Au cours des vingt dernières années, Antoine Laprise a prouvé, spectacle après spectacle, qu’il savait relever les défis les plus fous. Après Voltaire, Descartes et Montaigne, sans oublier un détour par la Bible et les grands récits autochtones, le codirecteur du Sous-marin jaune poursuit son exploration des textes fondateurs de la culture occidentale avec Guerre et Paix, le chef d’œuvre de Tolstoï.
Lorsqu’il s’agit de synthétiser un roman de 2000 pages, d’en tirer la substantifique moelle, de conserver l’essentiel de l’action tout en mettant en relief les discours sociologiques et philosophiques qui le sous-tendent, ceux qui dialoguent si éloquemment avec le présent, éclairent si crûment notre époque, l’homme n’a pas son pareil. Mais rendons à César ce qui lui appartient : le véritable maître d’oeuvre de ces vibrantes passations, c’est plutôt le fidèle acolyte de Laprise, le prolongement de lui-même, son double marionnettique, une vedette dans son domaine, nul autre que le Loup bleu.
Le canidé en question est bien plus qu’un narrateur, c’est un guide, un éclaireur, un animal d’une admirable érudition. Pour ce spectacle, la charmante bête au t-shirt des Pussy Riot a dû avoir de passionnants échanges avec Louis-Dominique Lavigne, l’auteur du texte, codirecteur du Théâtre de Quartier. Ensemble, ils ont notamment lu et puisé chez Pietro Citati, Dominique Fernandez, Milan Kundera et George Steiner. Pas surprenant que le spectacle exprime une profonde compréhension du roman de Tolstoï tout en donnant une vive idée de ce que la pensée révolutionnaire de l’auteur russe a engendré, de Gandhi à Obama.
Pour appuyer, ou plutôt pour incarner ces réflexions sur la guerre, l’amour et le déterminisme social, le metteur en scène n’a rien ménagé. Avec un lit et des draps, quelques caissons, une panoplie de marionnettes en tous genres, sans oublier un cheval futé et un ours maltraité, Laprise et ses acolytes, Paul Patrick Charbonneau, Julie Renault et Jacques Laroche, font des miracles. Une fois de plus, la magie du Loup bleu opère, pour notre plus grand bonheur.
Il faut voir les armées envahir la scène, des bataillons entiers décimés, chair à canon au-dessus de laquelle planent deux empereurs hargneux, Napoléon et Alexandre. Il faut voir les rivaux se défier en duel, les couples se faire et se défaire, la misère des riches et celle des pauvres se juxtaposer cruellement. En somme, reliant constamment l’intime au collectif, la représentation offre la plus belle leçon d’histoire que l’on puisse imaginer, de celles qui ébranlent, qui émeuvent et éclairent, qui incitent à remettre en cause ce qui est tenu pour immuable.
Texte : Louis-Dominique Lavigne, assisté de Loup bleu (d’après Tolstoï). Mise en scène : Antoine Laprise. Décor et lumières : Christian Fontaine. Marionnettes et Costumes : Stéphanie Cloutier. Accessoires : Erica Schmitz. Son : Martin Tétreault. Avec Paul-Patrick Charbonneau, Antoine Laprise, Jacques Laroche et Julie Renault. Une coproduction du Théâtre du Sous-marin jaune et du Théâtre de Quartier. Au Théâtre la Bordée jusqu’au 22 novembre 2014, au Théâtre d’Aujourd’hui du 3 au 21 novembre 2015 et à la Maison Théâtre du 10 au 15 janvier 2017.
Au cours des vingt dernières années, Antoine Laprise a prouvé, spectacle après spectacle, qu’il savait relever les défis les plus fous. Après Voltaire, Descartes et Montaigne, sans oublier un détour par la Bible et les grands récits autochtones, le codirecteur du Sous-marin jaune poursuit son exploration des textes fondateurs de la culture occidentale avec Guerre et Paix, le chef d’œuvre de Tolstoï.
Lorsqu’il s’agit de synthétiser un roman de 2000 pages, d’en tirer la substantifique moelle, de conserver l’essentiel de l’action tout en mettant en relief les discours sociologiques et philosophiques qui le sous-tendent, ceux qui dialoguent si éloquemment avec le présent, éclairent si crûment notre époque, l’homme n’a pas son pareil. Mais rendons à César ce qui lui appartient : le véritable maître d’oeuvre de ces vibrantes passations, c’est plutôt le fidèle acolyte de Laprise, le prolongement de lui-même, son double marionnettique, une vedette dans son domaine, nul autre que le Loup bleu.
Le canidé en question est bien plus qu’un narrateur, c’est un guide, un éclaireur, un animal d’une admirable érudition. Pour ce spectacle, la charmante bête au t-shirt des Pussy Riot a dû avoir de passionnants échanges avec Louis-Dominique Lavigne, l’auteur du texte, codirecteur du Théâtre de Quartier. Ensemble, ils ont notamment lu et puisé chez Pietro Citati, Dominique Fernandez, Milan Kundera et George Steiner. Pas surprenant que le spectacle exprime une profonde compréhension du roman de Tolstoï tout en donnant une vive idée de ce que la pensée révolutionnaire de l’auteur russe a engendré, de Gandhi à Obama.
Pour appuyer, ou plutôt pour incarner ces réflexions sur la guerre, l’amour et le déterminisme social, le metteur en scène n’a rien ménagé. Avec un lit et des draps, quelques caissons, une panoplie de marionnettes en tous genres, sans oublier un cheval futé et un ours maltraité, Laprise et ses acolytes, Paul Patrick Charbonneau, Julie Renault et Jacques Laroche, font des miracles. Une fois de plus, la magie du Loup bleu opère, pour notre plus grand bonheur.
Il faut voir les armées envahir la scène, des bataillons entiers décimés, chair à canon au-dessus de laquelle planent deux empereurs hargneux, Napoléon et Alexandre. Il faut voir les rivaux se défier en duel, les couples se faire et se défaire, la misère des riches et celle des pauvres se juxtaposer cruellement. En somme, reliant constamment l’intime au collectif, la représentation offre la plus belle leçon d’histoire que l’on puisse imaginer, de celles qui ébranlent, qui émeuvent et éclairent, qui incitent à remettre en cause ce qui est tenu pour immuable.
Guerre et Paix
Texte : Louis-Dominique Lavigne, assisté de Loup bleu (d’après Tolstoï). Mise en scène : Antoine Laprise. Décor et lumières : Christian Fontaine. Marionnettes et Costumes : Stéphanie Cloutier. Accessoires : Erica Schmitz. Son : Martin Tétreault. Avec Paul-Patrick Charbonneau, Antoine Laprise, Jacques Laroche et Julie Renault. Une coproduction du Théâtre du Sous-marin jaune et du Théâtre de Quartier. Au Théâtre la Bordée jusqu’au 22 novembre 2014, au Théâtre d’Aujourd’hui du 3 au 21 novembre 2015 et à la Maison Théâtre du 10 au 15 janvier 2017.