Cet été qui chantait : Voir et vivre la beauté
Créée en 2023 et présentée en tournée depuis, cette production franco-manitobaine est une ode aux attraits de la nature et du quotidien, ainsi qu’une invitation à en apprécier la richesse. Très librement inspiré du roman éponyme de Gabrielle Roy, ce récit — qui tient de l’épure — met en scène la célèbre écrivaine. On la retrouve à son arrivée à la campagne, amorçant son séjour rituel dans sa maison d’été charlevoisienne. Par la fenêtre, sise au centre de l’aire de jeu, montagnes, étang, lac et ciel sont égayés par les mouvements des oiseaux et des grenouilles, le tout représenté en ombres chinoises et en projections d’acétates aux tons vifs d’azur et d’émeraude. Cette animation trouve écho dans l’environnement sonore que génère en direct Gérald Laroche, reproduisant impeccablement les chants d’animaux ainsi que le bruit délicat du vent sifflant à travers les roseaux.
Bien que sensible au caractère lénifiant de son luxuriant cocon estival, Gabrielle n’en saisira la pleine splendeur que lorsque son regard sera guidé par celui de sa sœur Bernadette, âgée et malade, qui s’émerveillera devant les fleurs sauvages ou encore le ruisseau, où elle s’aventurera pieds nus. De la même façon, l’aînée prêtera une oreille chaleureuse au babillage enthousiaste du voisin et cette bienveillance affectueuse déteindra sur la protagoniste, campée par Marie-Ève Fontaine, autrice du texte de la pièce. Bernadette, quant à elle, est incarnée par une magnifique marionnette réalisée par le chevronné Pierre Robitaille, qui signe aussi la mise en scène du spectacle.
À cela se limite plus ou moins la trame narrative de l’œuvre, qui propose une expérience méditative dont la lenteur se révèle une composante intrinsèque. Car la puissance de Cet été qui chantait s’inscrit dans le temps de contemplation et de félicité qui est offert au public, tel un inestimable présent.
Texte : Marie-Ève Fontaine. Mise en scène et marionnettes : Pierre Robitaille. Environnement sonore : Gérald Laroche. Scénographie et accessoires : Denis Duguay. Éclairages : Emilio Sebastiao. Costumes : Janelle Tougas. Conseils dramaturgiques : Maureen Labonté. Avec Marie-Ève Fontaine et Nathalie Labossière. Une production de Flammèche Théâtre, présentée à l’occasion du FIAMS à la salle polyvalente du cégep de Jonquière les 23 et 24 juillet 2026.
Plastic Heroes : Mi-victoire mi-défaite
La proposition de l’auteur, metteur en scène, interprète et marionnettiste israélo-allemand Ariel Doron était certainement, a priori, l’une des plus intrigantes de la programmation de la 18e édition du Festival international des arts de la marionnette à Saguenay (FIAMS) : aborder le thème de la guerre en théâtre d’objets, usant de jouets s’inscrivant dans une iconographie martiale.
Cette singulière prémisse tient-elle ses promesses implicites ? Partiellement, dirons-nous. Certains des tableaux de ce spectacle solo s’avèrent à la fois amusants et éloquents. C’est le cas de celui où un soldat (de ceux, fonctionnant à piles, qui avancent d’eux-mêmes à plat ventre, mitraillette à la main) refuse de poursuivre l’opération militaire en cours parce qu’il est devenu trop ardu pour lui de renoncer à son rêve d’être une « star ». Il entraîne donc son escadron dans une chorégraphie cocasse au son de la chanson I Need a Hero de Bonnie Tyler, boule disco et pétard de confettis scintillants à l’appui.
D’autres scènes se révèlent moins convaincantes, comme celle où une sentinelle surveillant un rempart profite de la tranquillité de la nuit pour se délecter d’une barre de chocolat, s’enfiler goulûment une boisson gazeuse et uriner à tout vent. Si le jet (d’eau) provient du soldat miniature, c’est le marionnettiste lui-même qui boit et qui déguste la sucrerie pendant de longues, voire d’interminables minutes. Veut-on évoquer la trivialité des préoccupations de ceux et celles qui participent aux conflits armés sans véritablement se soucier du poids que ces affrontements et cette militarisation imposent aux citoyen·nes ? Peut-être.
Malgré la forte présence scénique de Doron ainsi que l’ingéniosité qu’il déploie dans ses démonstrations (par exemple, un ventilateur pointé sur sa chevelure suggère le déplacement d’air provoqué par l’hélice d’un hélicoptère… ici en modèle réduit), le sens de plusieurs saynètes demeure abscons et la portée du spectacle s’en trouve minée. On ne peut, par ailleurs, s’empêcher de prendre conscience, au fil de la représentation, du privilège dont jouissent les spectateurs et spectatrices de Plastic Heroes de pouvoir être dans une salle de théâtre, à même de réfléchir et de rire face à une pièce ayant pour sujet la guerre alors que tant d’autres personnes, au même moment, ailleurs sur la planète, en souffrent et en meurent. Ce sujet aurait sans doute mérité d’être traité, sans nécessairement abdiquer l’approche humoristique embrassée par l’artiste, d’une manière plus signifiante.
Texte et interprétation : Ariel Doron. Mise en scène : Ariel Doron et Shahard Marom. Une production d’Ariel Doron, présentée à l’occasion du FIAMS au studio du Petit Théâtre de l’UQAC les 25 et 26 juillet 2025.
