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Lancement de saison 25-26 du TNM

© Théâtre du Nouveau Monde

Ça fourmille en ce mardi matin au Théâtre du Nouveau Monde pour lancer l’ultime saison de Lorraine Pintal. Mettant en vedette de grands noms de la culture québécoise comme Kim Thúy, Michel Tremblay, Robert Lepage, Rébecca Déraspe et Kev Lambert pour ne citer qu’eux, cette saison 25-26 promet de rejoindre les préoccupations d’une société sommée de se réinventer.

Les deux codirecteurs Geoffrey Gaquère et Étienne Langlois ont ouvert le bal de bonne humeur, rappelant les succès de la saison actuelle, puisque de nombreux spectacles (La femme qui fuit, Kukum, Une fête d’enfants, etc.) ont été présentés avec ajouts de supplémentaires.

Puis, après avoir salué Cher journal, le spectacle qui inaugurera fin avril la salle Réjean Ducharme dédiée à la relève, Kim Thúy et Lorraine Pintal — un duo décapant d’humour et de tendresse — ont évoqué la première pièce de la saison Ấm écrite par l’écrivaine d’origine vietnamienne. « Quand Lorraine m’a demandé d’écrire pour le théâtre, j’étais sûre que c’était une erreur », lance Kim Thúy.

Après trois ans de travail, le collectif de création, célébré par ces deux femmes, a mis au monde un spectacle très intimiste racontant un couple et un jeune homme au milieu, vivant avec le trouble du spectre de l’autisme, interprété par le danseur Jimmy Chung.

En vietnamien, Ấm désigne la chaleur et l’âme à l’image du charnel et du spirituel que Kim Thúy a voulu mettre au cœur de ce premier texte pour la scène. « Ensemble, on a dessiné un avenir où on peut accepter la différence », déclare Pintal, qui signe la mise en scène. À l’affiche dès le 9 septembre prochain.

Avec Hosanna ou la Shéhérazade des pauvres, une création du Trident (en coproduction avec le TNM), Olivier Arteau, codirecteur général et directeur artistique du théâtre de la capitale nationale, explique qu’il s’agit d’un collage de Maxime Robin entre deux œuvres de Michel Tremblay Hosanna (1973) et La Shéhérazade des pauvres, écrite durant la pandémie.

Robin, qui est aussi à la mise en scène, raconte ainsi les avancées fragiles d’un groupe social et l’histoire profondément émouvante de Claude Lemieux, un travesti, blessé par ses propres rêves. « Merci à Michel Tremblay d’avoir mis la lumière sur cette communauté il y a plus de 50 ans », de conclure, ému, Olivier Arteau.

Soulignons que Luc Provost, qui a fait entrer les drag queens dans notre quotidien avec son personnage de Mado Lamotte, incarnera l’une des trois Hosanna. Ce spectacle, qui fut un succès lors de sa création au Théâtre du Trident en 2023, sera présenté au TNM dès le 11 novembre.

« Est-ce encore opportun de monter Macbeth en 2025 ? », s’interroge Robert Lepage avec une pointe de cynisme. « Car c’est un bel exemple de ce qui peut se produire quand on donne le pouvoir à un être narcissique pathologique », poursuit-il.

En janvier, le célèbre metteur en scène prend à bras-le-corps la traduction québécoise de Michel Garneau et transpose l’action de l’Écosse médiévale à l’impitoyable univers des motards. On se délecte déjà du choix des comédien·nes, puisque Alexandre Goyette et Violette Chauveau incarneront le plus célèbre couple maudit de la dramaturgie.

Au printemps, Que notre joie demeure de Kev Lambert, adapté et mis en scène par Maxime Carbonneau et Laurence Dauphinais, sera à l’affiche dès le 17 mars 2026.

« C’est un questionnement sur le pouvoir des ultrariches et sur les récits que l’on se raconte pour motiver nos privilèges, déclare Kev Lambert. Ce texte politique et social sur les problèmes de logement résonne beaucoup avec la situation catastrophique qu’on vit. »

L’architecte montréalaise Céline Wachowski, incarnée par Anne Dorval, est accusée d’accentuer le phénomène d’embourgeoisement. Avec elle, on se demande « c’est quoi ce bâti qui fait le Québec », explique Maxime Carbonneau. « C’est une œuvre théâtrale avec beaucoup de rebondissements », ajoute Laurence Dauphinais, car que signifie être rebelle lorsque l’omniprésente mentalité capitaliste vous a enrichi au-delà de toute mesure ?

À partir du 5 mai 2026, Quichotte occupera les planches de la grande salle Gascon-Roux. Un duo qui a fait ses preuves se reforme pour l’occasion. Rébecca Déraspe et Frédéric Bélanger signent l’adaptation du célèbre texte de Cervantes tandis que Frédéric Bélanger le met en scène. « C’est notre troisième collaboration, se réjouit Rébecca Déraspe. La première raison pour laquelle j’ai accepté ce mandat, c’est pour travailler à nouveau avec Frédéric Bélanger. La deuxième, c’est avec l’idée de sortir Dulcinée — une paysanne rêvée à qui Don Quichotte dédiera ses exploits futurs — du monde du fantasme, de la rendre réelle, avec des désirs. Je me constate au regard de la nouvelle programmation du TNM à quel point la fiction a le pouvoir de changer le monde », poursuit avec conviction l’autrice.

Enfin, pour sept représentations au mois d’octobre 2026, Anna — Ces trains qui foncent sur moi, de Steve Gagnon, mis en scène par Vincent Goethals, montrera comment les tentacules du patriarcat s’infiltrent et se révèlent partout sournoisement. Et comment chacun à sa manière, les 14 personnages liés par l’amitié essaieront dans cette fresque sociale de s’en libérer.

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