Plus d’un an après sa première à Helsinki, la neuvième création du cirque Éloize arrive bien rodée à Montréal. Enfin! Spectacle à l’imagerie forte, Cirkopolis offre plusieurs excellents numéros exécutés par des artistes talentueux, il va sans dire.
La mise en scène cosignée par Jeannot Painchaud et Dave St-Pierre nous plonge dans un univers industriel gris, dépersonnalisant, auquel s’ajoutent des éléments colorés au fil de la représentation. La simplicité efficace de la scénographie et les projections très réussies de Robert Massicotte et Alexis Laurence contribuent à l’esthétique distinctive du spectacle, qu’il s’agisse d’immenses rouages, de structures architecturales ou encore d’images qui appuient des jeux amusants avec des panneaux pivotants.
Vu cet été au Proctor’s de Schenectady, dans l’état de New York, le spectacle prenait un cachet particulier dans le cadre de scène de ce théâtre coquettement restauré qui date de la même époque que le film Métropolis, évoqué de diverses façons dans Cirkopolis. Par ailleurs, si vous connaissez Joe de Jean-Pierre Perreault, si vous avez vu le film Brazil de Terry Gilliam ou si vous appréciez les dessins d’Adolphe Appia, le spectacle fait aussi écho à œuvres.
Roues et rouages
Dans la première moitié de Cirkopolis, les chorégraphies et les choix musicaux confèrent une théâtralité intéressante à des numéros comme celui mettant en scène la Roue Cyr. Non seulement l’acrobate y allie aux figures habituelles de l’appareil des mouvements en flexibilité, mais la voix enveloppante de Stéfan Boucher ajoute une agréable chaleur à l’interprétation souriante d’Angela Bongiovonni.
Même chose dans le numéro de contorsion portée où la voix suave de Pascale Picard nous chante un texte en français d’une langueur toute sensuelle pendant que la fraîche et filiforme Myriam Daraiche, grâce aux mains de ses partenaires qui la soutiennent parfois à bout de bras, évolue en beauté sans toucher le sol, le frôlant parfois.
La chorégraphie de Dave St-Pierre pour la roue allemande compte aussi parmi les moments forts du spectacle. Devant des projections de rouages mécaniques, un soliste au torse nu et cinq interprètes vêtus de gris se meuvent sur une musique tonique. Véritable chœur aux configurations multiples, les six acrobates masculins utilisent et manipulent l’appareil tout autant qu’ils dansent; performance exemplaire empreinte d’une tension dramatique bien assumée.
L’ouverture au souffle dynamique intègre des figures de main à main à un ballet où objets et humains, à l’instar des mécaniques qu’on voit projetées, doivent se déplacer avec rigueur et précision. L’emploi de meubles à roulettes s’avère spécialement intéressant dans le numéro de jonglerie de groupe alors que les acrobates, assis sur des chaises, s’échangent des quilles en tournant autour d’une table. Et parlant de manipulation, la prestation de Dominique Bouchard, dans son numéro de diabolo travaillé sur deux axes, vaut d’être souligné autant pour les prouesses que pour la fluidité et la souplesse de ses mouvements.
Les amateurs qui préfèrent un cirque où dominent la force et la technique acrobatique trouveront leur compte dans Cirkopolis avec les sangles aériennes, la corde lisse et ses figures rapides ou encore, de facture plus conventionnelle, le mât chinois et la planche sautoir de la finale avec leurs adresses au public.
Un bémol cependant: dans le vaste Théâtre Maisonneuve, si vous n’êtes pas dans la première moitié de la salle et voulez distinguer les mimiques des visages ou les détails de ce spectacle très photogénique, apportez vos longues-vues. Cirkopolis nous renvoie d’abord l’image d’une masse anonyme, mais il nous démontre aussi, avec son imposante équipe de concepteurs et ses douze acrobates en scène, qu’on peut toucher le public et le captiver avec la force d’un groupe.
Cirkopolis. Mise en scène: Jeannot Painchaud et Dave St-Pierre. Production Cirque Éloize et Productions Neuvart. Au Théâtre Maisonneuve jusqu’au 7 décembre 2013.
