La saison 2024-2025 du Théâtre du Rideau Vert s’achève ce mois-ci avec la présentation de la pièce française Chers Parents. Créée à Paris en 2021, elle sera à l’affiche du Théâtre de la Michodière à la fin mai, après plus de 900 représentations.
Cette comédie à succès nous arrive dans une adaptation de Danièle Lorain qui a su intégrer quelques références sociales, politiques et culturelles bien de chez nous tout en campant l’action au cœur d’une famille québécoise tout à fait crédible. On ne sent pas du tout d’influences hexagonales si ce n’est la structure narrative un brin vaudevillesque.
Un couple d’enseignant·e·s sexagénaires à la retraite décide d’inviter, de toute urgence, ses enfants pour une rencontre au sommet. La progéniture est composée de Pierre, l’aîné, marié, père de deux enfants et propriétaire d’une entreprise d’écrans solaires, de Louise, célibataire, qui poursuit sa 8e année en médecine à l’université et enfin de Jules, le benjamin, très instable en amour, piètre écrivain devenu critique littéraire.
Le trio se précipite donc dans la demeure familiale, craignant les pires scénarios : maladie, séparation, mort imminente. Les parents se font rassurants. Après moult détours, ils finissent par avouer qu’ayant gagné à la loterie, ils partent au Cambodge fonder un orphelinat.
Perplexes face à cette révélation, les enfants se questionnent sur le montant de la cagnotte. Cet argent tombé du ciel devient source de tensions, de critiques, de chantages, de menaces et d’affrontements de plus en plus violents, surtout lorsque le montant astronomique de la somme leur est, par hasard, divulguée.
À la Filiatrault
À priori, la subtilité n’est pas de mise dans cette comédie débridée. À commencer par le jeu des protagonistes qui frôle très souvent le cabotinage. Le maniérisme outrancier de Pierre, l’affectation maladive de Louise pour sa mère, la maladresse excessive de Jules, l’éternel ado, qui n’en finit plus de grandir, étonnent.
Ces comportements excessifs réussissent toutefois à mettre en relief le stoïcisme du couple dépareillé que représente l’élégante et filiforme Josée Deschênes (pince-sans-rire d’une très grande efficacité) et le trapu brouillon, incarné par le solide Luc Senay.
Puis, la magie de l’humour opère. Tout ce qui irritait en lever de rideau devient petit à petit amusant et finit même par provoquer une hilarité irrésistible au fil des scènes extravagantes qui se multiplient. Les réparties cinglantes et les réactions démesurées des trois enfants fonctionnent. La folie de la proposition gagne son pari. Une claque bien nourrie et bien méritée fut d’ailleurs servie à Luc Senay au terme d’un petit monologue complètement absurde et désopilant, lors de la première médiatique.
Avec Chers parents, on sent la signature de la directrice artistique qui, en guise de salut, a programmé cette facétieuse comédie et en a confié la mise en scène à Marc St-Martin, réjouissant et incontournable collaborateur à Revue et corrigée. Un clin d’œil espiègle de celle qui nous déride tant depuis des décennies.
En filigrane de cette sympathique farce, on se permet aussi quelques réflexions, telles que l’exploitation des jeunes ouvriers à l’étranger, la lutte des classes et surtout l’importance démesurée de l’argent dans nos vies. Et on ne peut que rire jaune en surveillant l’angoissante fissure qui ne cesse de s’élargir sur le mur du salon cossu (habile métaphore scénographique). Cela nous rappelle que notre bonheur collectif est bien fragile face entre autres aux secousses telluriques qui nous viennent du Sud.
Texte : Emmanuel et Armelle Patron. Adaptation québécoise : Danièle Lorain. Mise en scène : Marc St-Martin. Assistance à la mise en scène : Marie-Hélène Dufort. Décors : Loïc Lacroix Hoy. Costumes : Sylvain Genois. Éclairages : Renaud Pettigrew. Accessoires : Karine Cusson. Musique : Ludovic Bonnier. Maquillages et coiffures : Sylvie Rolland Provost. Avec : Simon Beaulé-Bulman, Sonia Cordeau, Josée Deschênes, Steve Gagnon et Luc Senay. Une production du Théâtre du Rideau Vert présentée au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 1er juin 2025.
