclairages sobres mettent en valeur l’œuvre, tout en laissant toute la place au texte. Presque un huis clos, la pièce comporte tout de même quelques retours en arrière et apartés, durant lesquels on en apprend davantage sur les personnages, leurs sentiments, leurs secrets. Des scènes qui ajoutent au dynamisme de l’ensemble et qui font presque office d’indices pour les spectateurs et spectatrices, amené·es à rassembler toutes les pièces de ce casse-tête d’émotions et de souvenirs.
Bien dirigés, Gabrielle Côté, Alex Bergeron et Maxime Genois offrent des performances d’une grande justesse. Ce dernier incarne un Nate à fleur de peau, pour qui l’amour pourrait bouger des montagnes. On ne peut qu’être touché par les envolées passionnées de ce grand romantique, qui tente un ultime effort pour conquérir la femme de sa vie.
Un navire délicat est une histoire d’amour et d’amitié qui se déploie comme une énigme. Mais, au jeu de la vérité, point de gagnant. Que nous reste-t-il à la sortie de la salle, après avoir assisté à ces échanges aussi intelligents que bouleversants, aux multiples pointes assassines ? Une envie irrépressible de se remettre en question et, qui sait, de poursuivre les rêves qu’on avait abandonnés.
Un navire délicat
Texte : Anna Ziegler. Traduction : Frédéric Blanchette. Mise en scène : Véronique Côté. Avec : Alex Bergeron, Gabrielle Côté et Maxime Genois. Éclairages : Martin Sirois. Musique : Josué Beaucage. Une production du Théâtre du Fol Espoir, en codiffusion avec La Manufacture, présentée au Théâtre La Licorne jusqu’au 29 novembre 2024.