Quatre ans après Embrasse, Michel Marc Bouchard revient au TNM avec son tout dernier drame où ici encore l’esthétisme est à nouveau roi et maître. Alors que la mode était le fil conducteur de sa précédente création, au cœur d’Une fête d’enfants, c’est le sujet lui-même, David, le personnage principal, qui fait figure de chef-d’œuvre, tant sa beauté est mise en relief.
De plus, à l’instar de son précédent opus, alors que l’élément déclencheur était une voie de fait perpétrée par le personnage féminin central, la mère, interprétée par Anne-Marie Cadieux, c’est également une femme, incarnée par Sylvie Drapeau, (exquise à souhait), qui, bien malgré elle, sera à l’origine de la tragédie.
Claire, riche sexagénaire, ouvre le bal. Elle décide d’organiser une fête pour souligner l’anniversaire de son petit-fils Nathan. Étrange, car même si on sait peu de choses de cette femme apparemment très blasée, elle n’aime pas particulièrement les enfants, les petits comme les plus grands, y compris sa propre fille.
Dentiste retraitée, mariée à un professeur de philosophie, vivant dans une banlieue cossue, elle consacre tous ses temps libres à la pratique du collage, dont sa principale inspiration est la célèbre plasticienne allemande Hannah Höch. De sa propre pratique, Claire se fait très discrète sinon qu’elle semble fortement apprécier l’odeur de la colle et peut-être aussi l’effet des émanations…
À la fameuse fête sont invités, bien évidemment plusieurs enfants, mais aussi leurs parents. Ainsi un couple homoparental, David, (excellent François Arnaud) orthodontiste et Nicolas, (très juste Iannicko N’Doua) ergothérapeute, y accompagnent leurs filles Marie et Adèle. Tout se déroule comme il se doit jusqu’à l’arrivée inopinée d’un autre couple homosexuel dont l’un des deux hommes est l’amant secret de David. Les petites festivités vont alors dramatiquement basculer vers l’indicible.
Splendide écrin
Que ce soit le décor impressionnant de Romain Fabre, qui porte la signature dadaïste inspirée des collages d’Hanna Höch, enveloppé d’un brouillard magnifié par les éclairages de Nicolas Descôteaux et ponctué des vidéos aussi fulgurants que mystérieux de Félix Fradet Faguy, ou la beauté sculpturale des protagonistes et la qualité de leur interprétation, tout respire la splendeur dans cette production.
Toutefois, la mise en scène très lisse de Florent Siaud ne fait qu’accentuer la froideur du texte de Michel Marc Bouchard qui, apparemment, était à l’origine un monologue. Les trop rares échanges entre les interprètes s’évanouissent dans une mer d’exposés face au public, où l’émotion peine à émerger. L’évocation minimaliste des autres convives biffe toute impression de fébrilité festive qui eût été nécessaire pour faire contrepoids au drame qui sourd. À noter aussi, malheureusement, les quelques réparties préenregistrées des personnages secondaires, sûrement cruciales, sont quasi inaudibles.
Les états d’âme insignifiants de Claire ne nous touchent guère. Son aversion pour la gaugauche bien nantie aurait pu être exploitée davantage pour exacerber les contradictions du personnage. Sans compter que l’évolution du narcissisme de David n’est pas clairement ressentie. Ce fameux vernis qui devait craquer sous nos yeux ne demeure qu’une vue de l’esprit. L’une des scènes ultimes, nous faisant enfin pénétrer l’intimité du couple et nous révélant plusieurs non-dits, se situe dans un cadre domestique si étriqué pour des gens aussi riches qu’elle tranche bizarrement dans le décor.
On nous promettait une « réflexion toute en finesse sur la masculinité et la relation au succès ». On sort plutôt de cette représentation comme si on avait assisté à un concours de beauté aux trop rares aspérités.
Texte : Michel Marc Bouchard. Mise en scène : Florent Siaud. Assistance à la mise en scène : Adèle Saint-Amand. Décor : Romain Fabre. Costumes : Julie Charland. Éclairages : Nicolas Descôteaux. Musique originale : Vincent Legault. Conception vidéo : Félix Fradet Faguy. Accessoires : Marie-Eve Fortier. Maquillages : Florence Cornet. Régie : Nadia Bélanger. Avec François Arnaud, Sylvie Drapeau et Iannicko N’Doua. Une production du Théâtre du Nouveau Monde présentée au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 8 février 2025.