La saison 2024-2025 du Théâtre du Rideau Vert s’achève ce mois-ci avec la présentation de la pièce française Chers Parents. Créée à Paris en 2021, elle sera à l’affiche du Théâtre de la Michodière à la fin mai, après plus de 900 représentations.
Cette comédie à succès nous arrive dans une adaptation de Danièle Lorain qui a su intégrer quelques références sociales, politiques et culturelles bien de chez nous tout en campant l’action au cœur d’une famille québécoise tout à fait crédible. On ne sent pas du tout d’influences hexagonales si ce n’est la structure narrative un brin vaudevillesque.
Un couple d’enseignant·e·s sexagénaires à la retraite décide d’inviter, de toute urgence, ses enfants pour une rencontre au sommet. La progéniture est composée de Pierre, l’aîné, marié, père de deux enfants et propriétaire d’une entreprise d’écrans solaires, de Louise, célibataire, qui poursuit sa 8e année en médecine à l’université et enfin de Jules, le benjamin, très instable en amour, piètre écrivain devenu critique littéraire.
Le trio se précipite donc dans la demeure familiale, craignant les pires scénarios : maladie, séparation, mort imminente. Les parents se font rassurants. Après moult détours, ils finissent par avouer qu’ayant gagné à la loterie, ils partent au Cambodge fonder un orphelinat.
Perplexes face à cette révélation, les enfants se questionnent sur le montant de la cagnotte. Cet argent tombé du ciel devient source de tensions, de critiques, de chantages, de menaces et d’affrontements de plus en plus violents, surtout lorsque le montant astronomique de la somme leur est, par hasard, divulguée.
À la Filiatrault
À priori, la subtilité n’est pas de mise dans cette comédie débridée. À commencer par le jeu des protagonistes qui frôle très souvent le cabotinage. Le maniérisme outrancier de Pierre, l’affectation maladive de Louise pour sa mère, la maladresse excessive de Jules, l’éternel ado, qui n’en finit plus de grandir, étonnent.
Ces comportements excessifs réussissent toutefois à mettre en relief le stoïcisme du couple dépareillé que représente l’élégante et filiforme Josée Deschênes (pince-sans-rire d’une très grande efficacité) et le trapu brouillon, incarné par le solide Luc Senay.
Puis, la magie de l’humour opère. Tout ce qui irritait en lever de rideau devient petit à petit amusant et finit même par provoquer une hilarité irrésistible au fil des scènes extravagantes qui se multiplient. Les réparties cinglantes et les réactions démesurées des trois enfants fonctionnent. La folie de la proposition gagne son pari. Une claque bien nourrie et bien méritée fut d’ailleurs servie à Luc Senay au terme d’un petit monologue complètement absurde et désopilant, lors de la première médiatique.
Avec Chers parents, on sent la signature de la directrice artistique qui, en guise de salut, a programmé cette facétieuse comédie et en a confié la mise en scène à Marc St-Martin, réjouissant et incontournable collaborateur à Revue et corrigée. Un clin d’œil espiègle de celle qui nous déride tant depuis des décennies.
En filigrane de cette sympathique farce, on se permet aussi quelques réflexions, telles que l’exploitation des jeunes ouvriers à l’étranger, la lutte des classes et surtout l’importance démesurée de l’argent dans nos vies. Et on ne peut que rire jaune en surveillant l’angoissante fissure qui ne cesse de s’élargir sur le mur du salon cossu (habile métaphore scénographique). Cela nous rappelle que notre bonheur collectif est bien fragile face entre autres aux secousses telluriques qui nous viennent du Sud.
Chers parents
Texte : Emmanuel et Armelle Patron. Adaptation québécoise : Danièle Lorain. Mise en scène : Marc St-Martin. Assistance à la mise en scène : Marie-Hélène Dufort. Décors : Loïc Lacroix Hoy. Costumes : Sylvain Genois. Éclairages : Renaud Pettigrew. Accessoires : Karine Cusson. Musique : Ludovic Bonnier. Maquillages et coiffures : Sylvie Rolland Provost. Avec : Simon Beaulé-Bulman, Sonia Cordeau, Josée Deschênes, Steve Gagnon et Luc Senay. Une production du Théâtre du Rideau Vert présentée au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 1er juin 2025.