Orlando ou la rencontre d’un texte (de Virginia Woolf), d’une comédienne (Katelijne Damen) et d’un dispositif (Guy Cassiers, qui signe aussi la mise en scène), tous trois absolument magnifiques de précision, de subtilité et dévoilant au fur et à mesure du récit une palette de possibles vertigineux.
C’est presque une leçon de théâtre tellement, les choses étant mises à vues, dévoilées, dès le départ, on peut suivre pas à pas les évolutions et métamorphoses de chaque élément: que ce soit l’actrice qui nous attend dès avant le début du spectacle en belle robe blanche élizabéthaine, les 4 caméras suspendues et l’écran de fond, le dispositif d’images étalées au sol, les projecteurs lumineux visibles en l’air ou posés au sol.
Seul l’univers sonore se révèle progressivement et, comme la lumière, il contribue à créer l’identité flottante, mais précise, de chaque moment: des rêveries ou des moments de «présent» comme les nomme le narrateur Orlando, à chaque prise de conscience que quelque chose à changé (l’époque, le lieu, son identité, etc).
Le texte de Woolf évolue au grès de ces métamorphoses: Orlando passe d’une identité masculine, décrite plus dans ses fondements et obligations sociales, à une identité féminine, décrite de manière sensorielle, pour véritablement ouvrir à un monde intérieur. Ce texte on l’entend en néerlandais et c’est superbe.
Le sol est fait de milliers d’images qui renvoient à toute l’histoire européenne que traverse le texte sur près de 3 siècles, de l’Angleterre rurale et aristocratique du 17e au Londres bouillonant du début du 20e siècle (gravures, peintures, puis photographies). Au sol, ce n’est pas une image globale qui est filmée, mais 4 zones filmées par 4 caméras, et c’est la juxtaposition des 4 zones qui va composer une image sur l’écran (un chène, un visage, des détails…). Par des jeux de zooms, on plonge dans chaque image, elle même constituée d’une multitudes de framents minuscules.
«Les zooms avant et arrière font découvrir des images dans ces images, comme dans le livre qui décrit un personnage au travers d’un autre», explique Cassiers. La lumière joue un rôle important car alliée au traitement en direct par la régie vidéo (gel, transparence, mapping…), elle mutiplie les possibles dans un rendu visuel étonnant; la signature plastique est l’une des marques de distinction des spectacles de Cassiers, ayant étudié à l’Académie des Beaux-arts d’Anvers.
Un véritable écrin qui fait résonner la moindre modulation sonore, lumineuse, visuelle, la moindre évolution de posture de la comédienne, offrant via les caméras des gros plans sur ses mains, son visage, mais plus souvent, la détachant d’un fond graphique magnifique (des impressions de lavis, des gravures grands formats, des peintures abstraites noires sur fond blanc ou l’inverse, des oxydations suberbes), qui donne l’impression qu’elle serait allongée ou en apesanteur dans une pose très marquée, le corps arqué, étrange. En début de spectacle, elle passe une seconde sous le faisceau de chaque caméra, ce qui permet de révéler le dispositf (c’est filmé en direct, l’image que vous voyez est au sol), puis ensuite de commencer la plongée dans les images.
Car si le dispositif technique est magnifique, il est porté par le jeu époustouflant de Katelijne Damen, qu’il n’écrase en rien, mais au contraire qu’il magnifie. L’actrice endosse tous les rôles et narrateurs avec aisance (Orlando, un biographe…) et surprend vraiment par la large palette d’émotion qu’elle est capable de suggérer simplement en nous faisant face, en déployant ses bras et en nous parlant, tout en sachant précisèment où elle se situe dans le champs de chaque caméra. Un moment de grâce à saisir absolument!
Orlando. Texte: Virginia Woolf. Mise en scène et scénographie: Guy Cassiers. Une production de la Toneelhuis (Anvers) présentée le 6 juillet 2013 au Festival d’Avignon, puis en tournée au cours des prochains mois: Nederlands Theaterfestival (8-15 sept.), Théâtre de la Bastille, Paris (5-10 nov.), Festival Romaeuropa, Rome (15-16 nov.), Marseille-Provence 2013 (5-7 déc.), Bourlaschouwburg, Anvers (9-10 janv. 2014), Parktheater Eindhoven, Pays-Bas (14 janv. 2014).
