Même si, selon Plutarque, «la barbe ne fait pas le philosophe», Dominique Houdard, porteur d’une barbe blanche que le Père Noël lui envie, philosophe dans son castelet comme Platon dans sa caverne. À l’aide de pots en terre cuite, d’un carré de sable, de marteaux ou d’un bâton de cire d’abeille, Houdard fait en 55 minutes l’évidente démonstration des bienfaits de la philosophie dans nos vies d’êtres-pensants.
Auteur du texte, Houdard a mené un impressionnant travail de recherche et d’écriture pour ce théâtre d’objets qui donne à «voir» la philosophie. Les objets utilisés sont ceux dont les philosophes se sont servis pour étayer leur démonstration. D’une voix douce et posée, le manipulateur livre son exposé avec un bonheur évident et des accents gourmands. Il goûte les mots des philosophes, il les rend gouleyants et aromatiques.
De Socrate, il a retenu les trois tamis: vérité, bonté et nécessité, filtres sans lesquels un message n’aurait pas lieu d’être colporté. Avec les anneaux aimantés de Platon, il démontre la chaine de l’information qui se crée entre le poète, le rhapsode et le spectateur. Il s’amuse du marteau de Spinoza («pour forger le fer on a besoin d’un marteau, et pour avoir un marteau il est nécessaire de le faire») et de celui de Nietzsche, instrument de destruction et de recréation du monde («Il faut ausculter les idoles, les questionner à coups de marteau et, qui sait, percevoir pour toute réponse ce fameux « son creux » qui indique des entrailles pleines de vent»). La théorie de Schopenhauer, élaborée à partir d’un troupeau de porcs-épics, selon laquelle la vie n’est possible en société qu’avec la politesse et les bonnes manières, est représentée par quelques baguettes et des pots de fleurs s’entrechoquant ; le mythe de Sisyphe, d’Albert Camus, s’illustre avec un caillou qui roule dans le sable. Avec Houdard, le Discours sur la méthode de Descartes devient limpide et Lucrèce s’entend en alexandrins.
Créé en 2012, Le petit théâtre d’objets des philosophes est un «grand petit» spectacle aux multiples vertus. Son dénuement volontaire, sa facture artisanale et son rythme reposent du brouhaha multimédiatique, son propos éveille une bénéfique et nécessaire réflexion et le tout réjouit les yeux et l’âme. Antidote à la bêtise et à l’ignorance, ce spectacle devrait être déclaré d’intérêt public.
Fondée en 1964, la compagnie Houdard-Heuclin s’est fait une spécialité du théâtre d’objet, de l’objet-signe mis au service du texte. Au terme de marionnettes, la compagnie préfère celui de «théâtre de figure», qui représente mieux son travail. D’abord implantée à Épinal, dans les Vosges, elle est à l’origine d’un des premiers festivals de théâtre de rue en France. Avec les célèbres Padox, créatures en latex inventées en 1986, marionnettes habitables dans lesquelles se glissent les comédiens, Dominique Houdard et Jeanne Heuclin ont fait le tour du monde, se produisant aussi bien dans les théâtres que dans les rues. La compagnie est maintenant basée à Paris.
Le petit théâtre d’objets des philosophes. Texte et mise en scène de Dominique Houdard. Production Compagnie Houdard-Heuclin. Au studio Valcourt du Conservatoire d’art dramatique, jusqu’au 24 octobre 2013.
Même si, selon Plutarque, «la barbe ne fait pas le philosophe», Dominique Houdard, porteur d’une barbe blanche que le Père Noël lui envie, philosophe dans son castelet comme Platon dans sa caverne. À l’aide de pots en terre cuite, d’un carré de sable, de marteaux ou d’un bâton de cire d’abeille, Houdard fait en 55 minutes l’évidente démonstration des bienfaits de la philosophie dans nos vies d’êtres-pensants.
Auteur du texte, Houdard a mené un impressionnant travail de recherche et d’écriture pour ce théâtre d’objets qui donne à «voir» la philosophie. Les objets utilisés sont ceux dont les philosophes se sont servis pour étayer leur démonstration. D’une voix douce et posée, le manipulateur livre son exposé avec un bonheur évident et des accents gourmands. Il goûte les mots des philosophes, il les rend gouleyants et aromatiques.
De Socrate, il a retenu les trois tamis: vérité, bonté et nécessité, filtres sans lesquels un message n’aurait pas lieu d’être colporté. Avec les anneaux aimantés de Platon, il démontre la chaine de l’information qui se crée entre le poète, le rhapsode et le spectateur. Il s’amuse du marteau de Spinoza («pour forger le fer on a besoin d’un marteau, et pour avoir un marteau il est nécessaire de le faire») et de celui de Nietzsche, instrument de destruction et de recréation du monde («Il faut ausculter les idoles, les questionner à coups de marteau et, qui sait, percevoir pour toute réponse ce fameux « son creux » qui indique des entrailles pleines de vent»). La théorie de Schopenhauer, élaborée à partir d’un troupeau de porcs-épics, selon laquelle la vie n’est possible en société qu’avec la politesse et les bonnes manières, est représentée par quelques baguettes et des pots de fleurs s’entrechoquant ; le mythe de Sisyphe, d’Albert Camus, s’illustre avec un caillou qui roule dans le sable. Avec Houdard, le Discours sur la méthode de Descartes devient limpide et Lucrèce s’entend en alexandrins.
Créé en 2012, Le petit théâtre d’objets des philosophes est un «grand petit» spectacle aux multiples vertus. Son dénuement volontaire, sa facture artisanale et son rythme reposent du brouhaha multimédiatique, son propos éveille une bénéfique et nécessaire réflexion et le tout réjouit les yeux et l’âme. Antidote à la bêtise et à l’ignorance, ce spectacle devrait être déclaré d’intérêt public.
Fondée en 1964, la compagnie Houdard-Heuclin s’est fait une spécialité du théâtre d’objet, de l’objet-signe mis au service du texte. Au terme de marionnettes, la compagnie préfère celui de «théâtre de figure», qui représente mieux son travail. D’abord implantée à Épinal, dans les Vosges, elle est à l’origine d’un des premiers festivals de théâtre de rue en France. Avec les célèbres Padox, créatures en latex inventées en 1986, marionnettes habitables dans lesquelles se glissent les comédiens, Dominique Houdard et Jeanne Heuclin ont fait le tour du monde, se produisant aussi bien dans les théâtres que dans les rues. La compagnie est maintenant basée à Paris.
Le petit théâtre d’objets des philosophes. Texte et mise en scène de Dominique Houdard. Production Compagnie Houdard-Heuclin. Au studio Valcourt du Conservatoire d’art dramatique, jusqu’au 24 octobre 2013.