Plus d’un an après sa première à Helsinki, la neuvième création du cirque Éloize arrive bien rodée à Montréal. Enfin! Spectacle à l’imagerie forte, Cirkopolis offre plusieurs excellents numéros exécutés par des artistes talentueux, il va sans dire.
La mise en scène cosignée par Jeannot Painchaud et Dave St-Pierre nous plonge dans un univers industriel gris, dépersonnalisant, auquel s’ajoutent des éléments colorés au fil de la représentation. La simplicité efficace de la scénographie et les projections très réussies de Robert Massicotte et Alexis Laurence contribuent à l’esthétique distinctive du spectacle, qu’il s’agisse d’immenses rouages, de structures architecturales ou encore d’images qui appuient des jeux amusants avec des panneaux pivotants.
Vu cet été au Proctor’s de Schenectady, dans l’état de New York, le spectacle prenait un cachet particulier dans le cadre de scène de ce théâtre coquettement restauré qui date de la même époque que le film Métropolis, évoqué de diverses façons dans Cirkopolis. Par ailleurs, si vous connaissez Joe de Jean-Pierre Perreault, si vous avez vu le film Brazil de Terry Gilliam ou si vous appréciez les dessins d’Adolphe Appia, le spectacle fait aussi écho à œuvres.
Roues et rouages
Dans la première moitié de Cirkopolis, les chorégraphies et les choix musicaux confèrent une théâtralité intéressante à des numéros comme celui mettant en scène la Roue Cyr. Non seulement l’acrobate y allie aux figures habituelles de l’appareil des mouvements en flexibilité, mais la voix enveloppante de Stéfan Boucher ajoute une agréable chaleur à l’interprétation souriante d’Angela Bongiovonni.
Même chose dans le numéro de contorsion portée où la voix suave de Pascale Picard nous chante un texte en français d’une langueur toute sensuelle pendant que la fraîche et filiforme Myriam Daraiche, grâce aux mains de ses partenaires qui la soutiennent parfois à bout de bras, évolue en beauté sans toucher le sol, le frôlant parfois.
La chorégraphie de Dave St-Pierre pour la roue allemande compte aussi parmi les moments forts du spectacle. Devant des projections de rouages mécaniques, un soliste au torse nu et cinq interprètes vêtus de gris se meuvent sur une musique tonique. Véritable chœur aux configurations multiples, les six acrobates masculins utilisent et manipulent l’appareil tout autant qu’ils dansent; performance exemplaire empreinte d’une tension dramatique bien assumée.
L’ouverture au souffle dynamique intègre des figures de main à main à un ballet où objets et humains, à l’instar des mécaniques qu’on voit projetées, doivent se déplacer avec rigueur et précision. L’emploi de meubles à roulettes s’avère spécialement intéressant dans le numéro de jonglerie de groupe alors que les acrobates, assis sur des chaises, s’échangent des quilles en tournant autour d’une table. Et parlant de manipulation, la prestation de Dominique Bouchard, dans son numéro de diabolo travaillé sur deux axes, vaut d’être souligné autant pour les prouesses que pour la fluidité et la souplesse de ses mouvements.
Les amateurs qui préfèrent un cirque où dominent la force et la technique acrobatique trouveront leur compte dans Cirkopolis avec les sangles aériennes, la corde lisse et ses figures rapides ou encore, de facture plus conventionnelle, le mât chinois et la planche sautoir de la finale avec leurs adresses au public.
Un bémol cependant: dans le vaste Théâtre Maisonneuve, si vous n’êtes pas dans la première moitié de la salle et voulez distinguer les mimiques des visages ou les détails de ce spectacle très photogénique, apportez vos longues-vues. Cirkopolis nous renvoie d’abord l’image d’une masse anonyme, mais il nous démontre aussi, avec son imposante équipe de concepteurs et ses douze acrobates en scène, qu’on peut toucher le public et le captiver avec la force d’un groupe.
Cirkopolis. Mise en scène: Jeannot Painchaud et Dave St-Pierre. Production Cirque Éloize et Productions Neuvart. Au Théâtre Maisonneuve jusqu’au 7 décembre 2013.