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Le FIL présente sa 31ᵉ édition

© Alexya Crôteau-Grégoire

Le Festival international de la littérature (FIL) a dévoilé la programmation de sa 31e édition, qui se déroulera du 24 septembre au 4 octobre. Plus de 60 manifestations — dont de nombreuses créations – auront lieu, rassemblant environ 200 écrivain·es et artistes d’ici et d’ailleurs.

Cette édition s’ouvrira avec Demain l’amour, un cabaret littéraire et musical qui se veut un hommage à l’héritage poétique québécois. Imaginé par Célia Gouin-Arsenault, Mattis Savard-Verhoeven et Félix Lahaye, qui signe également la mise en scène, ce happening réunira les interprètes et « passeur·es » de poésie Mathieu Gosselin, Célia Gouin-Arsenault, Camille Paré-Poirier, Mattis Savard-Verhoeven et Elkahna Talbi.

L’amour et sa naissance fébrile, mais aussi la folie, le désir etle deuil, sont au cœur de Mourir de froid, c’est beau, c’est long, c’est délicieux, de l’autrice, psychologue et chroniqueuse Nathalie Plaat. Véronique Côté fera entendre cette œuvre à la croisée de l’essai et du récit, dans une mise en lecture de Frédéric Blanchette.

S’en suivra Juste vide ton cœur, portée sur les planches par Xénia Gould, poète transdisciplinaire de la scène canadienne. Quelque part entre le slam, le théâtre, le journal intime et la drag, cette performance, tissée du chiac des racines acadiennes de l’artiste, s’avère être une quête identitaire et culturelle. Elle sera créée avec la complicité de la metteure en scène Angela Konrad.

Rencontres entre le texte et la scène

Le FIL provoque des rencontres entre des textes de tout horizon et des créateur·trices de la scène, donnant ainsi à vivre des œuvres dans un théâtre. Parmi ces rencontres cette année : Les Nouveaux anciens de Kae Tempest, figure actuelle du spoken word, de la musique, du rap et du théâtre anglophones, et Alice Ronfard. Cette dernière mettra en lecture cette fable poétique urbaine, qui explore les figures tragiques d’aujourd’hui. Nathalie Claude et Jules Ronfard y donneront voix.

Ce que je sais de toi d’Éric Chacour connaîtra une nouvelle vie au théâtre. La première lecture de cette adaptation théâtrale est réalisée par Nadia Girard Eddahia et mise en scène par Olivier Arteau. Ce projet, qui réunit Le Trident (Québec), Duceppe (Montréal) et La Colline (Paris), conviera les acteur·trices Miryam Amrouche (Québec), Gaïa Cherrat Naghshi (Québec), Ziad Ek (Québec), Véronika Makdissi-Warren (Québec), Adil Mekki (Paris), Yacine Sif El Islam (Paris) et Ines Sirine Azaiez (Québec).

Autre rencontre : celle de Chantal Akerman et de Brigitte Haentjens, qui mettra en lecture Une famille à Bruxelles, premier récit de la cinéaste. Dans ce texte bref, qui mêle fiction et autobiographie, une femme venant de perdre son mari raconte le vide et la solitude. L’indicible Shoah s’y trame aussi. Monique Spaziani deviendra cette femme à la fenêtre, à Bruxelles, drapée dans ses souvenirs.

Œuvre on ne peut plus hybride, Tenir parole témoignera de la collaboration de longue date entre la danseuse et chorégraphe Louise Bédard et le photographe et artiste polyvalent Angelo Barsetti. Seule, Louise évoluera en scène, habitée d’une mosaïque de textes écrits par cinq autrices : Louise Bombardier, Véronique Côté, Evelyne de la Chenelière, Denise Desautels et Rachel Graton. Avec sa voix, Angelo dialoguera avec le corps de la danseuse en mouvement, façonnant ainsi un duo de paroles et de gestes.

Enfin, on pourra voir Mon Voyage en Amérique de Kim Yaroshevskaya, porté sur les planches par Pascale Montpetit. Ce spectacle, qui retrace le voyage de celle qui a incarné notre Fanfreluche nationale, sera présenté à la Maison de la culture Mont-Royal.

Des voix pour nous rappeler

Gaza écrit Gaza est un recueil paru chez Mémoire d’encrier et édité par Refaat Alareer, assassiné en 2023. Il rassemble des récits de jeunes écrivain·es de Gaza qui ont survécu aux assauts israéliens de 2008-2009, et qui racontent leur quotidien, leurs peurs et leurs rêves. Ce sont ces textes, traduits par des auteur·trices de la francophonie, qui seront lus lors d’une soirée hommage. Kev Lambert, Nadine Ltaif, Heather O’Neill, Rodney Saint-Éloi, ainsi que Moe Clark, Yara El-Ghadban et Elkahna Talbi, qui assureront aussi la mise en scène et en musique, en seront les lecteur·trices et interprètes.

