L’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal prend un risque calculé en présentant Hansel et Gretel, une œuvre pour toute la famille, sur une partition enlevante d’Engelbert Humperdinck, dans l’immense salle Wilfrid-Pelletier.
On reconnaîtra en quelques minutes la touche particulière du metteur en scène Hugo Bélanger qui a opté pour une relecture somme toute assez traditionnelle du conte, mais dans un écrin de décors inspirés, presque sublimés, d’Odile Gamache. Ici, pas de forêt touffue ou de maison en pain d’épice grandeur nature. Les arbres et même le pignon de la maison ont été remplacés par des pages de livres, invitant le spectateur à retrouver le plaisir de la lecture, l’imagination faisant le plus gros du travail.
On pourra par contre s’interroger sur la pertinence d’habiller Hansel – rôle déjà chanté par une femme – d’une culotte ample qui évoque plus la jupe que le pantalon, mais il faut admettre que l’esthétique des vêtements demeure en accord avec certaines gravures qui auraient pu illustrer des éditions originales de l’œuvre des frères Grimm.
Plusieurs choix de mise en scène se sont révélés particulièrement habiles, cette idée de contenir les premières scènes dans un espace central de la scène par exemple, comme si nous voyions une illustration s’animer. (Les plus vieux se rappelleront avec bonheur ces instants où la poupée Fanfreluche plongeait dans les livres pour influer sur le cours des contes.) Il faut aussi noter la narration en ombres chinoises lors de la conversation entre les parents ou l’apparition de la sorcière Grignote qui, alors qu’elle tente de séduire les enfants en arborant des allures disons moins effrayantes, semble s’être glissée dans une des pages.
Prometteuse, cette première collaboration avec l’École nationale de cirque ne s’est malheureusement pas avérée entièrement convaincante. On aurait voulu que ces instants soient porteurs de l’émerveillement le plus pur, plutôt qu’une série d’acrobaties somme toute assez peu spectaculaires, les artistes n’interagissant que très rarement entre eux. La conceptrice circassienne Veronica Melis s’est-elle sentie coincée par les limites de la scène ? Le temps de répétition était-il insuffisant pour mettre sur pied quelque chose de plus élaboré ? A-t-on eu peur de porter ombrage aux chanteurs ?
De son côté, la distribution vocale n’a démontré aucune réelle faiblesse, contrairement au petit contingent de musiciens de l’Orchestre métropolitain, pourtant bien encadrés par Alain Trudel. Si Rachèle Tremblay en sorcière manque un peu de mordant – difficile ici de détester cette sorcière qui refuse de laisser percer un filet de méchanceté dans son timbre –, on ne peut que saluer le velouté de la mezzo Emma Char en Hansel et la façon dont Cairan Ryan (que l’on avait déjà remarqué l’année dernière dans The Old Maid and the Thief de Menotti) occupe l’espace sonore en quelques notes à peine, sans oublier l’aisance scénique des deux interprètes des rôles-titres. Le chœur final est chanté avec une réelle conviction par des jeunes de la CSDM visiblement fiers de faire leurs premiers pas sur une scène aussi prestigieuse.
Malgré tout cela, on sort de la salle avec une impression d’inachevé, que tout cela aurait pu être formidable si seulement…
Hansel et Gretel
Livret : Adelheid Wette, d’après le conte des frères Grimm. Musique : Engelbert Humperdinck. Une présentation de L’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, en collaboration avec l’École nationale de théâtre et l’École nationale de cirque. À la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts jusqu’au 29 mars 2014.
L’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal prend un risque calculé en présentant Hansel et Gretel, une œuvre pour toute la famille, sur une partition enlevante d’Engelbert Humperdinck, dans l’immense salle Wilfrid-Pelletier.
On reconnaîtra en quelques minutes la touche particulière du metteur en scène Hugo Bélanger qui a opté pour une relecture somme toute assez traditionnelle du conte, mais dans un écrin de décors inspirés, presque sublimés, d’Odile Gamache. Ici, pas de forêt touffue ou de maison en pain d’épice grandeur nature. Les arbres et même le pignon de la maison ont été remplacés par des pages de livres, invitant le spectateur à retrouver le plaisir de la lecture, l’imagination faisant le plus gros du travail.
On pourra par contre s’interroger sur la pertinence d’habiller Hansel – rôle déjà chanté par une femme – d’une culotte ample qui évoque plus la jupe que le pantalon, mais il faut admettre que l’esthétique des vêtements demeure en accord avec certaines gravures qui auraient pu illustrer des éditions originales de l’œuvre des frères Grimm.
Plusieurs choix de mise en scène se sont révélés particulièrement habiles, cette idée de contenir les premières scènes dans un espace central de la scène par exemple, comme si nous voyions une illustration s’animer. (Les plus vieux se rappelleront avec bonheur ces instants où la poupée Fanfreluche plongeait dans les livres pour influer sur le cours des contes.) Il faut aussi noter la narration en ombres chinoises lors de la conversation entre les parents ou l’apparition de la sorcière Grignote qui, alors qu’elle tente de séduire les enfants en arborant des allures disons moins effrayantes, semble s’être glissée dans une des pages.
Prometteuse, cette première collaboration avec l’École nationale de cirque ne s’est malheureusement pas avérée entièrement convaincante. On aurait voulu que ces instants soient porteurs de l’émerveillement le plus pur, plutôt qu’une série d’acrobaties somme toute assez peu spectaculaires, les artistes n’interagissant que très rarement entre eux. La conceptrice circassienne Veronica Melis s’est-elle sentie coincée par les limites de la scène ? Le temps de répétition était-il insuffisant pour mettre sur pied quelque chose de plus élaboré ? A-t-on eu peur de porter ombrage aux chanteurs ?
De son côté, la distribution vocale n’a démontré aucune réelle faiblesse, contrairement au petit contingent de musiciens de l’Orchestre métropolitain, pourtant bien encadrés par Alain Trudel. Si Rachèle Tremblay en sorcière manque un peu de mordant – difficile ici de détester cette sorcière qui refuse de laisser percer un filet de méchanceté dans son timbre –, on ne peut que saluer le velouté de la mezzo Emma Char en Hansel et la façon dont Cairan Ryan (que l’on avait déjà remarqué l’année dernière dans The Old Maid and the Thief de Menotti) occupe l’espace sonore en quelques notes à peine, sans oublier l’aisance scénique des deux interprètes des rôles-titres. Le chœur final est chanté avec une réelle conviction par des jeunes de la CSDM visiblement fiers de faire leurs premiers pas sur une scène aussi prestigieuse.
Malgré tout cela, on sort de la salle avec une impression d’inachevé, que tout cela aurait pu être formidable si seulement…
Hansel et Gretel
Livret : Adelheid Wette, d’après le conte des frères Grimm. Musique : Engelbert Humperdinck. Une présentation de L’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, en collaboration avec l’École nationale de théâtre et l’École nationale de cirque. À la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts jusqu’au 29 mars 2014.