Protéiforme par sa nature même, What Happened to the Seeker? laisse perplexe. Si on ne peut que saluer son côté bricolé, on se retrouve, une fois à l’air libre, avec une impression que l’objet proposé par Nadia Rosse et STO Union nous a glissé des doigts, de ne pas savoir s’il fallait prendre la chose au premier ou au énième degré.
La soirée est scindée en trois segments distincts : un déambulatoire (lui-même en trois temps), un film tourné en Inde et l’apparition – enfin – de la Seeker, au mitan de sa vie, qui se demande s’il est encore possible de trouver l’« illumination », comme – ou en porte-à-faux – ces chercheurs de sens qui sillonnaient les routes de l’Inde au moment de sa naissance.
L’exposition d’objets lui ayant appartenu se révèle particulièrement fascinante pour entrer dans l’univers du personnage de façon détournée. On peut ainsi se faire un théâtre d’ombres avec les formes découpées de deux monstres et d’une petite fille (première fissure dans l’histoire de la Seeker), lire les légendes derrière une douzaine de cartes postales (« preuves » de relations passées), feuilleter des couvertures de livres de psycho-pop, faire chanter un bol ou tinter des clochettes, se voir offrir un câlin.
Le segment audio, dans lequel Nadia Ross échange avec son complice George Acheson sur leurs expériences de recherche à quelques dizaines d’années d’écart, doublé d’une vraie/fausse invitation à la méditation et au lâcher-prise (difficile de se dissocier entièrement des mouvements et bruits générés par ceux qui manipulent au même moment les objets), convainc beaucoup moins.
Quand on visionne après un film d’animation (des marionnettes en papier mâché représentant Nadia, George et Sarah Conn) qui relate la genèse du projet, verre de popcorn à la main, on s’interroge sur le sens caché de tout cela. Le côté moutons de Panurge de l’opération (chaque groupe suit sagement son hôtesse au foulard bleu) doit-il être considéré comme une piste nous permettant de nous affranchir d’une pensée collective? Les commentaires futiles fusaient, augmentant le sentiment de décalage. Comment tout ceci s’inscrit-il dans notre quête?
Le film sur grand écran n’apporte que bien peu de réponses. On nous gave d’images, nous démontre la commercialisation de la quête de sens, juxtapose à un entretien avec une Irlandaise l’abattage brutal de cocotiers, nous laissant avec une impression de tourner en rond, comme ces fidèles faisant osciller un objet sacré dans leur main.
Et puis, tout à coup, par un troublant subterfuge, tout bascule quand Nadia Ross paraît. Quelques secondes suffisent pour que nous devenions captifs de sa voix, de son indéniable présence (alors qu’elle est tout simplement assise devant un micro). Celle qui évoque le théâtre classique comme moribond dans le programme de soirée nous ramène à la base même de cette forme d’expression –, et ce, en dépit des avertissements répétés du George de papier mâché : « Stop calling it a play, I really hate the theatre! »
Et si, depuis le début de la soirée – de notre processus de recherche personnelle par extension –, nous n’aspirions qu’à retrouver cette épiphanie originelle, ce moment où, pour la première fois, dans une salle sombre, nous avons attendu que la magie du théâtre s’installe…
What happened to the seeker ?
Conception et mise en scène de Nadia Ross, en collaboration avec George Acheson, Sarah Conn et Rob Scott. Une production de Sto Union. Présenté au Théâtre Prospero, dans le cadre du FTA, jusqu’au 29 mai 2015.
Protéiforme par sa nature même, What Happened to the Seeker? laisse perplexe. Si on ne peut que saluer son côté bricolé, on se retrouve, une fois à l’air libre, avec une impression que l’objet proposé par Nadia Rosse et STO Union nous a glissé des doigts, de ne pas savoir s’il fallait prendre la chose au premier ou au énième degré.
La soirée est scindée en trois segments distincts : un déambulatoire (lui-même en trois temps), un film tourné en Inde et l’apparition – enfin – de la Seeker, au mitan de sa vie, qui se demande s’il est encore possible de trouver l’« illumination », comme – ou en porte-à-faux – ces chercheurs de sens qui sillonnaient les routes de l’Inde au moment de sa naissance.
L’exposition d’objets lui ayant appartenu se révèle particulièrement fascinante pour entrer dans l’univers du personnage de façon détournée. On peut ainsi se faire un théâtre d’ombres avec les formes découpées de deux monstres et d’une petite fille (première fissure dans l’histoire de la Seeker), lire les légendes derrière une douzaine de cartes postales (« preuves » de relations passées), feuilleter des couvertures de livres de psycho-pop, faire chanter un bol ou tinter des clochettes, se voir offrir un câlin.
Le segment audio, dans lequel Nadia Ross échange avec son complice George Acheson sur leurs expériences de recherche à quelques dizaines d’années d’écart, doublé d’une vraie/fausse invitation à la méditation et au lâcher-prise (difficile de se dissocier entièrement des mouvements et bruits générés par ceux qui manipulent au même moment les objets), convainc beaucoup moins.
Quand on visionne après un film d’animation (des marionnettes en papier mâché représentant Nadia, George et Sarah Conn) qui relate la genèse du projet, verre de popcorn à la main, on s’interroge sur le sens caché de tout cela. Le côté moutons de Panurge de l’opération (chaque groupe suit sagement son hôtesse au foulard bleu) doit-il être considéré comme une piste nous permettant de nous affranchir d’une pensée collective? Les commentaires futiles fusaient, augmentant le sentiment de décalage. Comment tout ceci s’inscrit-il dans notre quête?
Le film sur grand écran n’apporte que bien peu de réponses. On nous gave d’images, nous démontre la commercialisation de la quête de sens, juxtapose à un entretien avec une Irlandaise l’abattage brutal de cocotiers, nous laissant avec une impression de tourner en rond, comme ces fidèles faisant osciller un objet sacré dans leur main.
Et puis, tout à coup, par un troublant subterfuge, tout bascule quand Nadia Ross paraît. Quelques secondes suffisent pour que nous devenions captifs de sa voix, de son indéniable présence (alors qu’elle est tout simplement assise devant un micro). Celle qui évoque le théâtre classique comme moribond dans le programme de soirée nous ramène à la base même de cette forme d’expression –, et ce, en dépit des avertissements répétés du George de papier mâché : « Stop calling it a play, I really hate the theatre! »
Et si, depuis le début de la soirée – de notre processus de recherche personnelle par extension –, nous n’aspirions qu’à retrouver cette épiphanie originelle, ce moment où, pour la première fois, dans une salle sombre, nous avons attendu que la magie du théâtre s’installe…
What happened to the seeker ?
Conception et mise en scène de Nadia Ross, en collaboration avec George Acheson, Sarah Conn et Rob Scott. Une production de Sto Union. Présenté au Théâtre Prospero, dans le cadre du FTA, jusqu’au 29 mai 2015.