Cette édition sera également l’occasion de souligner l’anniversaire d’institutions du paysage littéraire. D’abord, Lux Éditeur fêtera ses 30 ans lors d’un cabaret intitulé Mémoires des Amériques. Pierre Lefebvre mettra en lecture des pages et voix de son catalogue : Anne Archet, Serge Bouchard, Arthur Buies, Michel Chartrand, etc. Celles-ci seront portées par Larissa Corriveau, Fayolle Jean Jr, Pierre Lebeau et Dominique Pétin.

Puis ce sera au tour de l’Académie des lettres du Québec de souffler 80 bougies. Lors de Ce n’est pas que l’histoire doit finir, c’est qu’elle est loin d’être terminée, un hommage sera rendu aux textes qui ont marqué l’imaginaire collectif. Sur scène : des duos d’académicien·nes et de lauréat·es parmi lesquel·les on retrouvera Martine Audet, Nicole Brossard, Daniel Canty, Jean-Paul Daoust, Monique Proulx, Rodney Saint-Éloi, Evelyne de la Chenelière, Jean-Marc Desgent, Christian Guay Poliquin, Catherine Lalonde, Vincent Lambert et Élise Turcotte. Olivier Kemeid animera cette soirée, tout en réalisant la mise en scène avec Lise Vaillancourt.

Un autre spectacle littéraire rappellera l’histoire, et plus précisément celle qui s’est jouée en Argentine à partir du coup d’État de 1976. La poète Flavia Garcia et le musicien José Maria Gianelli présenteront Fouiller les décombres et la mémoire de cet épisode, mis en scène par Francine Alepin.

Lectures-performances

La jeune maison Hurlantes éditrices sera de retour au FIL avec une deuxième édition de son cabaret, intitulé cette fois Fight foraine. Has been / Vieilles gloires d’abord réunira les poètes Marjolaine Beauchamp, Alexandre Dostie, Pénélope Jolicoeur et Hugo Mudie, qui assureront aussi la mise en scène, ainsi que Ariane Beaudry, Marido Billequey, Maryline Chery, Pénélope Deraîche-Dallaire, Michèle Des Rosiers, Nicholas Giguère, Magalie Lefebvre Jean, Rowan Mercille, Emilie Ndejuru, Catherine Paquet et Véronique Pascal. Une célébration de la vie et de l’œuvre de Jean-Sébastien Larouche, Quand j’écris d’même, suivra en deuxième partie.

Des lectures performatives feront découvrir autrement le parcours littéraire d’écrivaines d’ici, dont Evelyne de la Chenelière. Aux côtés de sa traductrice allemande, Gerda Poschmann-Reichenau, l’autrice proposera, avec Tout est dans la langue, une promenade dans le chantier de traduction de son plus récent recueil, Les traits difficiles (Les Herbes rouges, 2024), ainsi qu’à travers les échos, les motifs et les résonances qui circulent dans l’ensemble de son corpus. Catherine De Léan se joindra à elles pour cet apéro ponctué de lectures d’extraits, en français et en allemand.

La poète et performeuse Catherine Lalonde entreprendra pour sa part la lecture à voix haute et en ordre chronologique de tous ses livres publiés depuis Jeux de brume (Le Loup de Gouttière, 1991) jusqu’au tout récent Trous (Le Quartanier, 2024). Le public découvrira au gré de cette lecture mille artefacts du parcours d’écriture de l’autrice. Intitulée Relire relier, cette performance au long souffle durera environ 7 heures.

Rendez-vous aussi à l’esplanade Tranquille où la Brigade littéraire du FIL, composée de six finissants·es des écoles de théâtre, offrira des performances spontanées in situ, sous la direction artistique d’Alix Dufresne. Lors de ces performances, des extraits d’œuvres évoquant la librairie ou la bibliothèque seront lus, murmurés ou clamés.

Danse et littérature s’entrecroiseront aussi dans le cadre du lancement du premier ouvrage francophone consacré à la dramaturgie en danse contemporaine : Incorporer : La dramaturgie en danse contemporaine. Ce lancement, animé par Frédérique Doyon, de l’Agora de la danse, réunira Marie Brassard (Québec), Guy Cools (Belgique-Québec) et Yohayna Hernández (Cuba) pour une discussion des pratiques transdisciplinaires des intervenant·es.

En partenariat avec l’organisme Ma parole !, autour de l’œuvre de Kim Thuy s’élaboreront des ateliers de médiation auprès de ces nouveaux et nouvelles arrivant·es, qui seront ensuite invité·es à produire un texte inspiré de leur expérience autour de ce corpus littéraire. Dans le cadre du Festival, les textes que ces apprenant·es auront écrits seront lus, en librairie, par les interprètes Christian M. Rangel Anguirre et Ines Talbi.