La ruelle est un espace riche en possibilités. Entre l’ombre et la lumière, l’intérieur et l’extérieur, l’intime et le public, on peut y voir se déployer l’amour aussi bien que la haine. On y observe. On y est observé. Pas de doute, la ruelle est une scène en soi.
En entrant dans la salle, on pense à Zone, le drame de Marcel Dubé. À West Side Story, le film musical de Jerome Robbins et Robert Wise. Sans oublier Rear Window, le suspense d’Alfred Hitchcock. C’est sans nul doute à tout cela que Jeffrey Hall, précieux collaborateur de Carbone 14 dans les années 90, a voulu rendre hommage avec Ruelle, le spectacle qui était créé hier à l’occasion du festival Montréal Complètement Cirque.
Problèmes dramaturgiques
Pendant 70 minutes, dix jeunes interprètes racontent, à coup d’acrobaties, de danses et de chansons, l’histoire d’une cour arrière. Balcons, escaliers en colimaçon, cordes à linge… tout est propice à l’exploit et à la beauté. Le hic, c’est que le récit est pour le moment si fragmentaire, si décousu, pour ne pas dire contradictoire, qu’on s’y retrouve assez peu.
C’est qu’on passe de la naïveté au tragique sans crier gare, de l’harmonie à l’acrimonie sans qu’on sache de quoi il en retourne. Disons que le spectacle, qui en est encore à un premier stade de création, nécessite des clarifications dramaturgiques importantes. Sans parler du rythme, qui pourrait être resserré ici et là. Les séquences tirées de Rear Window sont trop longues et les projections vidéo latérales paraissent superflues.
Comédie musicale
Cela dit, le spectacle, qui a la qualité, tout en étant franchement circassien, de faire la part belle à la danse, à la musique et au chant, est porté par l’énergie peu commune de ses interprètes. Par moments, quand la troupe habite l’ensemble de la structure étagée, que les mouvements se font brillamment écho, la « comédie musicale » est d’un dynamisme contagieux.
Le plus beau, le plus émouvant, ce qui devrait probablement davantage façonner la représentation, c’est l’histoire d’amour entre cet homme diminué, privé de l’usage de ses jambes, et cette femme ingénue, pas tout à fait comme les autres, toute de rouge vêtue. La nuit, les amoureux semblent libérés des contraintes physiques et sociales, capables de rêver à l’unisson, prêts à s’envoler.
Les duos d’Ugo Laffolay et Marie-Élaine Thibert sont parmi les plus beaux moments de la soirée. L’acrobate d’origine française, formé à l’École nationale de cirque, est aussi souple que fort et massif. Quant à la menue chanteuse, elle a fait ses devoirs. Jamais à la remorque des autres, jamais décorative, elle est tout à fait à sa place dans cet univers où plusieurs ne l’attendaient pas.
Concept, scénario et metteur en scène : Jeffrey Hall. Avec : William Bonnet, Spencer Craig, Bailey Eng, Jonathan Fortin, Simon Fournier, Laura Lippert, Nadine Louis, Marie-Maude Sabourin-Laflamme, Olivier Sylvestre et Marie-Élaine Thibert. Une coproduction de HallWay Productions et Y2D Productions. Présenté à l’Usine C, à l’occasion du festival Montréal Complètement Cirque, jusqu’au 9 juillet 2015.
La ruelle est un espace riche en possibilités. Entre l’ombre et la lumière, l’intérieur et l’extérieur, l’intime et le public, on peut y voir se déployer l’amour aussi bien que la haine. On y observe. On y est observé. Pas de doute, la ruelle est une scène en soi.
En entrant dans la salle, on pense à Zone, le drame de Marcel Dubé. À West Side Story, le film musical de Jerome Robbins et Robert Wise. Sans oublier Rear Window, le suspense d’Alfred Hitchcock. C’est sans nul doute à tout cela que Jeffrey Hall, précieux collaborateur de Carbone 14 dans les années 90, a voulu rendre hommage avec Ruelle, le spectacle qui était créé hier à l’occasion du festival Montréal Complètement Cirque.
Problèmes dramaturgiques
Pendant 70 minutes, dix jeunes interprètes racontent, à coup d’acrobaties, de danses et de chansons, l’histoire d’une cour arrière. Balcons, escaliers en colimaçon, cordes à linge… tout est propice à l’exploit et à la beauté. Le hic, c’est que le récit est pour le moment si fragmentaire, si décousu, pour ne pas dire contradictoire, qu’on s’y retrouve assez peu.
C’est qu’on passe de la naïveté au tragique sans crier gare, de l’harmonie à l’acrimonie sans qu’on sache de quoi il en retourne. Disons que le spectacle, qui en est encore à un premier stade de création, nécessite des clarifications dramaturgiques importantes. Sans parler du rythme, qui pourrait être resserré ici et là. Les séquences tirées de Rear Window sont trop longues et les projections vidéo latérales paraissent superflues.
Comédie musicale
Cela dit, le spectacle, qui a la qualité, tout en étant franchement circassien, de faire la part belle à la danse, à la musique et au chant, est porté par l’énergie peu commune de ses interprètes. Par moments, quand la troupe habite l’ensemble de la structure étagée, que les mouvements se font brillamment écho, la « comédie musicale » est d’un dynamisme contagieux.
Le plus beau, le plus émouvant, ce qui devrait probablement davantage façonner la représentation, c’est l’histoire d’amour entre cet homme diminué, privé de l’usage de ses jambes, et cette femme ingénue, pas tout à fait comme les autres, toute de rouge vêtue. La nuit, les amoureux semblent libérés des contraintes physiques et sociales, capables de rêver à l’unisson, prêts à s’envoler.
Les duos d’Ugo Laffolay et Marie-Élaine Thibert sont parmi les plus beaux moments de la soirée. L’acrobate d’origine française, formé à l’École nationale de cirque, est aussi souple que fort et massif. Quant à la menue chanteuse, elle a fait ses devoirs. Jamais à la remorque des autres, jamais décorative, elle est tout à fait à sa place dans cet univers où plusieurs ne l’attendaient pas.
Ruelle
Concept, scénario et metteur en scène : Jeffrey Hall. Avec : William Bonnet, Spencer Craig, Bailey Eng, Jonathan Fortin, Simon Fournier, Laura Lippert, Nadine Louis, Marie-Maude Sabourin-Laflamme, Olivier Sylvestre et Marie-Élaine Thibert. Une coproduction de HallWay Productions et Y2D Productions. Présenté à l’Usine C, à l’occasion du festival Montréal Complètement Cirque, jusqu’au 9 juillet 2015.