Quatre ans après Embrasse, Michel Marc Bouchard revient au TNM avec son tout dernier drame où ici encore l’esthétisme est à nouveau roi et maître. Alors que la mode était le fil conducteur de sa précédente création, au cœur d’Une fête d’enfants, c’est le sujet lui-même, David, le personnage principal, qui fait figure de chef-d’œuvre, tant sa beauté est mise en relief.
De plus, à l’instar de son précédent opus, alors que l’élément déclencheur était une voie de fait perpétrée par le personnage féminin central, la mère, interprétée par Anne-Marie Cadieux, c’est également une femme, incarnée par Sylvie Drapeau, (exquise à souhait), qui, bien malgré elle, sera à l’origine de la tragédie.
Claire, riche sexagénaire, ouvre le bal. Elle décide d’organiser une fête pour souligner l’anniversaire de son petit-fils Nathan. Étrange, car même si on sait peu de choses de cette femme apparemment très blasée, elle n’aime pas particulièrement les enfants, les petits comme les plus grands, y compris sa propre fille.
Dentiste retraitée, mariée à un professeur de philosophie, vivant dans une banlieue cossue, elle consacre tous ses temps libres à la pratique du collage, dont sa principale inspiration est la célèbre plasticienne allemande Hannah Höch. De sa propre pratique, Claire se fait très discrète sinon qu’elle semble fortement apprécier l’odeur de la colle et peut-être aussi l’effet des émanations…
À la fameuse fête sont invités, bien évidemment plusieurs enfants, mais aussi leurs parents. Ainsi un couple homoparental, David, (excellent François Arnaud) orthodontiste et Nicolas, (très juste Iannicko N’Doua) ergothérapeute, y accompagnent leurs filles Marie et Adèle. Tout se déroule comme il se doit jusqu’à l’arrivée inopinée d’un autre couple homosexuel dont l’un des deux hommes est l’amant secret de David. Les petites festivités vont alors dramatiquement basculer vers l’indicible.
Splendide écrin
Que ce soit le décor impressionnant de Romain Fabre, qui porte la signature dadaïste inspirée des collages d’Hanna Höch, enveloppé d’un brouillard magnifié par les éclairages de Nicolas Descôteaux et ponctué des vidéos aussi fulgurants que mystérieux de Félix Fradet Faguy, ou la beauté sculpturale des protagonistes et la qualité de leur interprétation, tout respire la splendeur dans cette production.
Toutefois, la mise en scène très lisse de Florent Siaud ne fait qu’accentuer la froideur du texte de Michel Marc Bouchard qui, apparemment, était à l’origine un monologue. Les trop rares échanges entre les interprètes s’évanouissent dans une mer d’exposés face au public, où l’émotion peine à émerger. L’évocation minimaliste des autres convives biffe toute impression de fébrilité festive qui eût été nécessaire pour faire contrepoids au drame qui sourd. À noter aussi, malheureusement, les quelques réparties préenregistrées des personnages secondaires, sûrement cruciales, sont quasi inaudibles.
Les états d’âme insignifiants de Claire ne nous touchent guère. Son aversion pour la gaugauche bien nantie aurait pu être exploitée davantage pour exacerber les contradictions du personnage. Sans compter que l’évolution du narcissisme de David n’est pas clairement ressentie. Ce fameux vernis qui devait craquer sous nos yeux ne demeure qu’une vue de l’esprit. L’une des scènes ultimes, nous faisant enfin pénétrer l’intimité du couple et nous révélant plusieurs non-dits, se situe dans un cadre domestique si étriqué pour des gens aussi riches qu’elle tranche bizarrement dans le décor.
On nous promettait une « réflexion toute en finesse sur la masculinité et la relation au succès ». On sort plutôt de cette représentation comme si on avait assisté à un concours de beauté aux trop rares aspérités.
Une fête d’enfants
Texte : Michel Marc Bouchard. Mise en scène : Florent Siaud. Assistance à la mise en scène : Adèle Saint-Amand. Décor : Romain Fabre. Costumes : Julie Charland. Éclairages : Nicolas Descôteaux. Musique originale : Vincent Legault. Conception vidéo : Félix Fradet Faguy. Accessoires : Marie-Eve Fortier. Maquillages : Florence Cornet. Régie : Nadia Bélanger. Avec François Arnaud, Sylvie Drapeau et Iannicko N’Doua. Une production du Théâtre du Nouveau Monde présentée au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 8 février 2025.