De Papel : Fragile comme le papier, fort comme l’émotion
Depuis 15 ans, Silencio Blanco capte les spectateur.ices avec sa petite marionnette de papier. Dotée d’un caractère bien trempé, elle prend naissance et trouve refuge dans un amas de feuilles de journal. C’est d’ailleurs dans ce capharnaüm de boulettes froissées que commence notre immersion de papier.
La compagnie chilienne aime inscrire son art dans une démarche épurée, qui la rapproche de son public. Au début du spectacle, le trio d’interprètes déclenche une bataille de boules de papier, leur seul décor par ailleurs. Ce geste – espéré par les enfants qui s’étaient fait remettre plusieurs boulettes avant d’entrer – permet de briser le caractère un peu sacré de la scène. Le message est passé : d’un petit rien du quotidien émerge une connexion authentique et simple.
Ce petit rien s’incarne dans un deuxième temps en la personne d’une marionnette, aussi impressionnée que têtue. Accompagnée par l’un des interprètes, elle est bien décidée à partir à l’aventure, un pied de papier après l’autre. Sans paroles, mais avec beaucoup d’émotions, cette histoire presque ordinaire devient avec notre nouvel ami de papier une épopée sensible, drôle, touchante et galvanisante. La manipulation des marionnettistes est à ce point juste que l’audience, de la plus jeune à la plus âgée, oublie rapidement les ficelles de notre protagoniste.
La connexion ludique du début se mue peu à peu en un lien tangible avec le public. Par ses applaudissements et ses réactions, de plus en plus spontanées, ce dernier insuffle assez de courage à notre héros pour qu’il puisse sauter du haut de son échelle, en pleine confiance de ses capacités. Une finale poétique, qui se conclut comme elle a commencé, sous un amas de feuilles de journal. À l’image du papier, cette petite personne laisse une trace inoubliable dans les esprits et sème en douceur la persévérance, sans jamais transformer l’effort en défi méritocratique. Et ça, ce n’est pas rien.
Production : Silencio Blanco. Direction artistique et conception des marionnettes : Santiago Tobar. Interprétation : Dominga Gutiérrez, Santiago Tobar, Camilo Yáñez. Support technique : Camilo Yáñez. Direction de production : Dominga Gutiérrez. Coordination technique : Ricardo Pacheco. Une production de Silencio Blanco, présentée dans le cadre du Festival La Mèche courte, en collaboration avec L’Illusion et Côté Scène, au théâtre l’Illusion du 13 au 16 novembre 2025.
Au jardin des Potiniers : être au cœur pour avoir à cœur
La seconde immersion est le fruit de l’imagination et de la débrouillardise de deux compagnies de théâtre, Création Dans la Chambre et le collectif Ersatz. Qualifiée de spectacle maquette, Au jardin des Potiniers prend le parti de « faire corps avec le décor ». Ainsi, le public est invité à s’assoir sur un tabouret et à laisser dépasser uniquement sa tête au travers d’une installation des plus originales.
Mélange éclectique de matière recyclée, de patentes techniques et d’un bon sens du détail, cette installation nous présente un monde tantôt calme, tantôt agité, magique ou menacé. À l’aide de fils, de dispositifs de gonflage et même de sifflets déroulants, les interprètes mettent en marche cette étrange marionnette en format paysage.
Certaines personnes y voient une grève, d’autres un jardin, quelques-unes encore une terre inconnue. Mais toutes restent coites devant les confettis, paillettes, petits moteurs et autres matériaux qui donnent vie aux insectes, aux fleurs, aux vers et au aléas météorologiques. Après quelques minutes, on en oublie les bricolages et on se laisse emporter par cette proposition inédite : vivre au cœur d’un écosystème pour en ressentir ses rythmes, ses équilibres et ses variations.
Cette œuvre s’inscrit dans une volonté d’expérimenter de manière totale et sensible la complexité d’un milieu quel qu’il soit. Par la connaissance et la compréhension de ce qui compose sa beauté, ses vulnérabilités, sa dynamique, les deux compagnies espèrent éveiller notre curiosité et notre conscience face à la fragilité de ce monde, et du nôtre en sous-texte. S’il est évident que le public retient en premier lieu la maestria et le caractère inédit du spectacle, Au Jardin des potiniers a sûrement le potentiel de semer lui aussi une graine dans tous les esprits : celle de la conservation de la nature et de ses trésors.
Et dans un autre ordre d’idée, quel plaisir de constater que le théâtre jeunesse constitue un support de choix pour accueillir innovations et concepts scénographiques qui sortent de l’ordinaire. De quoi offrir aux enfants et aux adultes des expériences riches, surprenantes et mémorables.
Conception : Création Dans la Chambre (Odile Gamache, Gabriel Charlebois Plante, Félix-Antoine Boutin, Julie Basse, Émilie Martel) et Ersatz (Camille Panza, Léonard Cornevin, Noam Rzewski, Pierre Mercier). Manipulation : Anne-Sophie Gaudet, Jérémie Desbiens, Sarah Bengle, Maude Arès, Pénélope Dulude de Broin et Carl Veilleux. Lumière : Julie Basse. Son : Noam Rzewski. Confection des moteurs : Lindsay Morneau. Direction technique : Julien Boisvert. Accompagnement artistique : Gabriel Charlebois Plante. Une création de Création Dans la Chambre et Ersatz, présentée dans le cadre du Festival La Mèche courte, en collaboration avec Espace Libre et Maison des arts de Laval, à Espace Libre du 14 au 16 novembre 2025.
