Critiques

Une fin : Ne regardez pas en haut

© Valérie Remise

Qui n’est pas un peu préoccupé par les changements climatiques, au sortir de la pandémie de COVID-19 et autres catastrophes environnementales ? C’est certainement le cas de Sébastien David, qui offre avec Une fin les derniers moments de l’humanité à travers une myriade de personnages qui approchent l’extinction chacun à leur façon.

La pièce fait d’emblée penser au film Don’t look up à la sauce québécoise et théâtrale. On troque ici un astéroïde à un soleil grandissant qui brûlera bientôt l’humanité entière, mais le résultat est le même; la fin du monde. Face à cette adversité fatale, les réactions sont diverses; certain·es veulent faire la fête jusqu’à la fin, d’autres en profitent pour régler des choses ou les révéler. D’autres encore continuent leur quotidien comme si de rien n’était, ou alors sont carrément dans le déni.

Une fin voit défiler près d’une vingtaine de comédiennes et de comédiens sous la direction de Patrice Dubois et Laurence Dauphinais. C’est cet ensemble nombreux qui constitue le corps et le cœur de cette pièce de grande envergure. La scénographie (Pierre-Étienne Locas) est sinon très sobre; un décor qui fait plutôt usage des coulisses du théâtre jusqu’au mur, dévoilant passerelles et échelles qui sont ponctuellement utilisées, ainsi que les portes de sortie côté cour et côté jardin.

© Valérie Remise

Chassés-croisés de fin du monde

Véritable œuvre chorale, Une fin est un tour de force, entre l’enchaînement de plusieurs saynètes, des personnages qui se croisent, des comédiennes et comédiens qui jouent plusieurs rôles selon les scènes. Il faut notamment souligner la performance de Gabriel Lemire, impeccable, qui a (ap)pris son rôle au pied levé en remplacement d’un autre comédien, quasi la veille de la première. On apprécie Harry Standjofski sorti du Centaur, en vieux sage qui se lie d’amitié avec un jeune garçon dont les parents sont disparus, Brianna Lombardo qui offre une performance de danse ultime avant la fin, ou encore Charlie Monty qui apporte des moments comiques toujours à point.

Alternant entre moments dramatiques, touchants, ironiques et drôles, Une fin s’attaque aux relations humaines et aux réactions de tout un chacun en cas de destruction annoncée. Une certaine beauté se dégage de plusieurs scènes, dont celle qui scinde cette pièce de plus de deux heures en deux. C’est peut-être le bémol principal de la pièce : malgré les nombreux personnages et un enchaînement dynamique, on remarque des longueurs dans certaines scènes. On comprend rapidement, dès le début, de quoi il en retourne, et bien que certaines intrigues soient intéressantes à suivre, d’autres s’allongent inutilement.

Il est bien difficile d’anticiper comment réagir à une fin du monde annoncée, mais Une fin en offre un bref aperçu assez varié, qui somme toute, peut être assez plaisante à contempler.

© Valérie Remise

Une fin

Texte : Sébastien David. Mise en scène : Patrice Dubois et Laurence Dauphinais. Interprétation : Lamia Benhacine, Zoé Boudou, Gary Boudreault, Amélie Dallaire, Tommy Joubert, Simon Landry-Désy, Gabriel Lemire, Brianna Lombardo, Charlie Monty, Matthew Monty, Alejandro Muller Salas, Justin Simon, Harry Standjofski, Marie-Hélène Thibault, Phara Thibault, Julie Vincent, Aline Winant. Scénographie et accessoires : Pierre-Etienne Locas. Lumière : Claire Seyller. Musique : Joël Lavoie. Costumes : Oleksandra Lykova, avec l’assistance de Stéphane Christinel. Mouvement : Brianna Lombardo. Maquillages et coiffures : Justine Denoncourt-Bélanger, avec l’assistance de Victoria Chiron. Régie générale : Adèle Saint-Amand. Régie de plateau : Eric-William Quinn. Présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 1er mars 2025.