Cet été qui chantait : Voir et vivre la beauté
Créée en 2023 et présentée en tournée depuis, cette production franco-manitobaine est une ode aux attraits de la nature et du quotidien, ainsi qu’une invitation à en apprécier la richesse. Très librement inspiré du roman éponyme de Gabrielle Roy, ce récit — qui tient de l’épure — met en scène la célèbre écrivaine. On la retrouve à son arrivée à la campagne, amorçant son séjour rituel dans sa maison d’été charlevoisienne. Par la fenêtre, sise au centre de l’aire de jeu, montagnes, étang, lac et ciel sont égayés par les mouvements des oiseaux et des grenouilles, le tout représenté en ombres chinoises et en projections d’acétates aux tons vifs d’azur et d’émeraude. Cette animation trouve écho dans l’environnement sonore que génère en direct Gérald Laroche, reproduisant impeccablement les chants d’animaux ainsi que le bruit délicat du vent sifflant à travers les roseaux.
Bien que sensible au caractère lénifiant de son luxuriant cocon estival, Gabrielle n’en saisira la pleine splendeur que lorsque son regard sera guidé par celui de sa sœur Bernadette, âgée et malade, qui s’émerveillera devant les fleurs sauvages ou encore le ruisseau, où elle s’aventurera pieds nus. De la même façon, l’aînée prêtera une oreille chaleureuse au babillage enthousiaste du voisin et cette bienveillance affectueuse déteindra sur la protagoniste, campée par Marie-Ève Fontaine, autrice du texte de la pièce. Bernadette, quant à elle, est incarnée par une magnifique marionnette réalisée par le chevronné Pierre Robitaille, qui signe aussi la mise en scène du spectacle.
À cela se limite plus ou moins la trame narrative de l’œuvre, qui propose une expérience méditative dont la lenteur se révèle une composante intrinsèque. Car la puissance de Cet été qui chantait s’inscrit dans le temps de contemplation et de félicité qui est offert au public, tel un inestimable présent.
Cet été qui chantait
Texte : Marie-Ève Fontaine. Mise en scène et marionnettes : Pierre Robitaille. Environnement sonore : Gérald Laroche. Scénographie et accessoires : Denis Duguay. Éclairages : Emilio Sebastiao. Costumes : Janelle Tougas. Conseils dramaturgiques : Maureen Labonté. Avec Marie-Ève Fontaine et Nathalie Labossière. Une production de Flammèche Théâtre, présentée à l’occasion du FIAMS à la salle polyvalente du cégep de Jonquière les 23 et 24 juillet 2026.
Plastic Heroes : Mi-victoire mi-défaite
La proposition de l’auteur, metteur en scène, interprète et marionnettiste israélo-allemand Ariel Doron était certainement, a priori, l’une des plus intrigantes de la programmation de la 18e édition du Festival international des arts de la marionnette à Saguenay (FIAMS) : aborder le thème de la guerre en théâtre d’objets, usant de jouets s’inscrivant dans une iconographie martiale.
Cette singulière prémisse tient-elle ses promesses implicites ? Partiellement, dirons-nous. Certains des tableaux de ce spectacle solo s’avèrent à la fois amusants et éloquents. C’est le cas de celui où un soldat (de ceux, fonctionnant à piles, qui avancent d’eux-mêmes à plat ventre, mitraillette à la main) refuse de poursuivre l’opération militaire en cours parce qu’il est devenu trop ardu pour lui de renoncer à son rêve d’être une « star ». Il entraîne donc son escadron dans une chorégraphie cocasse au son de la chanson I Need a Hero de Bonnie Tyler, boule disco et pétard de confettis scintillants à l’appui.
D’autres scènes se révèlent moins convaincantes, comme celle où une sentinelle surveillant un rempart profite de la tranquillité de la nuit pour se délecter d’une barre de chocolat, s’enfiler goulûment une boisson gazeuse et uriner à tout vent. Si le jet (d’eau) provient du soldat miniature, c’est le marionnettiste lui-même qui boit et qui déguste la sucrerie pendant de longues, voire d’interminables minutes. Veut-on évoquer la trivialité des préoccupations de ceux et celles qui participent aux conflits armés sans véritablement se soucier du poids que ces affrontements et cette militarisation imposent aux citoyen·nes ? Peut-être.
Malgré la forte présence scénique de Doron ainsi que l’ingéniosité qu’il déploie dans ses démonstrations (par exemple, un ventilateur pointé sur sa chevelure suggère le déplacement d’air provoqué par l’hélice d’un hélicoptère… ici en modèle réduit), le sens de plusieurs saynètes demeure abscons et la portée du spectacle s’en trouve minée. On ne peut, par ailleurs, s’empêcher de prendre conscience, au fil de la représentation, du privilège dont jouissent les spectateurs et spectatrices de Plastic Heroes de pouvoir être dans une salle de théâtre, à même de réfléchir et de rire face à une pièce ayant pour sujet la guerre alors que tant d’autres personnes, au même moment, ailleurs sur la planète, en souffrent et en meurent. Ce sujet aurait sans doute mérité d’être traité, sans nécessairement abdiquer l’approche humoristique embrassée par l’artiste, d’une manière plus signifiante.
Plastic Heroes
Texte et interprétation : Ariel Doron. Mise en scène : Ariel Doron et Shahard Marom. Une production d’Ariel Doron, présentée à l’occasion du FIAMS au studio du Petit Théâtre de l’UQAC les 25 et 26 juillet 2025.