Mis de l’avant dans les activités à ne pas manquer durant les fêtes, Actapalabra a en effet tout ce qu’il faut pour susciter curiosité, rires et magie. Le spectacle nous propose de découvrir deux clowns, qui évoluent et se rencontrent dans un espace où une pleine liberté est donnée au corps et au mouvement. Le titre signifie « agir les mots », mais la performance est dénuée de paroles, ce qui soulève à la fois un paradoxe et une certaine logique. Par son caractère muet, la pièce retransmet les inspirations que sont Samuel Beckett, l’absurde et le burlesque pour lesquels le comique de geste est prépondérant. De l’autre, elle travaille tout de même avec les mots. En les déplaçant vers l’expression corporelle et visuelle, elle leur donne une dimension plus grande, et un pouvoir d’attraction qui capte rapidement tous les intérêts, ceux du jeune public comme du plus âgé.
Dans un univers futuriste et minimaliste, nos deux personnages marchent… et marchent longtemps sans se voir. Analogie évidente avec nos vies où la rencontre de l’autre est souvent impossible, compte tenu des rythmes effrénés qui sont les nôtres. Bien que cette entrée en matière s’étire juste un petit peu trop, elle est une étape nécessaire. Les corps abrutis par leur déambulation vaine finissent par se percevoir. L’équipe de conception évoque volontiers le grain de sable humain qui vient enrayer la machine. À partir de là, tout peut arriver.
Ce qui frappe rapidement, c’est le mélange de deux époques : l’histoire clownesque et la scénographie presque circassienne. Les adultes reconnaissent la première au travers des rouages qui ont marqué leur enfance : la pomme que ni l’un ni l’autre ne peut attraper car elle remonte ou descend selon le bon vouloir du machiniste, les expressions faciales qui en disent plus que n’importe quelle parole, les chutes ou positions d’attente peu naturelles, le processus de répétition, et cette sculpture d’échelles comme solution irrationnelle à un problème rationnel.
La deuxième époque se dévoile peu à peu, par le maquillage des interprètes tout d’abord. Adieu nez rouge et place au nez noir, qui contraste avec un teint blafard et des cheveux jaunes et hirsutes. Le costume n’est plus disproportionné, mais il conserve une forme d’exagération avec ses multiples couches de manteaux et de pantalons vert pomme. Sur scène, la lumière est précise et nourrit le lien naissant entre les deux personnages, de même que le plateau tournant, qui peut les éloigner mais surtout les rapprocher. La musique, enfin, oscille entre bruitisme qui reste agréable et frénésie.
La modernité de la proposition transparait aussi dans la gestuelle, la posture et les déplacements. Bien que les comédiens ne soient pas danseurs, on peut sentir leur implication physique et l’endurance qu’elle exige. Équilibre, sens du timing, maîtrise de chorégraphies à la fois robotiques et fluides nous donnent l’impression qu’ils sont d’un autre monde, ce qui est parfait pour capter notre imaginaire.
En quête du chaos ludique
Se mouvoir sur une surface qui tourne, coordonner ses gestes, jongler avec une boule plus imposante que nature pourrait laisser croire que tout est pensé et calculé. Mais comme dans tout spectacle de clowns qui se respecte, une large place est donnée à l’improvisation et aux réactions du public plus jeune. Peu importe ce qui retient son attention, ce dernier a vite fait de manifester de l’empathie pour ce drôle de duo, que ce soit en lui hurlant de choisir la grande échelle ou en exprimant sa déception à chaque échec. Les émotions sont vécues au premier degré et sont interceptées directement par les comédiens.
Présenté comme un spectacle pour les 4-17 ans, Actapalabra est capable de rallier tous les publics à sa cause. L’innocence des sketchs, le découpage en saynètes, les prouesses physiques, les séquences dansées ou le clin d’œil final raisonnent chez chaque tranche d’âge. Et sous ses allures décousues, un fil conducteur émerge : celui de l’ouverture aux autres, de l’écoute de soi et de l’acceptation d’un peu de folie dans nos existences si bien rangées.
Tout le monde ne le saisira peut-être pas, mais une chose est sûre : Actapalabra entraînera bien des conversations entre les générations après le salut. Parole de parent.

Conception et interprétation : Joan Mompart, Philippe Gouin. Machiniste et régisseur plateau : François-Xavier Thien. Dramaturge et assistante à la mise en scène : Nikolett Kuffa. Regards extérieurs : Magali Heu, Hinde Kaddour. Maquilleuse et postiches : Cécile Kretschmar. Créateur lumière : Luc Gendroz. Costumière : Mélanie Vincensini. Son : Jean Faravel. Accessoiriste : Valérie Magot. Régisseur son : David Esteves. Régisseur lumière : Naomi Meyer. Une production Théâtre Am Stram Gram présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 4 janvier 2026.
