Au cœur de la démarche artistique de Pirata Théâtre, il y a cette volonté d’intégrer dans ses créations des non-acteurs. Avec Album de finissants, cela donnait un spectacle dynamique, réglé au quart de tour avec une vingtaine de participants sur scène dont seulement six acteurs professionnels.
Pour Les Bienheureux, septième production depuis 2009, Pirata Théâtre reprend sensiblement la même formule avec, cette fois, 11 participants issus du Centre de réadaptation en dépendance de Montréal (CRDM), cinq comédiens professionnels et un résultat beaucoup moins heureux. En effet, si l’entreprise est audacieuse et la démarche noble, la pièce jouée aux Écuries manque cruellement de poésie et de grâce.
Le collectif de création a passé plus de 2 500 heures avec les usagers du centre, certains participants que l’on retrouve sur scène se sont impliqués depuis le début du projet. Les créateurs se sont inspirés de ces rencontres de groupes pour dépendants pour en recréer une sur scène, en disposant 14 chaises en demi cercle. Dès le départ, les participants affichent un sourire plaqué, sous entendant qu’il n’y a rien de vrai dans ces groupes de motivation. Le ton se veut parodique et ironique, sans creuser plus à fond le sujet. Tous les slogans de psycho pop, jusqu’à la vidéo Just do it de Shia Labeouf, ainsi mis bout à bout finissent par sonner creux.
Dans cet excès de positivisme, les participants ont l’air de cobayes infantilisés, voire lobotomisés ou sur-médicamentés. L’auteur, Olivier Sylvestre, ne prend pas position. On en reste au constat : les nouveaux marchands de bonheur sont aujourd’hui sur YouTube ! Y retrouve-t-on plus de charlatans qu’avant ou cela ne les rend-il pas plus accessibles ? Ces groupes de relation d’aide sont-ils tous aussi mauvais ? Peut-on y trouver des cas de réussite ?
Depuis quelques années, on constate un mouvement vers la communauté, soit en s’inspirant du récit de personnages qui sont bien loin du théâtre, soit en leur donnant une place significative dans le processus de création ou en les invitant à jouer sur scène. C’est ce que fait la metteure en scène et dramaturge Michelle Parent. Comment mettre en situation de jeu des non-acteurs pour que leur présence en scène soit relevée ? Chaque individu a des qualités et des forces et c’est le rôle du metteur en scène de les utiliser, tout comme il le ferait avec des acteurs professionnels. Dans ce cas-ci, le texte n’aide pas, ce qui fait que même les acteurs professionnels semblent maladroits.
Il y a, dans Les Bienheureux, quelques bons moments qu’il faut souligner. Ainsi, quand Brian interprète la chanson Smile, sur une musique de Charlie Chaplin, ou que l’on reprend en chantant les paroles d’une vidéo où l’on entend un illuminé s’extasier devant un arc-en-ciel. Tous ces vidéoclips projetés sur les 11 écrans sont bien trouvés : de la jeune noire avec un top ultra sexy, jusqu’à la petite boulotte qui hurle à chaque fois qu’elle rate sa note. Ces clips servent parfois même d’accompagnement musical, comme celui de cet inénarrable chanteur de charme d’une autre époque, qui revient en leitmotiv appuyer la thématique de cette pièce où tout doit bien aller, peu importe les malheurs où les souffrances.
Rien de neuf, donc, dans ce regard posé sur les groupes de discussions, de thérapie ou de motivation, sinon que les nouveaux mentors nous viennent des réseaux sociaux, les motivateurs se servent des réseaux en ligne pour diffuser leur bonne parole, en moins de 140 caractères, ou dans des clips, en espérant cumuler le plus de clics possible.
Texte d’Olivier Sylvestre et les interprètes. Mise en scène de Michelle Parent. Une production de Pirata Théâtre. Aux Écuries jusqu’au 23 janvier 2016.
