Victor Quijada est à lui seul bien des personnages, pour reprendre le titre du dernier roman de John Irving. Né en Californie de parents mexicains, il se forme très tôt au hip-hop dans les rues de Los Angeles, avant d’attaquer une formation plus «sérieuse» en danse classique et contemporaine. Ce n’est qu’après avoir parfaitement maitrisé ces différentes techniques qu’il ose maintenant se présenter comme chorégraphe. Et, en effet, quelle maitrise!
Quand le public arrive dans la salle, les danseurs s’échauffent sur scène. Étirements, sauts, portés, bavardages à voix basse, sourires échangés, accolades. Puis, après l’étreinte rituelle collective, le spectacle commence. Pour cette nouvelle et douzième création de RUBBERBANDance, Quotient empirique, pas de trame narrative, si ce n’est un argumentaire sur l’individualité, la meute et l’instinct grégaire. Sur le plateau nu, six danseurs, trois hommes et trois femmes, livrent une danse tribale et expressive. La sobriété de l’environnement, ajoutée à celle des costumes, de simples pantalons et t-shirts qui évoquent la tenue de travail des danseurs, dans un mélange harmonieux de nuances de gris et de touches de couleurs éteintes, laisse toute la place à la danse. Et quelle danse!
Le syncrétisme réussi entre danse contemporaine, ballet classique (quelques piqués et grands jetés parfaitement exécutés) et hip-hop donne une danse nerveuse et tonique. Dans une harmonie fusionnelle (et sensuelle), les corps déliés et structurés s’imbriquent et se libèrent au gré de compositions qui se fondent les unes dans les autres, du collectif au pas-de-deux ou au trio. Aux saccades et gestes cassés du hip-hop, Quijada apporte une fluidité qui confine à la virtuosité. La chorégraphie, écrite avec une grande précision, est portée par des interprètes convaincus et généreux, techniquement irréprochables, tous remarquables, avec une mention spéciale pour la soliste Lea Ved, minuscule danseuse au charme ravageur. D’une belle élégance, les entrées et sorties de plateau sont particulièrement réussies, l’interprète sortant redonnant la danse au groupe par le biais de son regard, regard qui, lui, ne quitte jamais la scène. On aimerait que certains metteurs en scène s’en inspirent…
La musique, composée par Jasper Gahunia, complice du chorégraphe depuis quelques créations, colle au propos dansé. Mélange d’airs classiques, de mélodies contemporaines et de rythmes syncopés, elle enrobe, habille et magnifie la danse. Le soir de la première, l’accueil du public fut tellement enthousiaste et chaleureux que, monté sur scène pour les saluts, Victor Quijada et ses magnifiques danseurs ont offert un rappel! Créateur d’un style qui n’appartient qu’à lui, que l’on a qualifié de «révolution esthétique» avec Quotient Empirique, Quijada démontre son extraordinaire créativité et son immense talent de chorégraphe dans un spectacle captivant.
Quotient empirique
Chorégraphie: Victor Quijada. Une production du Groupe RUBBERBANDance. Présenté par Danse Danse, à la Cinquième Salle de la Place des Arts, jusqu’au 7 décembre 2013.
Victor Quijada est à lui seul bien des personnages, pour reprendre le titre du dernier roman de John Irving. Né en Californie de parents mexicains, il se forme très tôt au hip-hop dans les rues de Los Angeles, avant d’attaquer une formation plus «sérieuse» en danse classique et contemporaine. Ce n’est qu’après avoir parfaitement maitrisé ces différentes techniques qu’il ose maintenant se présenter comme chorégraphe. Et, en effet, quelle maitrise!
Quand le public arrive dans la salle, les danseurs s’échauffent sur scène. Étirements, sauts, portés, bavardages à voix basse, sourires échangés, accolades. Puis, après l’étreinte rituelle collective, le spectacle commence. Pour cette nouvelle et douzième création de RUBBERBANDance, Quotient empirique, pas de trame narrative, si ce n’est un argumentaire sur l’individualité, la meute et l’instinct grégaire. Sur le plateau nu, six danseurs, trois hommes et trois femmes, livrent une danse tribale et expressive. La sobriété de l’environnement, ajoutée à celle des costumes, de simples pantalons et t-shirts qui évoquent la tenue de travail des danseurs, dans un mélange harmonieux de nuances de gris et de touches de couleurs éteintes, laisse toute la place à la danse. Et quelle danse!
Le syncrétisme réussi entre danse contemporaine, ballet classique (quelques piqués et grands jetés parfaitement exécutés) et hip-hop donne une danse nerveuse et tonique. Dans une harmonie fusionnelle (et sensuelle), les corps déliés et structurés s’imbriquent et se libèrent au gré de compositions qui se fondent les unes dans les autres, du collectif au pas-de-deux ou au trio. Aux saccades et gestes cassés du hip-hop, Quijada apporte une fluidité qui confine à la virtuosité. La chorégraphie, écrite avec une grande précision, est portée par des interprètes convaincus et généreux, techniquement irréprochables, tous remarquables, avec une mention spéciale pour la soliste Lea Ved, minuscule danseuse au charme ravageur. D’une belle élégance, les entrées et sorties de plateau sont particulièrement réussies, l’interprète sortant redonnant la danse au groupe par le biais de son regard, regard qui, lui, ne quitte jamais la scène. On aimerait que certains metteurs en scène s’en inspirent…
La musique, composée par Jasper Gahunia, complice du chorégraphe depuis quelques créations, colle au propos dansé. Mélange d’airs classiques, de mélodies contemporaines et de rythmes syncopés, elle enrobe, habille et magnifie la danse. Le soir de la première, l’accueil du public fut tellement enthousiaste et chaleureux que, monté sur scène pour les saluts, Victor Quijada et ses magnifiques danseurs ont offert un rappel! Créateur d’un style qui n’appartient qu’à lui, que l’on a qualifié de «révolution esthétique» avec Quotient Empirique, Quijada démontre son extraordinaire créativité et son immense talent de chorégraphe dans un spectacle captivant.
Quotient empirique
Chorégraphie: Victor Quijada. Une production du Groupe RUBBERBANDance. Présenté par Danse Danse, à la Cinquième Salle de la Place des Arts, jusqu’au 7 décembre 2013.