Aucun dialogue. Plutôt, des personnages qui proclament, déclarent, lancent avec force et sans nuances des discours sur leur situation, familiale surtout. D’abord les deux jumeaux adolescents (joués par deux jeunes hommes longs et minces, mais l’auteure avait prévu un tandem mixte), parlant toujours en chœur et à un rythme rapide ; les parents ensuite, plus petits et vêtus comme des gamins.
Les quatre évoquent une famille en crise. Un père – Ludovic – absorbé par son travail, une mère en proie à la dépression dans sa banlieue de Saint-Bruno-de-Montarville. On parle aussi d’un grand chien, un Danois, qui finira crevé par des canifs suisses dans une scène rageuse et gratuite. Il y a également une Ludivine, très présente parce qu’on cite souvent son nom et dont on apprendra qu’elle est l’infortunée jumelle du père. Elle se suicidera à bout de drogues. C’est par elle, d’ailleurs, que le père a rencontré Julie, qui deviendra son épouse lointaine.
Tout ce monde demeure face au public, éructant à toute vitesse un texte touffu, du genre « moi, je sais ce qui s’est passé, et je vais vous le dire », avec un air toujours suffisant, pour ne pas dire cynique. En même temps, les personnages se plaquent contre le mur noir du fond ou au sol et tracent avec de la craie le contour de leur corps, de la tête, des membres, des poings tendus, allant jusqu’à ajouter plusieurs bras à leur silhouette, ou dessiner un sexe pour faire mine de s’y masturber.
Mais de quoi parlent-ils ? De leur famille dysfonctionnelle, de la vie plate de la banlieue, de l’impitoyable société de consommation, de la vie de jumeau, infernale comme une prison, du défilé des « pareils » du Festival Juste pour rire de Gilbert Rozon, de l’anéantissement des enfants souhaité par le père. Le metteur en scène, Marc Beaupré (son Caligula_remix avait marqué la saison il y a deux ans), évite cette fois-ci de recourir à la technologie, renonçant même à tweeter comme il l’avait fait dans Don Juan_uncensored.
Seul demeure le flot verbal, qui devient assourdissant, de personnages immobiles sous un éclairage étale. L’auteure a travaillé avec Wajdi Mouawad, dont elle se souvient de la violence (dans ses premiers textes surtout). La compagnie qui produit la pièce porte bien son nom : Le Crachoir. Un bon point : cela ne dure qu’une heure.
Texte : Annick Lefebvre. Mise en scène : Marc Beaupré. Une production du Crachoir. Aux Écuries jusqu’au 27 avril 2013.
Aucun dialogue. Plutôt, des personnages qui proclament, déclarent, lancent avec force et sans nuances des discours sur leur situation, familiale surtout. D’abord les deux jumeaux adolescents (joués par deux jeunes hommes longs et minces, mais l’auteure avait prévu un tandem mixte), parlant toujours en chœur et à un rythme rapide ; les parents ensuite, plus petits et vêtus comme des gamins.
Les quatre évoquent une famille en crise. Un père – Ludovic – absorbé par son travail, une mère en proie à la dépression dans sa banlieue de Saint-Bruno-de-Montarville. On parle aussi d’un grand chien, un Danois, qui finira crevé par des canifs suisses dans une scène rageuse et gratuite. Il y a également une Ludivine, très présente parce qu’on cite souvent son nom et dont on apprendra qu’elle est l’infortunée jumelle du père. Elle se suicidera à bout de drogues. C’est par elle, d’ailleurs, que le père a rencontré Julie, qui deviendra son épouse lointaine.
Tout ce monde demeure face au public, éructant à toute vitesse un texte touffu, du genre « moi, je sais ce qui s’est passé, et je vais vous le dire », avec un air toujours suffisant, pour ne pas dire cynique. En même temps, les personnages se plaquent contre le mur noir du fond ou au sol et tracent avec de la craie le contour de leur corps, de la tête, des membres, des poings tendus, allant jusqu’à ajouter plusieurs bras à leur silhouette, ou dessiner un sexe pour faire mine de s’y masturber.
Mais de quoi parlent-ils ? De leur famille dysfonctionnelle, de la vie plate de la banlieue, de l’impitoyable société de consommation, de la vie de jumeau, infernale comme une prison, du défilé des « pareils » du Festival Juste pour rire de Gilbert Rozon, de l’anéantissement des enfants souhaité par le père. Le metteur en scène, Marc Beaupré (son Caligula_remix avait marqué la saison il y a deux ans), évite cette fois-ci de recourir à la technologie, renonçant même à tweeter comme il l’avait fait dans Don Juan_uncensored.
Seul demeure le flot verbal, qui devient assourdissant, de personnages immobiles sous un éclairage étale. L’auteure a travaillé avec Wajdi Mouawad, dont elle se souvient de la violence (dans ses premiers textes surtout). La compagnie qui produit la pièce porte bien son nom : Le Crachoir. Un bon point : cela ne dure qu’une heure.
Ce samedi il pleuvait
Texte : Annick Lefebvre. Mise en scène : Marc Beaupré. Une production du Crachoir. Aux Écuries jusqu’au 27 avril 2013.