La scène s’ouvre sur une chanson country, comme pour placer le décor. Celui-ci, assez imposant, signé Richard Lacroix, fait voir la devanture d’une maison de campagne à la longue galerie, qui traverse la scène du Théâtre Jean-Duceppe de gauche à droite. Magnifiée par les éclairages spectaculaires de Guy Simard, jouant d’ombres et de pénombre en cette journée chaude du mois d’août où chacun cherche à s’abriter du soleil, cette scénographie impressionne.
Pourtant, la représentation qui va s’y jouer semble effleurer les véritables enjeux de la pièce de Jean Marc Dalpé. Comme si la transposition de cet univers, du petit théâtre intime de la Licorne, où eut lieu la création en 2006, à un immense plateau, où les personnages semblent avoir peine à se rejoindre, ne permettait pas au sous-texte de se rendre à la conscience du spectateur.
Une famille se retrouve, en cette fin d’été, réunie pour un repas où on doit célébrer les fiançailles de la tante Monique et d’André, deux cinquantenaires débarqués de la ville (incarnés par Chantal Baril et Gilles Renaud). La mère, Jeanne (Pierrette Robitaille), à ses fourneaux, ne peut envisager d’échapper à ses tâches pour la semaine de congé à laquelle l’invite sa sœur, Monique : « Je me reposerai au ciel ! ». Sans doute est-elle aussi effrayée de laisser sa fille Louise (Isabelle Roy), dont le couple qu’elle forme avec Gabriel (Frédéric Blanchette), l’homme engagé de la ferme, est en péril.
Quant à Josée (Kim Despatis), petite-fille de Jeanne et fille de Louise, anorexique et hyperactive, quasi hystérique, elle cherche à attirer un peu d’attention: « J’ai 19 ans, je passe inaperçue si je m’énerve pas ! » Même sa grand-mère malcommode, Paulette (Nicole Leblanc), ne peut l’aider, car apparemment déconnectée des drames sous-jacents qui se jouent autour d’elle.
Si les dialogues de l’auteur, précis comme une partition musicale, sont données avec clarté et rythme, le jeu trop souligné de l’ensemble de la distribution, qui suscite les rires de façon un peu forcée, a un effet d’effacement du non-dit qui devrait ici nous atteindre de plein fouet. Le véritable drame, celui du père, Simon (Michel Dumont), en train de voir sa terre démantelée, l’érablière à laquelle il voudrait donner une seconde vie menacée d’être vendue en lots par sa propre fille, Louise, agente immobilière, passe pour un fait banal. D’ailleurs, la maison, telle qu’illustrée par la scénographie léchée, n’a pas l’aspect délabré qui aurait donné plus de sens à ce monde en déroute.
L’adultère de Louise, dévoilé au grand jour devant « la visite », l’humiliation subie par Gabriel, qui voit s’envoler son héritage, après avoir donné 21 ans de sa vie aux travaux de la ferme, prend une importance démesurée. On se dit : tout ça pour ça? Comme si le drame intime occultait la tragédie collective. La pièce n’a plus alors que la portée d’un théâtre en été, amusant et tristounet.
Texte de Jean Marc Dalpé. Mise en scène de Martine Beaulne. Une production de la Compagnie Jean Duceppe, présentée au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts jusqu’au 6 décembre 2014.
La scène s’ouvre sur une chanson country, comme pour placer le décor. Celui-ci, assez imposant, signé Richard Lacroix, fait voir la devanture d’une maison de campagne à la longue galerie, qui traverse la scène du Théâtre Jean-Duceppe de gauche à droite. Magnifiée par les éclairages spectaculaires de Guy Simard, jouant d’ombres et de pénombre en cette journée chaude du mois d’août où chacun cherche à s’abriter du soleil, cette scénographie impressionne.
Pourtant, la représentation qui va s’y jouer semble effleurer les véritables enjeux de la pièce de Jean Marc Dalpé. Comme si la transposition de cet univers, du petit théâtre intime de la Licorne, où eut lieu la création en 2006, à un immense plateau, où les personnages semblent avoir peine à se rejoindre, ne permettait pas au sous-texte de se rendre à la conscience du spectateur.
Une famille se retrouve, en cette fin d’été, réunie pour un repas où on doit célébrer les fiançailles de la tante Monique et d’André, deux cinquantenaires débarqués de la ville (incarnés par Chantal Baril et Gilles Renaud). La mère, Jeanne (Pierrette Robitaille), à ses fourneaux, ne peut envisager d’échapper à ses tâches pour la semaine de congé à laquelle l’invite sa sœur, Monique : « Je me reposerai au ciel ! ». Sans doute est-elle aussi effrayée de laisser sa fille Louise (Isabelle Roy), dont le couple qu’elle forme avec Gabriel (Frédéric Blanchette), l’homme engagé de la ferme, est en péril.
Quant à Josée (Kim Despatis), petite-fille de Jeanne et fille de Louise, anorexique et hyperactive, quasi hystérique, elle cherche à attirer un peu d’attention: « J’ai 19 ans, je passe inaperçue si je m’énerve pas ! » Même sa grand-mère malcommode, Paulette (Nicole Leblanc), ne peut l’aider, car apparemment déconnectée des drames sous-jacents qui se jouent autour d’elle.
Si les dialogues de l’auteur, précis comme une partition musicale, sont données avec clarté et rythme, le jeu trop souligné de l’ensemble de la distribution, qui suscite les rires de façon un peu forcée, a un effet d’effacement du non-dit qui devrait ici nous atteindre de plein fouet. Le véritable drame, celui du père, Simon (Michel Dumont), en train de voir sa terre démantelée, l’érablière à laquelle il voudrait donner une seconde vie menacée d’être vendue en lots par sa propre fille, Louise, agente immobilière, passe pour un fait banal. D’ailleurs, la maison, telle qu’illustrée par la scénographie léchée, n’a pas l’aspect délabré qui aurait donné plus de sens à ce monde en déroute.
L’adultère de Louise, dévoilé au grand jour devant « la visite », l’humiliation subie par Gabriel, qui voit s’envoler son héritage, après avoir donné 21 ans de sa vie aux travaux de la ferme, prend une importance démesurée. On se dit : tout ça pour ça? Comme si le drame intime occultait la tragédie collective. La pièce n’a plus alors que la portée d’un théâtre en été, amusant et tristounet.
Août – Un repas à la campagne
Texte de Jean Marc Dalpé. Mise en scène de Martine Beaulne. Une production de la Compagnie Jean Duceppe, présentée au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts jusqu’au 6 décembre 2014.