Mis de l’avant dans les activités à ne pas manquer durant les fêtes, Actapalabra a en effet tout ce qu’il faut pour susciter curiosité, rires et magie. Le spectacle nous propose de découvrir deux clowns, qui évoluent et se rencontrent dans un espace où une pleine liberté est donnée au corps et au mouvement. Le titre signifie « agir les mots », mais la performance est dénuée de paroles, ce qui soulève à la fois un paradoxe et une certaine logique. Par son caractère muet, la pièce retransmet les inspirations que sont Samuel Beckett, l’absurde et le burlesque pour lesquels le comique de geste est prépondérant. De l’autre, elle travaille tout de même avec les mots. En les déplaçant vers l’expression corporelle et visuelle, elle leur donne une dimension plus grande, et un pouvoir d’attraction qui capte rapidement tous les intérêts, ceux du jeune public comme du plus âgé.
Dans un univers futuriste et minimaliste, nos deux personnages marchent… et marchent longtemps sans se voir. Analogie évidente avec nos vies où la rencontre de l’autre est souvent impossible, compte tenu des rythmes effrénés qui sont les nôtres. Bien que cette entrée en matière s’étire juste un petit peu trop, elle est une étape nécessaire. Les corps abrutis par leur déambulation vaine finissent par se percevoir. L’équipe de conception évoque volontiers le grain de sable humain qui vient enrayer la machine. À partir de là, tout peut arriver.
Ce qui frappe rapidement, c’est le mélange de deux époques : l’histoire clownesque et la scénographie presque circassienne. Les adultes reconnaissent la première au travers des rouages qui ont marqué leur enfance : la pomme que ni l’un ni l’autre ne peut attraper car elle remonte ou descend selon le bon vouloir du machiniste, les expressions faciales qui en disent plus que n’importe quelle parole, les chutes ou positions d’attente peu naturelles, le processus de répétition, et cette sculpture d’échelles comme solution irrationnelle à un problème rationnel.
La deuxième époque se dévoile peu à peu, par le maquillage des interprètes tout d’abord. Adieu nez rouge et place au nez noir, qui contraste avec un teint blafard et des cheveux jaunes et hirsutes. Le costume n’est plus disproportionné, mais il conserve une forme d’exagération avec ses multiples couches de manteaux et de pantalons vert pomme. Sur scène, la lumière est précise et nourrit le lien naissant entre les deux personnages, de même que le plateau tournant, qui peut les éloigner mais surtout les rapprocher. La musique, enfin, oscille entre bruitisme qui reste agréable et frénésie.
La modernité de la proposition transparait aussi dans la gestuelle, la posture et les déplacements. Bien que les comédiens ne soient pas danseurs, on peut sentir leur implication physique et l’endurance qu’elle exige. Équilibre, sens du timing, maîtrise de chorégraphies à la fois robotiques et fluides nous donnent l’impression qu’ils sont d’un autre monde, ce qui est parfait pour capter notre imaginaire.
En quête du chaos ludique
Se mouvoir sur une surface qui tourne, coordonner ses gestes, jongler avec une boule plus imposante que nature pourrait laisser croire que tout est pensé et calculé. Mais comme dans tout spectacle de clowns qui se respecte, une large place est donnée à l’improvisation et aux réactions du public plus jeune. Peu importe ce qui retient son attention, ce dernier a vite fait de manifester de l’empathie pour ce drôle de duo, que ce soit en lui hurlant de choisir la grande échelle ou en exprimant sa déception à chaque échec. Les émotions sont vécues au premier degré et sont interceptées directement par les comédiens.
Présenté comme un spectacle pour les 4-17 ans, Actapalabra est capable de rallier tous les publics à sa cause. L’innocence des sketchs, le découpage en saynètes, les prouesses physiques, les séquences dansées ou le clin d’œil final raisonnent chez chaque tranche d’âge. Et sous ses allures décousues, un fil conducteur émerge : celui de l’ouverture aux autres, de l’écoute de soi et de l’acceptation d’un peu de folie dans nos existences si bien rangées.
Tout le monde ne le saisira peut-être pas, mais une chose est sûre : Actapalabra entraînera bien des conversations entre les générations après le salut. Parole de parent.
Actapalabra
Conception et interprétation : Joan Mompart, Philippe Gouin. Machiniste et régisseur plateau : François-Xavier Thien. Dramaturge et assistante à la mise en scène : Nikolett Kuffa. Regards extérieurs : Magali Heu, Hinde Kaddour. Maquilleuse et postiches : Cécile Kretschmar. Créateur lumière : Luc Gendroz. Costumière : Mélanie Vincensini. Son : Jean Faravel. Accessoiriste : Valérie Magot. Régisseur son : David Esteves. Régisseur lumière : Naomi Meyer. Une production Théâtre Am Stram Gram présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 4 janvier 2026.