Sujet riche, inépuisable, voire insondable – où vide et profondeur, souvent, se confondent –, la famille en rupture de communication revient inlassablement sur nos scènes. Les coauteurs de Descendance, Dany Boudreault et Maxime Carbonneau, ce dernier aussi metteur en scène, ont voulu explorer ce thème à travers une soirée de fête du jour de l’An, tendue, où les sourires écorchent, où les mots blessent, où l’indifférence accable. L’idée n’est pas nouvelle, ces jeux de mensonge et de vérité des familles sont tentants pour les créateurs, qui parviennent ici, avec une solide équipe d’interprètes, à mettre la table pour une percutante déconstruction du mythe familial.
Cette année-là, le père, Luc, a eu envie de se servir de sa toute nouvelle caméra vidéo pour immortaliser la rencontre. Histoire de faire à sa famille de beaux souvenirs à se repasser. Alors qu’une tempête de neige s’abat sur la ville – «une sorte de Shawinigan» dit-on dans le programme –, tous se retrouvent comme en un huis-clos souricière. Geneviève, qui habite au-dessus de chez Luc, essaie d’organiser la fête en grognant. Suzanne, la tante pétillante et bavarde, s’amène deux heures avant le moment où on l’a conviée. Puis, arrive le fils qu’on n’attendait pas, Marc-André, «acteur» à L.A., et sa cousine Julie, enceinte, avec laquelle il semble y avoir une intimité trouble. Puis, la grand-mère fait son entrée, dans un silence assourdissant.
En composant une partition de répliques acérées, entremêlées et entrecoupées de silences, les coauteurs ont frappé juste dans un premier temps, en montrant cette famille réunie comme malgré elle pour une célébration obligatoire. Beaucoup de bêtises, d’éclats de rire forcés se terminent en non-dits, en malaises, créant une instabilité, une envie de comprendre ce qui se cache sous le faux vernis qu’on voudrait maintenir en place. Petit à petit, chacun dévoile ses failles, à travers les souvenirs du passé, évoqués, ramenés à l’envi par l’un ou par l’autre, martelés comme pour ouvrir ou couvrir de vieilles blessures. En ressort une immense détresse chez ces êtres solitaires.
Puis, la représentation bascule lorsque, en fin de soirée, quelqu’un lance l’idée de regarder la vidéo que Luc et les autres ont tourné durant la fête. Chaque personnage vient alors, à tour de rôle, exprimer sa vérité, vider son sac, régler ses comptes. Les personnages semblent, à partir de ce moment, perdre la dynamique familiale, et le spectacle s’alourdit tout à coup, passant de l’évocation au trop-dit. Les monologues s’étirent et distillent un certain ennui. Comme si on avait voulu trop boucler la boucle, ne rien laisser au hasard, à l’interprétation. Les comédiens (Martin Faucher, Annette Garant, Rachel Graton, Raphaëlle Lalande, Julien Lemire et Louise Turcot) se sont bien investis dans le travail, mais quelque chose ne semble pas fonctionner dans la structure de la pièce. On en ressort avec un sentiment mitigé, une impression de beaucoup de bruit sans véritable écho.
Descendance. Texte de Dany Boudreault et Maxime Carbonneau. Mise en scène de Maxime Carbonneau. Une production de La Messe basse. À la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 29 mars.
Sujet riche, inépuisable, voire insondable – où vide et profondeur, souvent, se confondent –, la famille en rupture de communication revient inlassablement sur nos scènes. Les coauteurs de Descendance, Dany Boudreault et Maxime Carbonneau, ce dernier aussi metteur en scène, ont voulu explorer ce thème à travers une soirée de fête du jour de l’An, tendue, où les sourires écorchent, où les mots blessent, où l’indifférence accable. L’idée n’est pas nouvelle, ces jeux de mensonge et de vérité des familles sont tentants pour les créateurs, qui parviennent ici, avec une solide équipe d’interprètes, à mettre la table pour une percutante déconstruction du mythe familial.
Cette année-là, le père, Luc, a eu envie de se servir de sa toute nouvelle caméra vidéo pour immortaliser la rencontre. Histoire de faire à sa famille de beaux souvenirs à se repasser. Alors qu’une tempête de neige s’abat sur la ville – «une sorte de Shawinigan» dit-on dans le programme –, tous se retrouvent comme en un huis-clos souricière. Geneviève, qui habite au-dessus de chez Luc, essaie d’organiser la fête en grognant. Suzanne, la tante pétillante et bavarde, s’amène deux heures avant le moment où on l’a conviée. Puis, arrive le fils qu’on n’attendait pas, Marc-André, «acteur» à L.A., et sa cousine Julie, enceinte, avec laquelle il semble y avoir une intimité trouble. Puis, la grand-mère fait son entrée, dans un silence assourdissant.
En composant une partition de répliques acérées, entremêlées et entrecoupées de silences, les coauteurs ont frappé juste dans un premier temps, en montrant cette famille réunie comme malgré elle pour une célébration obligatoire. Beaucoup de bêtises, d’éclats de rire forcés se terminent en non-dits, en malaises, créant une instabilité, une envie de comprendre ce qui se cache sous le faux vernis qu’on voudrait maintenir en place. Petit à petit, chacun dévoile ses failles, à travers les souvenirs du passé, évoqués, ramenés à l’envi par l’un ou par l’autre, martelés comme pour ouvrir ou couvrir de vieilles blessures. En ressort une immense détresse chez ces êtres solitaires.
Puis, la représentation bascule lorsque, en fin de soirée, quelqu’un lance l’idée de regarder la vidéo que Luc et les autres ont tourné durant la fête. Chaque personnage vient alors, à tour de rôle, exprimer sa vérité, vider son sac, régler ses comptes. Les personnages semblent, à partir de ce moment, perdre la dynamique familiale, et le spectacle s’alourdit tout à coup, passant de l’évocation au trop-dit. Les monologues s’étirent et distillent un certain ennui. Comme si on avait voulu trop boucler la boucle, ne rien laisser au hasard, à l’interprétation. Les comédiens (Martin Faucher, Annette Garant, Rachel Graton, Raphaëlle Lalande, Julien Lemire et Louise Turcot) se sont bien investis dans le travail, mais quelque chose ne semble pas fonctionner dans la structure de la pièce. On en ressort avec un sentiment mitigé, une impression de beaucoup de bruit sans véritable écho.
Descendance. Texte de Dany Boudreault et Maxime Carbonneau. Mise en scène de Maxime Carbonneau. Une production de La Messe basse. À la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 29 mars.