Avec un titre comme Quintette pour cordes sensibles, on attend une œuvre à la musicalité affichée, qui joue sur le contrepoint, les leitmotive, les sommets successifs d’émotion. Malgré une conception sonore organique de Mykalle Bielinski et une mise en scène de Kathleen Aubert maximisant les attributs de la petite salle du Centre Segal, le texte de Sophie Gemme manque pourtant parfois légèrement de direction.
Les cinq mouvements distincts annoncés se fractionnent eux-mêmes en une série de tableaux qui souvent suscitent le rire (le segment pendant lequel les amies analysent la signification des émoticônes transmises par l’amoureux potentiel et celui sur les one-night stands demeurent savoureux), mais sont peut-être plus pertinents quand ils font réfléchir.
On y abordera le sujet des peurs (audacieux de traiter des chambres à gaz dans un centre communautaire juif), de la perception corporelle (un peu trop grassement souligné), des différences (à travers une promenade au musée dans laquelle un handicapé joue un rôle-clé), de la contraception, de l’avortement.
Une écriture assurément féminine, mais pas foncièrement féministe, écho intéressant à la pièce Euphorie de Marie-Noëlle Doucet-Paquin, présentée au Fringe cette année. Le dernier mouvement, qui raconte la rencontre improbable entre une jeune femme et un (peut-être) itinérant amérindien convainc assurément en apex final, nous ramenant au point de départ, décliné de diverses façons : « Se retrouver seule avec soi-même ? – J’veux pas ! »
Le texte est bien transmis par cinq jeunes actrices aux physiques complémentaires, visiblement complices. L’idée de transformer les ventilateurs au fur et à mesure des scènes est intéressante (les petits deviendront téléphones portables, les moyens chien qu’on négocie lors d’une séparation, les grands des hommes qu’on dégomme d’une remarque assassine sur la taille de leur engin), mais bloque par moments le flux du propos, comme si le public assistait malgré lui à un changement de décor. Le choix d’unir et d’isoler les cinq voix fonctionne mieux, le chœur s’opposant autant que soutenant l’individu, donnant même lieu à des moments presque antiphonaires. Un portrait rassembleur de la jeune femme d’aujourd’hui.
Texte de Sophie Gemme. Mise en scène de Kathleen Aubert. Une production Aequo. Au Studio du Centre Segal jusqu’au 23 septembre 2014.
Avec un titre comme Quintette pour cordes sensibles, on attend une œuvre à la musicalité affichée, qui joue sur le contrepoint, les leitmotive, les sommets successifs d’émotion. Malgré une conception sonore organique de Mykalle Bielinski et une mise en scène de Kathleen Aubert maximisant les attributs de la petite salle du Centre Segal, le texte de Sophie Gemme manque pourtant parfois légèrement de direction.
Les cinq mouvements distincts annoncés se fractionnent eux-mêmes en une série de tableaux qui souvent suscitent le rire (le segment pendant lequel les amies analysent la signification des émoticônes transmises par l’amoureux potentiel et celui sur les one-night stands demeurent savoureux), mais sont peut-être plus pertinents quand ils font réfléchir.
On y abordera le sujet des peurs (audacieux de traiter des chambres à gaz dans un centre communautaire juif), de la perception corporelle (un peu trop grassement souligné), des différences (à travers une promenade au musée dans laquelle un handicapé joue un rôle-clé), de la contraception, de l’avortement.
Une écriture assurément féminine, mais pas foncièrement féministe, écho intéressant à la pièce Euphorie de Marie-Noëlle Doucet-Paquin, présentée au Fringe cette année. Le dernier mouvement, qui raconte la rencontre improbable entre une jeune femme et un (peut-être) itinérant amérindien convainc assurément en apex final, nous ramenant au point de départ, décliné de diverses façons : « Se retrouver seule avec soi-même ? – J’veux pas ! »
Le texte est bien transmis par cinq jeunes actrices aux physiques complémentaires, visiblement complices. L’idée de transformer les ventilateurs au fur et à mesure des scènes est intéressante (les petits deviendront téléphones portables, les moyens chien qu’on négocie lors d’une séparation, les grands des hommes qu’on dégomme d’une remarque assassine sur la taille de leur engin), mais bloque par moments le flux du propos, comme si le public assistait malgré lui à un changement de décor. Le choix d’unir et d’isoler les cinq voix fonctionne mieux, le chœur s’opposant autant que soutenant l’individu, donnant même lieu à des moments presque antiphonaires. Un portrait rassembleur de la jeune femme d’aujourd’hui.
Quintette pour cordes sensibles
Texte de Sophie Gemme. Mise en scène de Kathleen Aubert. Une production Aequo. Au Studio du Centre Segal jusqu’au 23 septembre 2014.