Le Théâtre Advienne que pourra nous avait offert une relecture concluante des Aventures de Lagardère, mais cette fois, avec Le tour du monde en 80 jours, il présente un spectacle pour tous particulièrement réussi, rodé au quart de tour, qui ne laisse aucun instant de répit au spectateur, petit ou grand.
Ces 90 minutes filent comme l’éclair, au fond comme ce voyage complètement fou entrepris en 1872 par Phileas Fogg, gentleman sans trop d’envergure, à la vie réglée à la seconde près, qui fait le pari insensé pour l’époque d’un tour du monde à vitesse grand V. Aidé de son fidèle serviteur Passepartout, qui a plus d’un tour dans son sac, il avale les kilomètres, de Londres à Suez à Bombay puis Calcutta, sauvant d’une mort certaine la princesse Aouda «parce qu’il a le temps», avant de mettre pied en Chine, au Japon, puis en Amérique, revenant bien sûr à la date dite à Londres, au grand dam de ses partenaires de whist.
Cinq acteurs incarnent les 36 personnages avec un plaisir évident. François-Simon Poirier propose un Phileas Fogg juste assez flegmatique, réservé sans être distant, très attachant, alors que Louis-Philippe Berthiaume, déjà remarqué dans Le P’tit Jourdain, donne ici toute la mesure de son talent dans ce rôle d’ancien artiste de cirque et prestidigitateur. Bruno Piccolo convainc aussi bien dans la peau de l’Inspecteur Fix, qui espère bien mettre la main au collet de celui qu’il croit gentleman-cambrioleur, que dans celle de Sullivan, double décalé de Flanagan, comme peuvent l’être les frères Dupont et Dupond. Un seul haussement de sourcil suffit pour qu’il passe de l’un à l’autre avec égal bonheur – et que dire de sa geisha, absolument délirante! Milène Leclerc saute avec autant d’aisance du personnage de Flanagan à celui des consuls des diverses villes visitées, avant d’investir avec brio celui de la journaliste Nellie Bly du New York World, féministe avant l’heure. Sharon Ibgui offre quant à elle une belle densité à sa Princesse Aouda, qui finira par enflammer le cœur de ce cher Phileas, et une folie certaine à sa danseuse de Bollywood ou son vendeur de souk.
La mise en scène de Frédéric Bélanger se révèle particulièrement astucieuse, les acteurs habitant la petite scène (ce spectacle est conçu pour se promener en roulotte) sans que l’on n’ait jamais l’impression qu’ils s’y sentent à l’étroit, dans un décor d’une réelle beauté de Dominique Pottier, un guichet de gare et Big Ben servant d’ancrages. Activé par Passepartout, ce dernier devient aussi carte géographique déroulante et un de ses engrenages barre de bateau. Les nombreuses malles sur scène permettent que de l’une ou l’autre surgissent une pagode ou une tête d’éléphant, et leur réagencement perpétuel évoque banquettes de train aussi bien que luge ou tombeau.
Le quatrième mur disparaît ici et là avec naturel, le temps pour l’un ou l’autre de se glisser dans – ou d’invectiver – la foule. Les clins d’œil sont multiples, qu’un acteur se débatte (volontairement ou pas? Aucune importance ici…) avec une moustache récalcitrante ou que la gaule maintenant la trompe de l’éléphant ne se détache inopinément. Que vous ayez 5 ou 75 ans importe peu. Vous n’aurez qu’une envie en sortant: vivre de nouvelles aventures avec cette équipe du tonnerre!
Texte: Jules Verne. Adapatation et mise en scène: Frédéric Bélanger. Une production du Théâtre Advienne que pourra. À la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 19 décembre 2013.
Le Théâtre Advienne que pourra nous avait offert une relecture concluante des Aventures de Lagardère, mais cette fois, avec Le tour du monde en 80 jours, il présente un spectacle pour tous particulièrement réussi, rodé au quart de tour, qui ne laisse aucun instant de répit au spectateur, petit ou grand.
Ces 90 minutes filent comme l’éclair, au fond comme ce voyage complètement fou entrepris en 1872 par Phileas Fogg, gentleman sans trop d’envergure, à la vie réglée à la seconde près, qui fait le pari insensé pour l’époque d’un tour du monde à vitesse grand V. Aidé de son fidèle serviteur Passepartout, qui a plus d’un tour dans son sac, il avale les kilomètres, de Londres à Suez à Bombay puis Calcutta, sauvant d’une mort certaine la princesse Aouda «parce qu’il a le temps», avant de mettre pied en Chine, au Japon, puis en Amérique, revenant bien sûr à la date dite à Londres, au grand dam de ses partenaires de whist.
Cinq acteurs incarnent les 36 personnages avec un plaisir évident. François-Simon Poirier propose un Phileas Fogg juste assez flegmatique, réservé sans être distant, très attachant, alors que Louis-Philippe Berthiaume, déjà remarqué dans Le P’tit Jourdain, donne ici toute la mesure de son talent dans ce rôle d’ancien artiste de cirque et prestidigitateur. Bruno Piccolo convainc aussi bien dans la peau de l’Inspecteur Fix, qui espère bien mettre la main au collet de celui qu’il croit gentleman-cambrioleur, que dans celle de Sullivan, double décalé de Flanagan, comme peuvent l’être les frères Dupont et Dupond. Un seul haussement de sourcil suffit pour qu’il passe de l’un à l’autre avec égal bonheur – et que dire de sa geisha, absolument délirante! Milène Leclerc saute avec autant d’aisance du personnage de Flanagan à celui des consuls des diverses villes visitées, avant d’investir avec brio celui de la journaliste Nellie Bly du New York World, féministe avant l’heure. Sharon Ibgui offre quant à elle une belle densité à sa Princesse Aouda, qui finira par enflammer le cœur de ce cher Phileas, et une folie certaine à sa danseuse de Bollywood ou son vendeur de souk.
La mise en scène de Frédéric Bélanger se révèle particulièrement astucieuse, les acteurs habitant la petite scène (ce spectacle est conçu pour se promener en roulotte) sans que l’on n’ait jamais l’impression qu’ils s’y sentent à l’étroit, dans un décor d’une réelle beauté de Dominique Pottier, un guichet de gare et Big Ben servant d’ancrages. Activé par Passepartout, ce dernier devient aussi carte géographique déroulante et un de ses engrenages barre de bateau. Les nombreuses malles sur scène permettent que de l’une ou l’autre surgissent une pagode ou une tête d’éléphant, et leur réagencement perpétuel évoque banquettes de train aussi bien que luge ou tombeau.
Le quatrième mur disparaît ici et là avec naturel, le temps pour l’un ou l’autre de se glisser dans – ou d’invectiver – la foule. Les clins d’œil sont multiples, qu’un acteur se débatte (volontairement ou pas? Aucune importance ici…) avec une moustache récalcitrante ou que la gaule maintenant la trompe de l’éléphant ne se détache inopinément. Que vous ayez 5 ou 75 ans importe peu. Vous n’aurez qu’une envie en sortant: vivre de nouvelles aventures avec cette équipe du tonnerre!
Le tour du monde en 80 jours
Texte: Jules Verne. Adapatation et mise en scène: Frédéric Bélanger. Une production du Théâtre Advienne que pourra. À la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 19 décembre 2013.