JEU des 5 questions

Cinq questions à Dominique B. Marier

Une fête, trois jours, cinq événements. Le Gesù célèbre en grand le 100e anniversaire de naissance de Claude Gauvreau. La directrice Art et développement du Centre de Créativité, Dominique B. Marier, nous parle de la programmation de l’événement Gauvreau 100 ans !.

JEU : Pourriez-vous nous en dire plus sur les relations qui ont existé autrefois entre Claude Gauvreau et le Gesù ? 

Dominique B. Marier : Les liens entre Claude Gauvreau et le Gesù remontent à la jeunesse de l’artiste. Il a fréquenté le Collège Sainte-Marie, dirigé par les Jésuites, dont la chapelle et la salle de spectacle se trouvaient dans le même édifice que le Gesù. C’est donc dans cet environnement, à la fois intellectuel et religieux, qu’il a reçu une partie de sa formation. Toutefois, son tempérament rebelle et son refus de toute autorité dogmatique l’ont vite mis en porte-à-faux avec le cadre rigide du collège, d’où il fut d’ailleurs renvoyé, deux fois plutôt qu’une. Plus tard, le Gesù est devenu un lieu d’accueil de son œuvre jusqu’à 1970, où il a triomphé sur la scène du Gesù lors de la Nuit de la poésie.

Il était donc tout naturel de fêter cet anniversaire chez vous. Comment et avec qui s’est construite la programmation ? 

J’ai toujours été une admiratrice de l’œuvre de Claude Gauvreau. La prémisse de cet événement est née lorsque j’ai découvert un dossier scolaire de Claude Gauvreau dans les archives du Gesù. La date de son centenaire approchant, j’ai sollicité un soutien financier au ministère de la Culture et des Communications, dans le cadre du programme Soutien aux initiatives de commémoration. C’est avec une réponse favorable que le rêve a pu prendre forme et devenir réalité.

Dans le cadre de mon mandat, je souhaitais concevoir un événement capable de rassembler toutes les générations, un rendez-vous où le passé et le présent se rejoignent, se répondent et se prolongent. Tout au long du processus de conception et de réflexion, j’ai eu la chance d’être accompagnée par Janine Carreau — gardienne de la succession de Claude Gauvreau et compagne de vie de Pierre Gauvreau —, dont la présence bienveillante et la mémoire vivante de l’œuvre ont été précieuses. Je tiens aussi à souligner le soutien essentiel de Marie-Hélène Côté, coordonnatrice de l’événement, dont la rigueur, la créativité et la sensibilité ont contribué à donner à ce projet toute son ampleur.

Parlez-nous un peu des événements et des artistes qui participent…

La commémoration se déploie en cinq événements répartis sur trois jours, formant un véritable parcours à travers l’univers de Claude Gauvreau. Le 30 octobre à 20h, la compagnie eXplo présentera L’asile de la pureté, pièce phare de Gauvreau. Cette fresque comico-tragique d’une intensité saisissante sera donnée en grande première canadienne. Le 2 novembre à 14h, place à Pleins feux Gauvreau !, un après-midi consacré au cinéma et au télé-théâtre, pour redécouvrir l’écrivain à travers le regard de grands cinéastes. À 17h suivra le lancement du livre Claude Gauvreau vivant (1925-2025), de Thierry Bissonnette, une nouvelle plongée dans la vie et la création du poète.

Enfin, le 4 novembre à 20h, la Soirée Gauvreau 100 ans ! clôturera les célébrations avec éclat. Elle s’ouvrira sur Le Géant et la Muse, un spectacle-déambulatoire mêlant marionnettes géantes, fanfare et poésie, avant de se poursuivre avec le Cabaret Gauvreau !, sous la direction de Lorraine Pintal. Ce grand hommage réunira sur scène Julie Vincent, Jean-François Casabonne, Roger La Rue, Chloé Ste-Marie, Yves Desrosiers, Catherine Le Saunier, Sarah Louis-Jean, ainsi que les compagnies eXplo et Territoire 80.

Il est intéressant de constater l ‘intérêt que portent les artistes de diverses provenances et générations à Gauvreau. Ça démontre l’importance et l’actualité de l’œuvre du poète, non ?

Oui, tout à fait. Le fait que des artistes de différentes générations et disciplines continuent de s’intéresser à Claude Gauvreau montre bien que son œuvre conserve une puissance d’évocation et une pertinence toujours actuelle. Son langage inventif, son engagement pour la liberté créatrice et sa vision du monde résonnent encore aujourd’hui, notamment auprès de ceux qui cherchent à repousser les frontières de l’art. Cet intérêt renouvelé prouve que Gauvreau n’appartient pas seulement à une époque : il inspire toujours la recherche, la transgression et la poésie vivante.

Est-ce que le Gesù compte continuer dans cette voie avec d’autres événements et/ou spectacles de la sorte ? 

Le Gesù – Centre de créativité a réactualisé sa mission de producteur, diffuseur et porteur de projets à la fin de 2021. Ça fait donc partie intégrante de son mandat d’être à l’affût de spectacles ou événements qui cadrent avec ses valeurs artistiques, qui sont la liberté de création, le dialogue entre l’art et le sens, l’inclusion et la rencontre, le lien avec la communauté ainsi que le souci de mémoire et la modernité. Alors oui, si l’occasion se présente et que le projet fait sens avec ses valeurs, le Gesù pourrait certainement être l’instigateur ou le partenaire de projets de même envergure.

Gauvreau 100 ans ! a lieu du 30 octobre au 4 novembre au Gesù – Centre de créativité