De Papel : Fragile comme le papier, fort comme l’émotion
Depuis 15 ans, Silencio Blanco capte les spectateur.ices avec sa petite marionnette de papier. Dotée d’un caractère bien trempé, elle prend naissance et trouve refuge dans un amas de feuilles de journal. C’est d’ailleurs dans ce capharnaüm de boulettes froissées que commence notre immersion de papier.
La compagnie chilienne aime inscrire son art dans une démarche épurée, qui la rapproche de son public. Au début du spectacle, le trio d’interprètes déclenche une bataille de boules de papier, leur seul décor par ailleurs. Ce geste – espéré par les enfants qui s’étaient fait remettre plusieurs boulettes avant d’entrer – permet de briser le caractère un peu sacré de la scène. Le message est passé : d’un petit rien du quotidien émerge une connexion authentique et simple.
Ce petit rien s’incarne dans un deuxième temps en la personne d’une marionnette, aussi impressionnée que têtue. Accompagnée par l’un des interprètes, elle est bien décidée à partir à l’aventure, un pied de papier après l’autre. Sans paroles, mais avec beaucoup d’émotions, cette histoire presque ordinaire devient avec notre nouvel ami de papier une épopée sensible, drôle, touchante et galvanisante. La manipulation des marionnettistes est à ce point juste que l’audience, de la plus jeune à la plus âgée, oublie rapidement les ficelles de notre protagoniste.
La connexion ludique du début se mue peu à peu en un lien tangible avec le public. Par ses applaudissements et ses réactions, de plus en plus spontanées, ce dernier insuffle assez de courage à notre héros pour qu’il puisse sauter du haut de son échelle, en pleine confiance de ses capacités. Une finale poétique, qui se conclut comme elle a commencé, sous un amas de feuilles de journal. À l’image du papier, cette petite personne laisse une trace inoubliable dans les esprits et sème en douceur la persévérance, sans jamais transformer l’effort en défi méritocratique. Et ça, ce n’est pas rien.
De Papel
Production : Silencio Blanco. Direction artistique et conception des marionnettes : Santiago Tobar. Interprétation : Dominga Gutiérrez, Santiago Tobar, Camilo Yáñez. Support technique : Camilo Yáñez. Direction de production : Dominga Gutiérrez. Coordination technique : Ricardo Pacheco. Une production de Silencio Blanco, présentée dans le cadre du Festival La Mèche courte, en collaboration avec L’Illusion et Côté Scène, au théâtre l’Illusion du 13 au 16 novembre 2025.
Au jardin des Potiniers : être au cœur pour avoir à cœur
La seconde immersion est le fruit de l’imagination et de la débrouillardise de deux compagnies de théâtre, Création Dans la Chambre et le collectif Ersatz. Qualifiée de spectacle maquette, Au jardin des Potiniers prend le parti de « faire corps avec le décor ». Ainsi, le public est invité à s’assoir sur un tabouret et à laisser dépasser uniquement sa tête au travers d’une installation des plus originales.
Mélange éclectique de matière recyclée, de patentes techniques et d’un bon sens du détail, cette installation nous présente un monde tantôt calme, tantôt agité, magique ou menacé. À l’aide de fils, de dispositifs de gonflage et même de sifflets déroulants, les interprètes mettent en marche cette étrange marionnette en format paysage.
Certaines personnes y voient une grève, d’autres un jardin, quelques-unes encore une terre inconnue. Mais toutes restent coites devant les confettis, paillettes, petits moteurs et autres matériaux qui donnent vie aux insectes, aux fleurs, aux vers et au aléas météorologiques. Après quelques minutes, on en oublie les bricolages et on se laisse emporter par cette proposition inédite : vivre au cœur d’un écosystème pour en ressentir ses rythmes, ses équilibres et ses variations.
Cette œuvre s’inscrit dans une volonté d’expérimenter de manière totale et sensible la complexité d’un milieu quel qu’il soit. Par la connaissance et la compréhension de ce qui compose sa beauté, ses vulnérabilités, sa dynamique, les deux compagnies espèrent éveiller notre curiosité et notre conscience face à la fragilité de ce monde, et du nôtre en sous-texte. S’il est évident que le public retient en premier lieu la maestria et le caractère inédit du spectacle, Au Jardin des potiniers a sûrement le potentiel de semer lui aussi une graine dans tous les esprits : celle de la conservation de la nature et de ses trésors.
Et dans un autre ordre d’idée, quel plaisir de constater que le théâtre jeunesse constitue un support de choix pour accueillir innovations et concepts scénographiques qui sortent de l’ordinaire. De quoi offrir aux enfants et aux adultes des expériences riches, surprenantes et mémorables.
Au jardin des Potiniers
Conception : Création Dans la Chambre (Odile Gamache, Gabriel Charlebois Plante, Félix-Antoine Boutin, Julie Basse, Émilie Martel) et Ersatz (Camille Panza, Léonard Cornevin, Noam Rzewski, Pierre Mercier). Manipulation : Anne-Sophie Gaudet, Jérémie Desbiens, Sarah Bengle, Maude Arès, Pénélope Dulude de Broin et Carl Veilleux. Lumière : Julie Basse. Son : Noam Rzewski. Confection des moteurs : Lindsay Morneau. Direction technique : Julien Boisvert. Accompagnement artistique : Gabriel Charlebois Plante. Une création de Création Dans la Chambre et Ersatz, présentée dans le cadre du Festival La Mèche courte, en collaboration avec Espace Libre et Maison des arts de Laval, à Espace Libre du 14 au 16 novembre 2025.