Le Périple raconte l’histoire d’Antonios Zacharie, immigrant libanais qui prend racine à Tadoussac, où il trouve femme et pays pour y fonder une famille nombreuse. Ce conte philosophique sur fond de poésie et imagerie populaire s’inscrit dans les récits de la micro-histoire, marque de commerce de l’Ubus Théâtre. C’est que du récit de vie d’un individu surgit la grande histoire, celle qui justement pousse les hommes dans leur errance et leur débordement.
Aucune distraction n’égare les 32 passagers du bus jaune embarqués pour ce périple. Lorsque les lumières s’éteignent, tous les regards convergent vers la table lumineuse où les arabesques de sable évoquent des paysages furtifs. Un grain de sable, projeté d’une étoile lointaine et échoué sur terre, devient l’image symbolique de l’âme vagabonde du héros. Ce grain de sable, surgi dans les encoignures de la narration, vient illuminer les petites et grandes sagesses de cet homme simple et bon, s’alimentant aux beautés du monde où se cache un dieu innommé mais toujours présent.
Et cette leçon de chose se déroule dans un envoûtement serein, porté par les marionnettes et la scène lumineuse et ensablée. Dans une superbe concision des voix et des lumières, dans la symbiose entre les marionnettes et leurs manipulateurs, dans la séduisante trame sonore, se déploie la magie de l’émerveillement. Car c’est de cela qu’il s’agit, raconter une histoire, somme toute banale, sans éclats spectaculaires, sans grands moments héroïques et pourtant tout empreinte d’amour, de générosité, de sensibilité envers le vivant.
Les personnages écrits par Agnès Zacharie, inspirés de personnes réelles, se dévoilent par petites touches, par bribes subtiles et touchantes. Nous sommes émus par ce texte resserré où rien ne manque et rien ne déborde. Et pourtant, sourdent de ces petits moments une clarté et, surtout, une profonde humanité, qui fait dire à cette vieille musicienne du Cirque de Moscou, abandonnée et mourante à Paris: «Donc je ne suis pas sourde, ce sont les autres qui sont muets.» Bel exemple d’inversion de notre vision du monde pour instiller l’espoir et la sérénité. Et les petits gestes posés par Antonios Zacharie, c’est par eux que l’homme se fait: un mensonge, une leçon de vie sur fond de subterfuge, une action déraisonnable, bref, l’apprentissage de la survie sur fond d’hommerie et de poésie.
Ce long et pourtant trop bref Périple opère comme une étoile filante. Toute une vie condensée en ses moments phares, en quelques phrases étincelantes, en anecdotes déterminantes, offre aux spectateurs un grand moment de tendresse, une détente dans les horreurs du monde. Pour qui veut se réconcilier avec les beautés de la vie, Le Périple agit comme une panacée. Ce spectacle porte bien ses dix ans et souhaitons-lui encore longue vie, à bord de son autobus jaune, sur les routes du monde.
Texte: Agnès Zacharie. Mise en scène: Martin Genest. Une production d’Ubus Théâtre. Au Périscope jusqu’au 20 septembre 2014. Présenté par Casteliers, dans l’autobus de l’Ubus Théâtre, derrière le CCI (999 avenue McEachran, Outremont), le samedi 18 novembre et le dimanche 19 novembre 2017 à 11h et 13h.
Le Périple raconte l’histoire d’Antonios Zacharie, immigrant libanais qui prend racine à Tadoussac, où il trouve femme et pays pour y fonder une famille nombreuse. Ce conte philosophique sur fond de poésie et imagerie populaire s’inscrit dans les récits de la micro-histoire, marque de commerce de l’Ubus Théâtre. C’est que du récit de vie d’un individu surgit la grande histoire, celle qui justement pousse les hommes dans leur errance et leur débordement.
Aucune distraction n’égare les 32 passagers du bus jaune embarqués pour ce périple. Lorsque les lumières s’éteignent, tous les regards convergent vers la table lumineuse où les arabesques de sable évoquent des paysages furtifs. Un grain de sable, projeté d’une étoile lointaine et échoué sur terre, devient l’image symbolique de l’âme vagabonde du héros. Ce grain de sable, surgi dans les encoignures de la narration, vient illuminer les petites et grandes sagesses de cet homme simple et bon, s’alimentant aux beautés du monde où se cache un dieu innommé mais toujours présent.
Et cette leçon de chose se déroule dans un envoûtement serein, porté par les marionnettes et la scène lumineuse et ensablée. Dans une superbe concision des voix et des lumières, dans la symbiose entre les marionnettes et leurs manipulateurs, dans la séduisante trame sonore, se déploie la magie de l’émerveillement. Car c’est de cela qu’il s’agit, raconter une histoire, somme toute banale, sans éclats spectaculaires, sans grands moments héroïques et pourtant tout empreinte d’amour, de générosité, de sensibilité envers le vivant.
Les personnages écrits par Agnès Zacharie, inspirés de personnes réelles, se dévoilent par petites touches, par bribes subtiles et touchantes. Nous sommes émus par ce texte resserré où rien ne manque et rien ne déborde. Et pourtant, sourdent de ces petits moments une clarté et, surtout, une profonde humanité, qui fait dire à cette vieille musicienne du Cirque de Moscou, abandonnée et mourante à Paris: «Donc je ne suis pas sourde, ce sont les autres qui sont muets.» Bel exemple d’inversion de notre vision du monde pour instiller l’espoir et la sérénité. Et les petits gestes posés par Antonios Zacharie, c’est par eux que l’homme se fait: un mensonge, une leçon de vie sur fond de subterfuge, une action déraisonnable, bref, l’apprentissage de la survie sur fond d’hommerie et de poésie.
Ce long et pourtant trop bref Périple opère comme une étoile filante. Toute une vie condensée en ses moments phares, en quelques phrases étincelantes, en anecdotes déterminantes, offre aux spectateurs un grand moment de tendresse, une détente dans les horreurs du monde. Pour qui veut se réconcilier avec les beautés de la vie, Le Périple agit comme une panacée. Ce spectacle porte bien ses dix ans et souhaitons-lui encore longue vie, à bord de son autobus jaune, sur les routes du monde.
Le Périple
Texte: Agnès Zacharie. Mise en scène: Martin Genest. Une production d’Ubus Théâtre. Au Périscope jusqu’au 20 septembre 2014. Présenté par Casteliers, dans l’autobus de l’Ubus Théâtre, derrière le CCI (999 avenue McEachran, Outremont), le samedi 18 novembre et le dimanche 19 novembre 2017 à 11h et 13h.