Dans Unknown Body, la chorégraphe Jocelyne Montpetit se fait et se défait par le prisme d’une danse réceptacle du monde. «Les danseurs sont des cadavres qui reprennent vie et dansent», disait Tatsumi Hijikata, le cofondateur du butô, avec lequel Jocelyne Montpetit a «fait ses classes» pendant quatre ans. Les interrogations métaphysiques de la danseuse, où la mort occupait une place importante, et sa rencontre avec le chorégraphe Min Tanaka l’avaient décidée à partir en quête de réponses au Japon.
Au début d’Unknown Body, la chorégraphe est couchée par terre sous un immense tableau outre-noir à la Pierre Soulages. Son corps blafard et presque nu s’anime peu à peu, parcouru de tressautements et convulsions. Par un effet d’optique, il semble léviter, émerger d’un liquide matriciel. Cette renaissance fait écho au début de La danseuse malade, œuvre phare de la chorégraphe.
Unknown Body est imprégné de l’expérience vécue par Jocelyne Montpetit alors qu’elle se mouvait sous l’objectif du photographe Paolo Porto dans les gravats de L’Aquila, ville italienne détruite par un tremblement de terre. Le bord du précipice, le fil du rasoir, Jocelyne Montpetit les connaissait déjà, pour avoir dansé sur les flancs d’un volcan et sous un typhon. Ces sentiments de grande vulnérabilité, cette tristesse indicible devant ce qui n’est plus, la chorégraphe qui travaille le mouvement de manière poreuse les reconstitue sur scène.
Par une danse de la transmutation enracinée dans le butô et le mime, elle rend hommage aux absents et aux défunts, inconnus ou non. Son visage se tord et se déforme, dans des cris poignants et silencieux, qui évoquent le Cri de Munch. Fascinée par Kafka dans sa jeunesse, elle naît, meurt et revient à la vie mille fois. Se métamorphosant en mille organismes, faisant le tour de la chaîne trophique, elle sculpte tout un écosystème bruissant de vie.
Sous les éclairages de Marc Parent, l’immense tableau change de couleur comme s’il réagissait aux transformations d’état de la danseuse. Jocelyne Montpetit s’est inspirée non seulement des reflets du noir-lumière de Soulages, mais aussi du travail avec la matière d’Anselm Kiefer. La musique de Masaru Soga, d’Arvo Pärt et de Bach, tour à tour solennelle et cristalline, participe à créer une œuvre immersive de douce transe, où Jocelyne Montpetit apprivoise la mort.
Unknown Body. Chorégraphie de Jocelyne Montpetit. Une production de Jocelyne Montpetit Danse. Au Théâtre de Quat’Sous jusqu’au 31 janvier 2014.
Dans Unknown Body, la chorégraphe Jocelyne Montpetit se fait et se défait par le prisme d’une danse réceptacle du monde. «Les danseurs sont des cadavres qui reprennent vie et dansent», disait Tatsumi Hijikata, le cofondateur du butô, avec lequel Jocelyne Montpetit a «fait ses classes» pendant quatre ans. Les interrogations métaphysiques de la danseuse, où la mort occupait une place importante, et sa rencontre avec le chorégraphe Min Tanaka l’avaient décidée à partir en quête de réponses au Japon.
Au début d’Unknown Body, la chorégraphe est couchée par terre sous un immense tableau outre-noir à la Pierre Soulages. Son corps blafard et presque nu s’anime peu à peu, parcouru de tressautements et convulsions. Par un effet d’optique, il semble léviter, émerger d’un liquide matriciel. Cette renaissance fait écho au début de La danseuse malade, œuvre phare de la chorégraphe.
Unknown Body est imprégné de l’expérience vécue par Jocelyne Montpetit alors qu’elle se mouvait sous l’objectif du photographe Paolo Porto dans les gravats de L’Aquila, ville italienne détruite par un tremblement de terre. Le bord du précipice, le fil du rasoir, Jocelyne Montpetit les connaissait déjà, pour avoir dansé sur les flancs d’un volcan et sous un typhon. Ces sentiments de grande vulnérabilité, cette tristesse indicible devant ce qui n’est plus, la chorégraphe qui travaille le mouvement de manière poreuse les reconstitue sur scène.
Par une danse de la transmutation enracinée dans le butô et le mime, elle rend hommage aux absents et aux défunts, inconnus ou non. Son visage se tord et se déforme, dans des cris poignants et silencieux, qui évoquent le Cri de Munch. Fascinée par Kafka dans sa jeunesse, elle naît, meurt et revient à la vie mille fois. Se métamorphosant en mille organismes, faisant le tour de la chaîne trophique, elle sculpte tout un écosystème bruissant de vie.
Sous les éclairages de Marc Parent, l’immense tableau change de couleur comme s’il réagissait aux transformations d’état de la danseuse. Jocelyne Montpetit s’est inspirée non seulement des reflets du noir-lumière de Soulages, mais aussi du travail avec la matière d’Anselm Kiefer. La musique de Masaru Soga, d’Arvo Pärt et de Bach, tour à tour solennelle et cristalline, participe à créer une œuvre immersive de douce transe, où Jocelyne Montpetit apprivoise la mort.
Unknown Body. Chorégraphie de Jocelyne Montpetit. Une production de Jocelyne Montpetit Danse. Au Théâtre de Quat’Sous jusqu’au 31 janvier 2014.