Orlando ou la rencontre d’un texte (de Virginia Woolf), d’une comédienne (Katelijne Damen) et d’un dispositif (Guy Cassiers, qui signe aussi la mise en scène), tous trois absolument magnifiques de précision, de subtilité et dévoilant au fur et à mesure du récit une palette de possibles vertigineux.
C’est presque une leçon de théâtre tellement, les choses étant mises à vues, dévoilées, dès le départ, on peut suivre pas à pas les évolutions et métamorphoses de chaque élément: que ce soit l’actrice qui nous attend dès avant le début du spectacle en belle robe blanche élizabéthaine, les 4 caméras suspendues et l’écran de fond, le dispositif d’images étalées au sol, les projecteurs lumineux visibles en l’air ou posés au sol.
Seul l’univers sonore se révèle progressivement et, comme la lumière, il contribue à créer l’identité flottante, mais précise, de chaque moment: des rêveries ou des moments de «présent» comme les nomme le narrateur Orlando, à chaque prise de conscience que quelque chose à changé (l’époque, le lieu, son identité, etc).
Le texte de Woolf évolue au grès de ces métamorphoses: Orlando passe d’une identité masculine, décrite plus dans ses fondements et obligations sociales, à une identité féminine, décrite de manière sensorielle, pour véritablement ouvrir à un monde intérieur. Ce texte on l’entend en néerlandais et c’est superbe.
Le sol est fait de milliers d’images qui renvoient à toute l’histoire européenne que traverse le texte sur près de 3 siècles, de l’Angleterre rurale et aristocratique du 17e au Londres bouillonant du début du 20e siècle (gravures, peintures, puis photographies). Au sol, ce n’est pas une image globale qui est filmée, mais 4 zones filmées par 4 caméras, et c’est la juxtaposition des 4 zones qui va composer une image sur l’écran (un chène, un visage, des détails…). Par des jeux de zooms, on plonge dans chaque image, elle même constituée d’une multitudes de framents minuscules.
«Les zooms avant et arrière font découvrir des images dans ces images, comme dans le livre qui décrit un personnage au travers d’un autre», explique Cassiers. La lumière joue un rôle important car alliée au traitement en direct par la régie vidéo (gel, transparence, mapping…), elle mutiplie les possibles dans un rendu visuel étonnant; la signature plastique est l’une des marques de distinction des spectacles de Cassiers, ayant étudié à l’Académie des Beaux-arts d’Anvers.
Un véritable écrin qui fait résonner la moindre modulation sonore, lumineuse, visuelle, la moindre évolution de posture de la comédienne, offrant via les caméras des gros plans sur ses mains, son visage, mais plus souvent, la détachant d’un fond graphique magnifique (des impressions de lavis, des gravures grands formats, des peintures abstraites noires sur fond blanc ou l’inverse, des oxydations suberbes), qui donne l’impression qu’elle serait allongée ou en apesanteur dans une pose très marquée, le corps arqué, étrange. En début de spectacle, elle passe une seconde sous le faisceau de chaque caméra, ce qui permet de révéler le dispositf (c’est filmé en direct, l’image que vous voyez est au sol), puis ensuite de commencer la plongée dans les images.
Car si le dispositif technique est magnifique, il est porté par le jeu époustouflant de Katelijne Damen, qu’il n’écrase en rien, mais au contraire qu’il magnifie. L’actrice endosse tous les rôles et narrateurs avec aisance (Orlando, un biographe…) et surprend vraiment par la large palette d’émotion qu’elle est capable de suggérer simplement en nous faisant face, en déployant ses bras et en nous parlant, tout en sachant précisèment où elle se situe dans le champs de chaque caméra. Un moment de grâce à saisir absolument!
Orlando. Texte: Virginia Woolf. Mise en scène et scénographie: Guy Cassiers. Une production de la Toneelhuis (Anvers) présentée le 6 juillet 2013 au Festival d’Avignon, puis en tournée au cours des prochains mois: Nederlands Theaterfestival (8-15 sept.), Théâtre de la Bastille, Paris (5-10 nov.), Festival Romaeuropa, Rome (15-16 nov.), Marseille-Provence 2013 (5-7 déc.), Bourlaschouwburg, Anvers (9-10 janv. 2014), Parktheater Eindhoven, Pays-Bas (14 janv. 2014).