Le Cirque Alfonse, sympathique groupe de Saint-Alphonse-Rodriguez, dans Lanaudière, a pris son nom de sa municipalité d’origine, ce qui, déjà, lui donne un air paysan. Pour renforcer cette appartenance au terroir et s’inscrire davantage à contre-courant des modes urbaines où le crâne s’exhibe plutôt glabre et les membres épilés, les quatre piliers de la troupe arborent des barbes abondantes et cultivent l’allure virile. Virile mais pas machiste : ils n’hésitent pas à se faire littéralement déculotter pour un bon gag.
Leur spectacle inaugural, Timber !, a déjà fait le tour du monde – je l’ai vu dans le programme du Festival de Taïwan. Il nous situait dans un camp de bûcherons, où les accessoires des tours d’adresse étaient des billots, des haches et des troncs d’arbre. Avec Barbu, du moins à l’Olympia, on se trouve dans une salle aménagée en formule cabaret, avec des tables (donc des consommations) entourant une piste surélevée, et, de chaque côté de la salle, un grand écran montrant des scènes de nature (plantes, vagues, un hamster qui se lèche sur un miroir, et à la fin, des barbus s’ébrouant nus dans un lac).
Prendre un verre de bière…
Dès l’entrée au théâtre, on offre un premier gobelet de bière à chaque spectateur, histoire de l’inciter à en consommer d’autres. Plus tard, on vendra même des shooters à 3$ pour un tirage en vue de choisir le spectateur qui pourra entarter un des participants du spectacle, le souffre-douleur de la troupe. Et pour pousser la métaphore alcoolisée, les barbus n’hésiteront pas à faire tournoyer un baril de bière avant de l’ouvrir pour en faire gicler le précieux liquide, à boire un shooter ou à vider quelques bouteilles de bière entamées par des spectateurs en se répandant dans la salle. Cela, heureusement, arrive vers la fin du spectacle.
Le participant qui finira entarté – une espèce de gourou servant de faire-valoir aux quatre barbus –, revient périodiquement faire des tours de magie miteux (comme le dit le programme), parfois ratés, en marmonnant sentencieusement. Il y a aussi deux femmes, athlétiques et adroites, que les hommes font tournoyer ou lancent en l’air comme des balles consentantes. Pour soutenir le tout : un orchestre composé d’une musicienne et de deux musiciens au visage pileux (cela semble être la règle), dont un surtout chante divinement des chansons du folklore québécois.
Adresse et humour
L’ensemble du spectacle est ainsi constitué d’une suite de numéros inégaux témoignant d’une grande virtuosité dans la jonglerie, d’une réelle adresse dans l’acrobatie, d’une force physique bien maîtrisée, et surtout, d’un humour bien apprécié du public. Le problème, c’est que dans cette empilage de tours plutôt bien exécutés (mais les quelques ratages sont récupérés par l’autodérision et amplifiés par l’orchestre), on cherche un sens, qui fait regretter les 7 doigts de la main.
Un mot sur le programme, plutôt spirituel, où chaque membre de la troupe se présente de façon farfelue, en français et en anglais, tournant autour des poils. Lucas Jolly dit être né d’une mère cantatrice presque chauve. En anglais, cela devrait se traduire par « an almost bald soprano », si l’on entend conserver l’allusion à la pièce d’Ionesco.
Une production du Cirque Alfonse. Au Théâtre l’Olympia, à l’occasion du festival Montréal Complètement Cirque, jusqu’au 12 juillet 2015.
Le Cirque Alfonse, sympathique groupe de Saint-Alphonse-Rodriguez, dans Lanaudière, a pris son nom de sa municipalité d’origine, ce qui, déjà, lui donne un air paysan. Pour renforcer cette appartenance au terroir et s’inscrire davantage à contre-courant des modes urbaines où le crâne s’exhibe plutôt glabre et les membres épilés, les quatre piliers de la troupe arborent des barbes abondantes et cultivent l’allure virile. Virile mais pas machiste : ils n’hésitent pas à se faire littéralement déculotter pour un bon gag.
Leur spectacle inaugural, Timber !, a déjà fait le tour du monde – je l’ai vu dans le programme du Festival de Taïwan. Il nous situait dans un camp de bûcherons, où les accessoires des tours d’adresse étaient des billots, des haches et des troncs d’arbre. Avec Barbu, du moins à l’Olympia, on se trouve dans une salle aménagée en formule cabaret, avec des tables (donc des consommations) entourant une piste surélevée, et, de chaque côté de la salle, un grand écran montrant des scènes de nature (plantes, vagues, un hamster qui se lèche sur un miroir, et à la fin, des barbus s’ébrouant nus dans un lac).
Dès l’entrée au théâtre, on offre un premier gobelet de bière à chaque spectateur, histoire de l’inciter à en consommer d’autres. Plus tard, on vendra même des shooters à 3$ pour un tirage en vue de choisir le spectateur qui pourra entarter un des participants du spectacle, le souffre-douleur de la troupe. Et pour pousser la métaphore alcoolisée, les barbus n’hésiteront pas à faire tournoyer un baril de bière avant de l’ouvrir pour en faire gicler le précieux liquide, à boire un shooter ou à vider quelques bouteilles de bière entamées par des spectateurs en se répandant dans la salle. Cela, heureusement, arrive vers la fin du spectacle.
Le participant qui finira entarté – une espèce de gourou servant de faire-valoir aux quatre barbus –, revient périodiquement faire des tours de magie miteux (comme le dit le programme), parfois ratés, en marmonnant sentencieusement. Il y a aussi deux femmes, athlétiques et adroites, que les hommes font tournoyer ou lancent en l’air comme des balles consentantes. Pour soutenir le tout : un orchestre composé d’une musicienne et de deux musiciens au visage pileux (cela semble être la règle), dont un surtout chante divinement des chansons du folklore québécois.
L’ensemble du spectacle est ainsi constitué d’une suite de numéros inégaux témoignant d’une grande virtuosité dans la jonglerie, d’une réelle adresse dans l’acrobatie, d’une force physique bien maîtrisée, et surtout, d’un humour bien apprécié du public. Le problème, c’est que dans cette empilage de tours plutôt bien exécutés (mais les quelques ratages sont récupérés par l’autodérision et amplifiés par l’orchestre), on cherche un sens, qui fait regretter les 7 doigts de la main.
Un mot sur le programme, plutôt spirituel, où chaque membre de la troupe se présente de façon farfelue, en français et en anglais, tournant autour des poils. Lucas Jolly dit être né d’une mère cantatrice presque chauve. En anglais, cela devrait se traduire par « an almost bald soprano », si l’on entend conserver l’allusion à la pièce d’Ionesco.
Barbu
Une production du Cirque Alfonse. Au Théâtre l’Olympia, à l’occasion du festival Montréal Complètement Cirque, jusqu’au 12 juillet 2015.