Après l’adaptation théâtrale de son roman L’Orangeraie, présentée en 2016, Larry Tremblay en tire maintenant un livret d’opéra, dont la musique est signée Zad Moultaka, compositeur franco-libanais qui a lui-même connu la guerre. L’opéra, inscrit au programme pour octobre 2020, a été reporté en octobre 2021. Avec ce prélude, Chants libres et le Nouvel Ensemble Moderne (NEM) nous proposent quatre des quinze tableaux de cette tragédie.

Mikaël (Sébastien Ricard), auteur interloqué et personnage du récit, entre seul dans la salle du Monument-National, déserté en ce temps de pandémie. Il est intrigué par des voix dont il ne peut identifier la source. Il porte fusil à l’épaule et cerf-volant à la main. Ce sont les fantômes de l’opéra qui hantent les lieux. Il imagine des musicien·nes, des chanteurs, des chanteuses, une cheffe d’orchestre qui occupent parfois la scène, parfois la salle, des esprits qui circulent dans l’espace vide sur une musique sourde qui n’augure rien de bon.

Dès les premières notes, dès les premiers mots, la table est mise pour la tragédie. Car l’orangeraie, dans son décor, qu’on imagine magnifique, implanté dans le désert de jadis, sera le témoin d’un dilemme déchirant qui sépare les familles et les force à trancher entre deux horreurs : lequel des frères jumeaux faut-il sacrifier et transformer en kamikaze, Aziz ou Amed ? Le Prélude à l’opéra de L’Orangeraie distribue les cartes du jeu : attaque ennemie sur les populations civiles, destruction des familles. Ici, le Moyen-Orient doit inventer la paix, alors que l’Amérique, elle, ne connaît pas la guerre, les djihadistes, ces fous et folles de dieu que l’on sacrifie au nom d’un paradis à venir. Deux sœurs, l’une là-bas, l’autre à Montréal, montrent le gouffre entre les deux mondes.
Le vide de la scène, amplifié par ses murs noirs brutalistes, représente une zone de guerre, que Ricard arpente pieds nus, répondant aux voix, disposant des accessoires, jouant avec ces fantômes qu’il pourrait presque toucher. La facture de ce Prélude laisse entrevoir une solide production, avec bien sûr quelques questions ouvertes : sur la mise en scène, sur de possibles ruptures dans le ton narratif des personnages, sur l’enveloppe visuelle. L’Orangeraie nous emporte de la désolation lointaine au Moyen-Orient vers un avenir meilleur à Montréal, où les survivant·es voient de l’espoir au sortir de la terrifiante spirale de la vengeance.
Texte : Larry Tremblay. Mise en scène : Pauline Vaillancourt. Réalisation : Pauline Vaillancourt et Manuel A. Codina. Musique : Zad Moultaka. Costumes et régie : Marianne Thériault. Maquillages : Jacques-Lee Pelletier. Son : Frédéric Auger. Réduction piano : Francis Perron. Avec Nicholas Burns (contre-ténor), Geoffroy Salvas (baryton), Stéphanie Lessard (soprano), Jacques Arsenault (ténor), Arthur Tanguay-Labrosse (ténor), Stéphanie Pothier (mezzo-soprano), Dion Mazerolle (baryton), Dominic Veilleux (baryton-basse) et Sébastien Ricard (comédien). Une production de Chants Libres, en coproduction avec le Nouvel Ensemble Moderne (NEM), disponible en webdiffusion sur le site de Chants Libres jusqu’au 24 janvier 2021.
Après l’adaptation théâtrale de son roman L’Orangeraie, présentée en 2016, Larry Tremblay en tire maintenant un livret d’opéra, dont la musique est signée Zad Moultaka, compositeur franco-libanais qui a lui-même connu la guerre. L’opéra, inscrit au programme pour octobre 2020, a été reporté en octobre 2021. Avec ce prélude, Chants libres et le Nouvel Ensemble Moderne (NEM) nous proposent quatre des quinze tableaux de cette tragédie.
Mikaël (Sébastien Ricard), auteur interloqué et personnage du récit, entre seul dans la salle du Monument-National, déserté en ce temps de pandémie. Il est intrigué par des voix dont il ne peut identifier la source. Il porte fusil à l’épaule et cerf-volant à la main. Ce sont les fantômes de l’opéra qui hantent les lieux. Il imagine des musicien·nes, des chanteurs, des chanteuses, une cheffe d’orchestre qui occupent parfois la scène, parfois la salle, des esprits qui circulent dans l’espace vide sur une musique sourde qui n’augure rien de bon.
Dès les premières notes, dès les premiers mots, la table est mise pour la tragédie. Car l’orangeraie, dans son décor, qu’on imagine magnifique, implanté dans le désert de jadis, sera le témoin d’un dilemme déchirant qui sépare les familles et les force à trancher entre deux horreurs : lequel des frères jumeaux faut-il sacrifier et transformer en kamikaze, Aziz ou Amed ? Le Prélude à l’opéra de L’Orangeraie distribue les cartes du jeu : attaque ennemie sur les populations civiles, destruction des familles. Ici, le Moyen-Orient doit inventer la paix, alors que l’Amérique, elle, ne connaît pas la guerre, les djihadistes, ces fous et folles de dieu que l’on sacrifie au nom d’un paradis à venir. Deux sœurs, l’une là-bas, l’autre à Montréal, montrent le gouffre entre les deux mondes.
Le vide de la scène, amplifié par ses murs noirs brutalistes, représente une zone de guerre, que Ricard arpente pieds nus, répondant aux voix, disposant des accessoires, jouant avec ces fantômes qu’il pourrait presque toucher. La facture de ce Prélude laisse entrevoir une solide production, avec bien sûr quelques questions ouvertes : sur la mise en scène, sur de possibles ruptures dans le ton narratif des personnages, sur l’enveloppe visuelle. L’Orangeraie nous emporte de la désolation lointaine au Moyen-Orient vers un avenir meilleur à Montréal, où les survivant·es voient de l’espoir au sortir de la terrifiante spirale de la vengeance.
Prélude à l’opéra
Texte : Larry Tremblay. Mise en scène : Pauline Vaillancourt. Réalisation : Pauline Vaillancourt et Manuel A. Codina. Musique : Zad Moultaka. Costumes et régie : Marianne Thériault. Maquillages : Jacques-Lee Pelletier. Son : Frédéric Auger. Réduction piano : Francis Perron. Avec Nicholas Burns (contre-ténor), Geoffroy Salvas (baryton), Stéphanie Lessard (soprano), Jacques Arsenault (ténor), Arthur Tanguay-Labrosse (ténor), Stéphanie Pothier (mezzo-soprano), Dion Mazerolle (baryton), Dominic Veilleux (baryton-basse) et Sébastien Ricard (comédien). Une production de Chants Libres, en coproduction avec le Nouvel Ensemble Moderne (NEM), disponible en webdiffusion sur le site de Chants Libres jusqu’au 24 janvier 2021.