Au cœur de la démarche artistique de Pirata Théâtre, il y a cette volonté d’intégrer dans ses créations des non-acteurs. Avec Album de finissants, cela donnait un spectacle dynamique, réglé au quart de tour avec une vingtaine de participants sur scène dont seulement six acteurs professionnels.
Pour Les Bienheureux, septième production depuis 2009, Pirata Théâtre reprend sensiblement la même formule avec, cette fois, 11 participants issus du Centre de réadaptation en dépendance de Montréal (CRDM), cinq comédiens professionnels et un résultat beaucoup moins heureux. En effet, si l’entreprise est audacieuse et la démarche noble, la pièce jouée aux Écuries manque cruellement de poésie et de grâce.
Le collectif de création a passé plus de 2 500 heures avec les usagers du centre, certains participants que l’on retrouve sur scène se sont impliqués depuis le début du projet. Les créateurs se sont inspirés de ces rencontres de groupes pour dépendants pour en recréer une sur scène, en disposant 14 chaises en demi cercle. Dès le départ, les participants affichent un sourire plaqué, sous entendant qu’il n’y a rien de vrai dans ces groupes de motivation. Le ton se veut parodique et ironique, sans creuser plus à fond le sujet. Tous les slogans de psycho pop, jusqu’à la vidéo Just do it de Shia Labeouf, ainsi mis bout à bout finissent par sonner creux.
Dans cet excès de positivisme, les participants ont l’air de cobayes infantilisés, voire lobotomisés ou sur-médicamentés. L’auteur, Olivier Sylvestre, ne prend pas position. On en reste au constat : les nouveaux marchands de bonheur sont aujourd’hui sur YouTube ! Y retrouve-t-on plus de charlatans qu’avant ou cela ne les rend-il pas plus accessibles ? Ces groupes de relation d’aide sont-ils tous aussi mauvais ? Peut-on y trouver des cas de réussite ?
Depuis quelques années, on constate un mouvement vers la communauté, soit en s’inspirant du récit de personnages qui sont bien loin du théâtre, soit en leur donnant une place significative dans le processus de création ou en les invitant à jouer sur scène. C’est ce que fait la metteure en scène et dramaturge Michelle Parent. Comment mettre en situation de jeu des non-acteurs pour que leur présence en scène soit relevée ? Chaque individu a des qualités et des forces et c’est le rôle du metteur en scène de les utiliser, tout comme il le ferait avec des acteurs professionnels. Dans ce cas-ci, le texte n’aide pas, ce qui fait que même les acteurs professionnels semblent maladroits.
Il y a, dans Les Bienheureux, quelques bons moments qu’il faut souligner. Ainsi, quand Brian interprète la chanson Smile, sur une musique de Charlie Chaplin, ou que l’on reprend en chantant les paroles d’une vidéo où l’on entend un illuminé s’extasier devant un arc-en-ciel. Tous ces vidéoclips projetés sur les 11 écrans sont bien trouvés : de la jeune noire avec un top ultra sexy, jusqu’à la petite boulotte qui hurle à chaque fois qu’elle rate sa note. Ces clips servent parfois même d’accompagnement musical, comme celui de cet inénarrable chanteur de charme d’une autre époque, qui revient en leitmotiv appuyer la thématique de cette pièce où tout doit bien aller, peu importe les malheurs où les souffrances.
Rien de neuf, donc, dans ce regard posé sur les groupes de discussions, de thérapie ou de motivation, sinon que les nouveaux mentors nous viennent des réseaux sociaux, les motivateurs se servent des réseaux en ligne pour diffuser leur bonne parole, en moins de 140 caractères, ou dans des clips, en espérant cumuler le plus de clics possible.
Les Bienheureux
Texte d’Olivier Sylvestre et les interprètes. Mise en scène de Michelle Parent. Une production de Pirata Théâtre. Aux Écuries jusqu’au 23 janvier 2016.